V.
Eva a toujours été au centre de tout, de par ses particularités. Elle écoutait cet homme parler et dire. Les mots à ce moment-là n'importaient pas mais leur flux garantissait une permanence. Ce n'est plus l'Eva tracée, elle est passée maître dans l'art de la transfiguration et le mot n'est pas d'elle. Eva la chercheuse de Sens. Et de sens, cet étrange Monsieur était empli.
Conversation légère, allées et venues, personnel affairé, une solitaire en délire sous Bacchus et toujours cet éternel désir d'apporter des réponses à la vie.
La nouvelle Eva s'emplissait, à sa gauche, de ce Monsieur atypique. Il haïssait les restaurants, la frivolité des lieux mondains et, à un moment, elle le vit courroucé des éclats d'une tablée non loin d'eux. Eva suivait sans laisser en paraître une, elle souriait, riait et échangeait de petites phrases légères, absolument rien de consistant. Ce n'était pas cela qui l'intéressait mais elle était rompue à l'art d'accorder les sons différents et c'est surtout une mondaine par nécessité.
Elle savait cet étrange personnage plus riche et autre et cette altérité était précisément ce qui l'occupait.
Eva se tournait quelquefois vers lui quand elle arrivait à se défaire de la dame à Bacchus. Cet homme était là dans un univers méprisé par lui mais il y restait et elle le voyait dans ses relations consenties aux autres toujours dans une courtoisie égale. Quelquefois son bras le frôlait et elle avait alors l'étrange impression d'avoir à ses côtés un être important. Important de vie, important dans sa vie. Et Eva avait déjà connu cette peur naissante et insidieuse.
Des gens et des gens, des odeurs et de la fumée, des dames toilettées pour reprendre une expression de la grand-mère d'Eva, des salutations et des effusions. Elle évoluait dans un monde sien, les soirs de sortie, connaissait le tout-pays de part la famille, les proches et les amis. Eva était une mondaine de circonstance, de toutes les circonstances en réalité mais une mondaine rieuse et surtout réflexive en filigrane ou plutôt essentiellement. Toute la soirée, elle sentait son voisin de table et c'était déjà bien plus que cela. Une force forte de mots et de cohérence, d'incohérences aussi quelquefois ou alors de ce qui le faisait lui. Elle le sentait bien plus qu'elle ne le connaissait et savait déjà que la fortuité de cette rencontre aurait du pesant.
Le dîner s'acheva, ils prirent congé, l'air était bon, loin de la fumée piquante et du bruissement utile à la continuité de l'existence. Un bras au-dessous du sien, Eva se laissa emportée vers une promenade nocturne. Des mots et des silences, des peurs et de l'assurance, des échanges tacites d'impressions. Cet homme qu'elle connaissait peu au final était de la trempe des siens lointains, force tranquille et naturelle continuité. Elle contenait son affection qui montait par flux par pudeur mais aussi par inquiétude. Eva se savait trop aimante et surtout aimante monothéiste et ce passage-là était grave. Elle fonctionnait au quotidien à la proximité humaine avec tous ou presque et si ce soir-là, il advint que, ce serait d'elle-même qu'il s'agirait, elle se savait déjà emplie d'une richesse sans borne, tendrement tendre ou même au-delà de celà. Sauf et, sans pouvoir aucun, la borne de la fin. Mais elle n'y pensait pas à ce moment-là, c'était surtout un instant de naissance.
Ce Monsieur savait, comprenait, peut-être mesurait le temps et le suivait. Il avait la force de laisser transparaître et en même temps de garder l'essentiel. Un moment magique et de pulsations sonores ou presque. Son cœur battait, cet homme était précieux et elle le voulait déjà mais c'était omettre sa pesanteur à elle à son tour. Quelques mots car à trente ans ou à quarante ans, on n'est plus crédules et que cela semble d'une intensité différente.
Elle descendit de voiture, l'enlaça rapidement pour endiguer un quelque chose de puissant et s'en alla vite vers son silencieux chez elle, la main levée en signe décidé de fermer la porte aux idées retournantes.
Elle irait vers lui, dans le même silence, la même énergie pesée pour d'autres balades nocturnes toutes empreintes d'émotions. Elle l'attendait sans peur mais avait peur de l'aimer. C'était Eva en même temps.
