lundi 4 avril 2022

L'ISC, l'école maudite






 

De m’être trouvée, mêlée, à un des premiers cercles du pouvoir sous la dictature, en raison de ce que je crois être ma compétence, mon savoir-faire pédagogique et communicationnel, un peu par hasard, beaucoup par manque de discernement, a totalement renversé ma vie, professionnellement et personnellement. 

 

Un ancien ami m’a même accusée - à tort - d’avoir prêté allégeance au pouvoir d’alors, moi qui n’ai jamais été encartée, qui viens d’une génération qui avait un rejet complet des partis au pouvoir, qui avait un rejet de Bourguiba, des destouriens, tous de la génération de nos grands-parents, bien plus que de celle de nos parents. ( Nous avions 20 ans et Bourguiba était sénile, nous étions totalement critiques, de sa politique, de la dictature, de ses baignades et de l’absence de dynamisme. Plus âgés, on regardera les choses avec plus de recul : une sorte de vue d’ensemble où le comparatif sera déterminant.)

 

2007. Envoyée par mon Ministère de tutelle à l’ISC. École sortie des décombres d’un terrain vague. Pensée en juin, opérationnelle fin août. Pour moi, c’était un système pédagogique que je connaissais, un changement, la femme d’un leader palestinien. Même si j’étais peu enthousiaste et que sur place, au vu des atermoiements, j’ai proposé mon aide pour ensuite vite reprendre mon poste habituel, ce qui ne se fit pas.

 

Je quittai en 2015. Un contrat non-renouvelé sans préavis. Sur les douze enseignants relevant du MEN, j’étais la seule. Alors même que le Ministère demandait à ce que nous soyons gardés.

 

-       Elle ne veut plus travailler, ont-ils prétendu.

 

Confidence, que j’ai dû faire à une amie fraîchement débarquée, un jour de fatigue. Je ne sus que tard, que l’ambition chez certains leur fait tout oublier. Pourtant, je la voyais, au dehors, venir chercher un appui, chez le proviseur, afin qu’elle l’introduise. Et pas qu’une fois. Encore un manque de discernement de ma part.


Je hais la malhonnêteté, le manque de droiture et la corruption. Et en intellectuelle pure, source de souffrance par ailleurs, parce que je vis ce que je pense, et je pense ce que je vis, je combats sans hésiter.

 

Me voilà, de nouveau, dans l’obligation, de poursuivre en justice un établissement qui a échappé à tout contrôle, depuis ladite révolution de 2011. Un des biens saisis des Ben Ali-Trabelsi.


Envisageant une préretraite, formant le vœu de vivre à proximité de mes enfants, tous en Europe, je me trouve pénalisée en raison de près de 4 ans de cotisations CNSS, non payées par l’employeur : L’ISC, couvrant la période 2007-2015.

 

Pour ma part, le manquement incombe, en premier chef, au proviseur de l’époque et à la jeune femme qui s’est octroyée le titre de responsable en chef du personnel - rien que ça - elle, l’oreille et l’œil de la nièce de Leila Trabelsi alors gérante.


Ce personnel, toujours en place, qui n’avait alors aucune expérience professionnelle mais des aptitudes à l’observation par le trou de la serrure et aux fidèles comptes-rendus : les hommes de main

Étonnant par ailleurs qu’ils soient toujours là. 

 

Évidemment, les années d’oubli – un an ou un peu plus - de cette institution ont beaucoup aidé à ce qu’ils s’y fixent et introduisent les leurs.

 

Cette école a échappé à tout contrôle, échappe encore à tout contrôle, en toute impunité. Mon dossier complet, les cotisations non payées à ce jour ( 13 trimestres ), mes contrats, sont entre les mains de cette administration et ce, malgré, mon avocat, un huissier diligenté, les appels de mon Ministère et des deux caisses nationales : CNRPS et CNSS.

 

Détention de documents personnels !


 

La dictature est laide, est injuste, est sale, est truffée de corrompus et de véreux. Les sept ans d’exercice dans cet établissement ont été douloureux psychologiquement : pression, stress, peurs diffuses et diverses de la musculature et des dents grinçantes d’un personnel fliqué, incompétent - à l’exception de bon nombre de collègues dignes et travailleurs – espion, malintentionné, magouilleur … Et un tempérament en acier : le mien.


La note heureuse était l'apprenant, surtout ceux qui étaient dans l'égarement et l'ignorance totale du beau, de l'intelligent, du sensible et que nous avions sauvés. Des amis, aujourd'hui, nombreux.


Je me souviens de l'homophobie de cette école, à l'égard des adultes et des jeunes qui leur déplaisaient ... de l'aversion que certains responsables administratifs avaient à l'encontre des handicapés et des élèves TSA, admis pour les frais de scolarité, toujours grossissants.


De Thierry Curcio, le pendu de l'ISC.


De la maltraitante psychologique de certains employés qui n'osaient pas se défendre ou des enseignants qui se taisaient parce qu'ils y avaient inscrit leurs enfants.


Je souviens des apprenants proches des familles au pouvoir qu'ils caressaient avant 2011, dont ils transportaient sacs à dos et nourriture, devenus des parias dès après ladite révolution, des enfants !


Je me souviens encore d’une collègue démoniaque, donc répondant aux attentes, devenue administrateur, m’informant la veille au soir, de l’intervention, le lendemain, d’une inspectrice dans mon cours. Je n’en avais cure : je faisais mes cours les yeux fermés.

Ma surprise le lendemain : une dame âgée, professeur de math anciennement ( ? ), utilisée en inspectrice. Elle, avait sa manucure-pédicure payées trois fois rien ici, et eux, affichant du " personnel français chevronné "( ? ). 

Je fermai, aussitôt, mon agenda, fermement, et mis un terme à "l’entretien" dans un geste de refus catégorique du Grand N’importe Quoi. On ne me marche pas sur les pieds. Non. 

 

J’annonce de nouveau un retour aux Prudhommes, aux instances à pouvoir décisionnaire. La première des priorités : mon dossier et les cotisations manquantes.

D’autres suivront. 

Mais surtout l’impunité, toujours d’actualité, dont profite encore cet établissement, sans qu’on en sache la source.

 

La Marsa, le 4 avril 2022.



Sale, bête et méchant.

 

 

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