mercredi 8 décembre 2021

So et Zak, les philosophes de la Fraisette

 







-       Allo Zak, viens dès que tu le pourras, c’est fort urgent.

-       Rien de grave au moins ?

-       On verra. Il faut poser un diagnostic.

 

14h, par temps assez doux. La belle-sœur amie arriva. Les maisons d’hiver ou d’été avaient toujours été voisines.

 

-       Prenons notre 14h, tu veux bien.

-     Non, c’est sérieux. Viens. Regarde, dit So, sont-ce les normes familiales ? Je suis assez préoccupée. Tu comprends ?

-       Mais c’est trop tôt. Il faudra suivre la chose, son évolution.

-       Avoue, quand même, que cette fraisette-là est assez minuscule.

-       Écoute, nos connaissances en la matière ne sont pas très étendues.

-       Ce ne sont pas les normes des aînés.

-      Je ne m’en rappelle plus. 

 

L’enfant était allongé sur le grand lit de So, couche ouverte. Il jouait avec ses orteils et s’amusait à les ramener à sa bouche, ce qui déplaisait fort à sa jeune mamie : la fraisette paraissait davantage petite sous le poids des petites jambes bien potelées.

 

-       C’est important pour plus tard, dit So, solennellement.

 

Toutes les deux, penchées sur l’enfant agité, inspectaient son bas-ventre dans tous les sens : de face, de profil. Elles le mirent debout sur le lit pour se prononcer sur le point de chute, la pendaison de la chose.

 

-       Ça ne pendouille même pas.

-       Pourquoi ça pendouillerait à moins de deux ans ?

-       Parce que ça le doit.

-       Te voilà spécialiste des fraisettes bébé, longueur et grosseur, non !

 

Voyons son air très sérieux, elle renonça à l’humour.

 

-       Tu pourrais tous les matins la lui étirer.

-       Je le fais déjà depuis quelque temps.

-       Écoute, rhabille-le, mets-le au lit et allons au salon prendre notre 14h.

 

So s’exécuta. Le 14h était la cigarette qu’elles crapotaient tous les jours après le déjeuner en papotant. Ce jour-là, la question cruciale fut les dimensions de la fraisette du petit.

 

-       Je lui ferai des étirements à chaque lange.

-       Veille à ne pas la lui arracher So, dit Zak, pour détendre l'atmosphère.

 

 

Deux méditerranéennes, deux belles-sœurs, deux amies, filles de vieux notables, femmes d’hommes forts, focalisées sur la petite d’un bébé de moins de deux ans. Après avoir regardé, palpé, étiré … soucieuses – du moins assez fort So – du milli-métrage actif plus tard, laborieux préférentiellement et fécond – ou pas d’ailleurs, mais la question ne se posait même pas – d’un presque nouveau-né.

 

Entre volutes de fumée, soucis, solutions envisagées, zézette à étirer au quotidien, So et Zak envisageaient l’avenir sexuel et enfanteur de leur progéniture de deux ans en crapotant sur des More, longues cigarettes de couleur marron, très en vogue à l’époque. 

 

Parce qu’il fallait être moderne.

Parce qu’il fallait fixer les priorités de vie.

Parce qu’une zézette change de nom à la maturité, qu’elle accède au statut supérieur … allez savoir lequel … et que ces considérations existentielles relevaient de leurs connaissances générales.

 

-       Nous nous en occuperons Zak.

-       Évidemment So.

 







 

 

 

 

 

 

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