Eva a toujours été au centre de tout, de par ses particularités. Elle écoutait cet homme parler et dire. Les mots à ce moment-là n'importaient pas mais leur flux garantissait une permanence. Ce n'est plus l'Eva tracée, elle est passée maître dans l'art de la transfiguration et le mot n'est pas d'elle. Eva la chercheuse de Sens. Et de sens, cet étrange Monsieur était empli.
Conversation légère, allées et venues, personnel affairé, une solitaire en délire sous Bacchus et toujours cet éternel désir d'apporter des réponses à la vie.
La nouvelle Eva s'emplissait, à sa gauche, de ce Monsieur atypique. Il haïssait les restaurants, la frivolité des lieux mondains et, à un moment, elle le vit courroucé des éclats d'une tablée non loin d'eux. Eva suivait sans laisser en paraître une, elle souriait, riait et échangeait de petites phrases légères, absolument rien de consistant. Ce n'était pas cela qui l'intéressait mais elle était rompue à l'art d'accorder les sons différents et c'est surtout une mondaine par nécessité.
Elle savait cet étrange personnage plus riche et autre et cette altérité était précisément ce qui l'occupait.
Eva se tournait quelquefois vers lui quand elle arrivait à se défaire de la dame à Bacchus. Cet homme était là dans un univers méprisé par lui mais il y restait et elle le voyait dans ses relations consenties aux autres toujours dans une courtoisie égale. Quelquefois son bras le frôlait et elle avait alors l'étrange impression d'avoir à ses côtés un être important. Important de vie, important dans sa vie. Et Eva avait déjà connu cette peur naissante et insidieuse.
Des gens et des gens, des odeurs et de la fumée, des dames toilettées pour reprendre une expression de la grand-mère d'Eva, des salutations et des effusions. Elle évoluait dans un monde sien, les soirs de sortie, connaissait le tout-pays de part la famille, les proches et les amis. Eva était une mondaine de circonstance, de toutes les circonstances en réalité mais une mondaine rieuse et surtout réflexive en filigrane ou plutôt essentiellement. Toute la soirée, elle sentait son voisin de table et c'était déjà bien plus que cela. Une force forte de mots et de cohérence, d'incohérences aussi quelquefois ou alors de ce qui le faisait lui. Elle le sentait bien plus qu'elle ne le connaissait et savait déjà que la fortuité de cette rencontre aurait du pesant.
Le dîner s'acheva, ils prirent congé, l'air était bon, loin de la fumée piquante et du bruissement utile à la continuité de l'existence. Un bras au-dessous du sien, Eva se laissa emportée vers une promenade nocturne. Des mots et des silences, des peurs et de l'assurance, des échanges tacites d'impressions. Cet homme qu'elle connaissait peu au final était de la trempe des siens lointains, force tranquille et naturelle continuité. Elle contenait son affection qui montait par flux par pudeur mais aussi par inquiétude. Eva se savait trop aimante et surtout aimante monothéiste et ce passage-là était grave. Elle fonctionnait au quotidien à la proximité humaine avec tous ou presque et si ce soir-là, il advint que, ce serait d'elle-même qu'il s'agirait, elle se savait déjà emplie d'une richesse sans borne, tendrement tendre ou même au-delà de celà. Sauf et, sans pouvoir aucun, la borne de la fin. Mais elle n'y pensait pas à ce moment-là, c'était surtout un instant de naissance.
Ce Monsieur savait, comprenait, peut-être mesurait le temps et le suivait. Il avait la force de laisser transparaître et en même temps de garder l'essentiel. Un moment magique et de pulsations sonores ou presque. Son cœur battait, cet homme était précieux et elle le voulait déjà mais c'était omettre sa pesanteur à elle à son tour. Quelques mots car à trente ans ou à quarante ans, on n'est plus crédules et que cela semble d'une intensité différente.
Elle descendit de voiture, l'enlaça rapidement pour endiguer un quelque chose de puissant et s'en alla vite vers son silencieux chez elle, la main levée en signe décidé de fermer la porte aux idées retournantes.
Elle irait vers lui, dans le même silence, la même énergie pesée pour d'autres balades nocturnes toutes empreintes d'émotions. Elle l'attendait sans peur mais avait peur de l'aimer. C'était Eva en même temps.
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