Contrairement à sa demi-sœur, elle eut peu de chance. Elle monta une fois sur le toit de chez sa belle-mère pour aller à la rencontre de celui qu’elle aimait. Un beau ténébreux. Cela faisait un moment qu’ils se regardaient, qu’ils s’envoyaient des missives, qu’ils se cherchaient. Une montée sur le toit qui allait sceller sa vie. Et puis la lettre égarée ou interceptée ou envolée …
« Amour chéri, je t’aime pour tout ce que tu es. Je partirai avec toi. Loin d’ici. Prépare tout et retrouvons-nous. Je suis à toi et tu es à moi. Je les déteste tous, la sorcière en premier. »
Rapidement, elle verra que leurs conceptions de l’amour étaient différentes. Lui voulait s’essayait au corps, elle rêvait d’amour éternel et de tragique.
Quand sa mère lui ordonna d’abandonner à son sort la « fille des toits », il disparut ipso facto.
Elle fut mariée rapidement à un homme sage, venu de loin qui voulait s’installer dans le pays. Un homme laid, bien plus âgé qu’elle et qui n’avait pas un iota d’appétence esthétique. Un silencieux.
Elle le quittera à cinquante ans à la mort de son géniteur pour un mariage d’amour inratable - où elle aura beaucoup à donner … - qui ne dura que deux ans : son mari fut foudroyé par un cancer dévastateur.
L’étranger-mari-du-silence-mortel était une idée de la belle-mère désireuse de s’en débarrasser. C’était l’époque des belles-mères des contes de fées, manipulatrices et sorcières.
Qu’advint-il de l’amoureux des toits ? L’histoire marginale lui réservera-t-elle quelques pages de son parchemin ? Certainement pas à ce fils à sa mère, béni des matriarches aux postérieurs plus ronds que le baluchon le plus rempli.
Il se maria avec une jeune fille tranquille qu’il trompa rapidement et passa sa vie de béni-oui-oui à mentir pour faire bonne figure.
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