- Allo Zak, viens dès que tu le pourras, c’est fort urgent.
- Rien de grave au moins ?
- On verra. Il faut poser un diagnostic.
14h, par temps assez doux. La belle-sœur amie arriva. Les maisons d’hiver ou d’été avaient toujours été voisines.
- Prenons notre 14h, tu veux bien.
- Non, c’est sérieux. Viens. Regarde, dit So, sont-ce les normes familiales ? Je suis assez préoccupée. Tu comprends ?
- Mais c’est trop tôt. Il faudra suivre la chose, son évolution.
- Avoue, quand même, que cette fraisette-là est assez minuscule.
- Écoute, nos connaissances en la matière ne sont pas très étendues.
- Ce ne sont pas les normes des aînés.
- Je ne m’en rappelle plus.
L’enfant était allongé sur le grand lit de So, couche ouverte. Il jouait avec ses orteils et s’amusait à les ramener à sa bouche, ce qui déplaisait fort à sa jeune mamie : la fraisette paraissait davantage petite sous le poids des petites jambes bien potelées.
- C’est important pour plus tard, dit So, solennellement.
Toutes les deux, penchées sur l’enfant agité, inspectaient son bas-ventre dans tous les sens : de face, de profil. Elles le mirent debout sur le lit pour se prononcer sur le point de chute, la pendaison de la chose.
- Ça ne pendouille même pas.
- Pourquoi ça pendouillerait à moins de deux ans ?
- Parce que ça le doit.
- Te voilà spécialiste des fraisettes bébé, longueur et grosseur, non !
Voyons son air très sérieux, elle renonça à l’humour.
- Tu pourrais tous les matins la lui étirer.
- Je le fais déjà depuis quelque temps.
- Écoute, rhabille-le, mets-le au lit et allons au salon prendre notre 14h.
So s’exécuta. Le 14h était la cigarette qu’elles crapotaient tous les jours après le déjeuner en papotant. Ce jour-là, la question cruciale fut les dimensions de la fraisette du petit.
- Je lui ferai des étirements à chaque lange.
- Veille à ne pas la lui arracher So, dit Zak, pour détendre l'atmosphère.
Deux méditerranéennes, deux belles-sœurs, deux amies, filles de vieux notables, femmes d’hommes forts, focalisées sur la petite d’un bébé de moins de deux ans. Après avoir regardé, palpé, étiré … soucieuses – du moins assez fort So – du milli-métrage actif plus tard, laborieux préférentiellement et fécond – ou pas d’ailleurs, mais la question ne se posait même pas – d’un presque nouveau-né.
Entre volutes de fumée, soucis, solutions envisagées, zézette à étirer au quotidien, So et Zak envisageaient l’avenir sexuel et enfanteur de leur progéniture de deux ans en crapotant sur des More, longues cigarettes de couleur marron, très en vogue à l’époque.
Parce qu’il fallait être moderne.
Parce qu’il fallait fixer les priorités de vie.
Parce qu’une zézette change de nom à la maturité, qu’elle accède au statut supérieur … allez savoir lequel … et que ces considérations existentielles relevaient de leurs connaissances générales.
- Nous nous en occuperons Zak.
- Évidemment So.
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