Carthage, mars 22,
Cabinet de Coaching psychologique et PNL.
- Entre dire la vérité et mentir, je dirai la vérité, dussé-je m’expatrier de tout ce qui m’est chère ou de tout ce qui me constitue ou de tous ceux qui se trouvent naturellement sur ma route. La vérité que beaucoup préfèrent garder cachée, ou faire taire, ou édulcorer.
Il arrive que certains faits, certaines situations liées à l’existence, liées à la mort, font écrouler les douleurs comme un château de cartes. J’aime ma sœur, parce que c’est elle. Parce que je connais ses tréfonds, sa pathologie, ses naufrages réguliers, ses pertes de repères, son absence totale de liberté. Elle m’a toujours fait de la peine et j’ai toujours contribué au rangement de ses égarements.
L’enfance est à la source de tout. L’inconscience. L’absence de moyens spirituels et intellectuels. Ma sœur est traquée depuis bien trop longtemps pour que ce chaos se tasse définitivement.
Je comprends les égarements, je les vois, des enchevêtrements inextricables. Ce que je ne tolère d’aucune manière, c’est de vouloir déposséder l’autre, de ce que l’on croit à la base de son savoir-être.
Nous sommes liées par le sang. Que le tien bouille, batte fort pour ce qui est à moi, est une ligne explosive. Il y a névrose et psychose, deux paliers. La compréhension est à terre. On a beau être muni d’une longue vue, il y a des avalanches que l’on n’imagine pas venir. Les liens de sang sont complexes, vous le savez. Mais il y a des limites morales. Sacrilège que de s’y aventurer.
- Et ?
- Je sais que vous voulez du croustillant.
- Non, je veux du concret afin que je puisse ranger comme vous.
- Il n’y a rien à ranger. Il y a un écouter et c’est déjà beaucoup. Peut-être que ça finira par calmer choc et douleurs.
- Rancune ?
- Non, pas spécialement. Mais incompréhension, oui.
- Vous vous prenez trop comme une référence.
- Peut-être.
- Vous êtes trop exigeante avec vous-même et avec les autres.
- Peut-être.
- Vous parliez de névrose et de psychose, il y a un instant. Vous parliez de moyens spirituels et intellectuels. Vous avez tout dit.
- Non. Il y a le cœur aussi. Les liens intimes, le sang.
- Le sang sans esprit est un fluide libre.
- Oui, vous dites vrai. Mais c’est dur à admettre.
- Êtes-vous moins lacérée ? Vous parliez de vie et de mort.
- Je ne sais pas, je ne crois pas. Mais mon sang bat, mes yeux pleurent, mon intérieur est mis à mal. Mais j’ai rangé au placard mon implacable conscience. L’heure semble grave. Et j’espère que non. Les êtres que nous aimons - dans tous les cas - sont essentiels à notre parcours existentiel.
- Cultivez un peu de froideur. Cela protège.
Elles se regardèrent longuement.
Fin de l’entretien.
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