A vingt ans, mon travail me porta à coopérer avec des personnes plus âgées et bien que je fusse le boss, je subis quelquefois le snobisme et la suffisance des séniors. En réalité, ils tâtaient le terrain et pour peu que vous soyez trop polis ou que vous baissiez la garde, on tente de vous engloutir et de vous enfermer dans votre courtoisie qui, en réalité, n'a pas lieu d'être dans ce genre de contexte ; ou vite fait et très ponctuellement. Le professionnalisme doit toujours avoir le dessus.
- Évidemment, votre jeunesse vous fait croire que les démarches ne sont pas si longues que cela et qu'elles ne devraient pas être décourageantes.
- Il n'y a pas d'âge dans notre travail, mais de la compétence et de la détermination, répondis-je, en fixant ma collaboratrice avec un sourire froid.
A trente ans et dans un contexte d'austérité économique, plus d'une fois, je fus sur le point de jeter l'éponge. Certains de mes collègues surent m'apprendre à être patient, à compter les jours de rendement sérieux et à prévoir un budget déficit pour les jours improductifs. A tirer satisfaction des retours positifs de nos collaborateurs et de notre carnet d'adresse bien étoffé. Évidemment, ils y gagnaient, mais beaucoup souhaitaient nous voir grandir et, ce même, dans le vent. Et je leur en sais gré, encore aujourd'hui.
Et puis, Sonia vint nous rejoindre. Elle répondait à nos critères, faisait valoir un CV fort intéressant et un profil rigoureux. A l'écoute, disponible, travailleuse, elle avait le don de mettre son grain de sel en relevant un aspect non considéré ou en ajoutant une idée porteuse. C'était la plus-value de l'équipe. Très vite, elle devint indispensable et fut introduite à l'unanimité au comité de pilotage de la boîte.
Ce que j'appréciai en elle, c'était son respect religieux du travail, son faire méticuleux et ses démarches limpides. Sonia était claire, directe et sans détours.
Nous nous mariâmes et l'entreprise se scinda en deux afin de ne pas faillir à nos personnes profondes. Deux départements, deux gestionnaires et des passerelles évidemment, dans le bilan global et les propositions de démarches innovantes, de partenaires potentiels et de domaines enrichissants.
Et une infinité de portes dérobées nous apparurent dans toute leur petite splendeur, empruntées par des aigris ou des opportunistes ou des agitateurs criards ou des aimables douteux ou encore des lèche-bottes ... qui valsaient des deux côtés.
Une panoplie de personnages dont l'objectif fondamental est de grandir par tous les moyens et d'arriver n'importe où, mais d'arriver. Afin de colmater des brèches d'un égo profond en peine. Détestable faune qui définit le mot travail selon ses retombées sur sa petite personne.
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