jeudi 15 juin 2023

Réjeb Zeramdini ou la peinture fondatrice

 

Serait-il le peintre des femmes premières ? Agar, Marie ou Khadija ?












Serait-il le peintre de la mère, des sœurs, du redoutable clan féminin, de la femme fondatrice et unificatrice ?

 

Porterait-il en lui, ad vitam aeternam, ces petits bruits, ce dynamisme efficace, ces bruissements d’étoffes, cette chaleur du foyer nourricier, à toute heure, menée rondement par des femmes généreuses de leur temps et de leur vie ? 

 

Son regard, sa mémoire, son imaginaire, ses désirs profonds, rendraient-ils sur les toiles vierges - en attente de rencontres prometteuses - des scènes de vie vécues, rêvées, espérées ou définitivement relevant du passé ? 

 

Qu’est-ce que cet univers féminin ? Qui sont ces femmes aux cheveux d’ébène obscur ? Leur force réside-t-elle dans leur pluralité ? Dans leur vivre-ensemble ? Leur proximité ?

 

Difficile pour une adepte de la solitude inconditionnelle, propre au travail de scribe, de tout saisir. La forge de ce Monsieur aux doigts de couleurs enduits est-elle investie de femmes ? Sa mémoire, ses images mentales, ses souvenirs, son être profond ?

 

Que veut signifier le peintre Réjeb Zeramdini ? Veut-il signifier ? Raviver ? Tracer ? Ou laisser couler sa sensibilité ? 

 

Je n’aime pas interroger la vie privée devant le travail artistique, la biographie, encore moins l’autobiographie. Je privilégie la lecture spontanée, fouillée, celle qui interroge, matériaux, couleurs, perspectives et mouvances des corps. Celle qui décode, encode et décode de nouveau. 

 












Je sais que Réjeb Zeramdini est un être de peu de mots, mais de beaucoup d’images ondulantes, tracées à la pudeur. Je sais de lui qu’il parle avec la matière malaxée, détendue, enrichie, travaillée, saisie et jetée sur la toile. La matière couleurs. Je sais de l’homme qu’il est poly-instrumentiste, que ses doigts parlent pour lui. 

Pudeur, réserve et signifiances multiples.

 

Oui, certains parlent avec le silence via l’éclat des couleurs et la résonnance des notes agissantes et porteuses. Et leur dire est grandiose.

 

Mais je reste sur ma faim en herméneute de l’image, devant ces femmes penchées, en mouvement, jamais rigides, ces femmes sans hommes ou aux hommes dehors, en lutte et, en butte, à mains nues avec la vie. 

 

De la peinture de Réjeb Zeramdini s’exhale de la tendresse, une force muette et beaucoup de générosité naturelle. Des dons de temps, à moins que sa notion soit autre. 


J’ai, en vérité, du mal à lire cet univers qui me résiste. Ses codes m’échappent. La sobriété y est, la simplicité aussi, mais les couleurs, multiples, riches, chaudes ; les cheveux épars malgré les fichus dompteurs – et non point castrateurs – sautent aux yeux du dilettante ou du rompu à la Chose plastique, à l’Oeuvre et, sollicitent son regard. 

 

Ces femmes colorées, à la peau diaphane, aux lèvres rouge vermeil, ces femmes parées de pierres fines et discrètes contredisent l’ostentation. Si elles semblent donatrices, elles sont aussi preneuses de vie heureuse et leurs gemmes au cou sont autant d’invites au bonheur pudique. 







Il y a du Klimt dans le travail artistique de R. Zeramdini, dans la proximité des personnages ou des personnes, le tissage d’ensemble, les postures et l’affect général qui s’en dégage. 

 

De ces créatures féminines soudées, dans leur proximité, leurs activités, leur élégance et leur coquetterie discrète se dégage un humanisme sans nom, sans étiquette culturelle ni catalogue identitaire. 


Elles sont d’ici, d’ailleurs, dans une culture de l’humanité première et libre, avec pour seule idéologie, l’authenticité. 

Qu’elles soient Agar, Marie ou Khadija. 

 

Une humilité existentielle qui interroge, arrête et répare.

 

Réjeb Zeramdini, un plasticien vrai, à suivre et à décrypter. 





















Contact de l'artiste :
Zeramdinirjeb095@gmail.com




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