lundi 31 mai 2021

Je me suis pris la jambe dans un rocher

 





 

 I. 


Ma chienne a une boule au sein. Je viens de la voir. Évidemment, nous ferons le nécessaire mais je suis triste. Elle n’a pas connu l’amour ni les joies de la maternité : je voulais la préserver. Elle a dix ans, est vigoureuse, très mignonne. Ses yeux sont une porte de tendresse, d’intelligence et de fidélité. Nous communiquons tous les jours : pause biscuit le matin après le nettoyage de son espace de vie. Grand chien, elle vit dehors dans son appartement, ainsi appelons-nous sa niche, tendrement. Les chiens à l’intérieur, ce n’est pas pour moi pour plusieurs raisons et la première est le poil. Mais cet enfant mienne, nôtre, a droit à tous les égards. Et même en période de stress quand elle multiplie les dégâts, j’arrive à ne pas trop lui en vouloir. Elle a grandi ici, a descendu sa première marche ici, a poussé son premier aboiement ici, a fait pipi au beau milieu de mon bureau. Fidèle, reconnaissante, joueuse, elle fit une adolescence difficile et à ce jour demeure in-sociabilisée.

Nous l’aimons. C’est simple. Et si elle venait à souffrir, je ne sais comment j’agirais. Grande tristesse.



 II.


Je me suis pris la jambe dans un rocher. Ils sont là depuis 1982, je crois. Les maisons front de mer subissaient d’énormes dégâts et les décideurs de l’époque avaient mis plusieurs années à tapisser la côte d’énormes rochers. Nous étions très jeunes et horrifiés par le boucan que cela faisait de voir en bord de mer, dans notre fief, autant de gros camions, de manutentionnaires, de pierres géantes. Plusieurs de nos étés en avaient été gâchés. Et nous migrâmes vers d’autres côtes. Nous : les familles. Ce qui nous avait séparés quelque temps.








III.

 

30.5, 12h.

 

- Allez, on y va. Montre-moi tes prouesses de grosse nageuse de Kh-Mer comme l’a rappelé ton frangin ce matin.

- Non, cette mer, je ne veux plus y aller. C’est désert, je ne m’y sens plus en sécurité. Avant, chaque famille avait sa crique.

- Mais arrête Mam’s, on y va. Tu deviens parano et nostalgique. Basta !

- Non, c’est une réalité. Si on nous embête, je vais encore être hors de moi.

- Mam's, tu verras, tu ne voudras plus sortir de l’eau. Allez un petit moment de complicité marine.

 

Nous partîmes et je n’ai plus voulu quitter l’eau. La mer était immaculée, pleine, limpide, sincère. Quelques nageurs au loin. Un solitaire mais qui ne regardait pas dans notre direction. Évidemment, j’ai sécurisé de mon regard tout le périmètre. Nous étions à 10 mètres de chez nous, un coin intime mais défloré ; dans l’ordre des choses tant que l’environnement est respecté et aimé. Et bien non. Presque jamais : plastique, canettes, débris de verre, crottes de chats mais eux participent au cycle de transformation permanent, je ne peux leur en vouloir. Je suis en compagnie d’une toute jeune femme, belle comme la mer où elle fut trempée à sept jours. Une jeune femme au corps sculptural, à la peau mouchetée de grains de beauté, une jeune déesse douce et sensible, tellement. Je l’ai faite à la force de mon être, de mes entrailles, de mon amour et de mon attente d’elle : la fille de Sobel.



Les doigts longs et effilés de cette jeune personne ont des terminaisons conceptrices, créatrices et artistiques étonnantes. Son regard sur les choses est très particulier : c’est comme si elle appréhendait les choses via un sas privé de couleurs, de formes et de signifiances. Ses sens sont intéressants pour moi, ils me permettent de mesurer ses conceptions de la mer, de l’animal, de la nature, de l’art, de l’humain.

 

-    Je n’aime pas le recours dans une relation d’amour à des gadgets. Un rôle est joué, ce n’est en rien naturel. Les femmes-hommes, je n’aime pas. C’est par rapport à l’authenticité, à la sincérité. Cela reste à mon niveau.

-     Maman, c’est honteux. C’est de l’amour.

-     Oui, nous sommes d’accord. Que chacun aime comme il l’entend. C’est le jeu de rôle, tu comprends ?

-     Non, je ne comprends pas.

-     D’accord. Mais je ne suis pas dans l’intolérance. J’exige juste la sincérité.

 

Et souvent, cela partait loin et immanquablement les réprimandes. Belle jeunesse. La fille de Sobel, un amour d’artiste et de personne : la petite aux doigts dorés.






 

 IV.

 

Un ami m’appela : 

 

- Bonne fête des mères, me dit-il. 

-  Merci l’Ami, c’est touchant.

 

Un ami-frère parce que c’est ainsi. Des amis-frères, quelques-uns, rares, autrement nous sommes sur un ring, agressivité voire violence. Je suis farouche et hypertendue. 

Il me faut de la rigueur, peu de mots, de la clarté et de la profondeur. Et puis, j’ai tellement à faire. Je me souviens d’une blague qu’un proche à mon époux lui fit, il y a quelques années. 

 

Deux amis qui se retrouvent après des décennies d’éloignement. Ils se mettent à se remémorer leur jeunesse, leurs frasques, leurs rires, leurs conquêtes …

 

-   Tu te souviens, on les suivait sur la plage sur toute la côte …

-    Mais pourquoi les suivait-on ? dit le moins frais d’esprit.

 

J’avais trente et quelque, je n’avais rien compris à la blague et pensai en mon for intérieur à sa lourdeur. Je ne savais pas que l’oubli existe, que l’âge peut tout fracasser sur son chemin, que les choses s’émoussent, que l’énergie du désir se transforme et que c’est le cycle de la vie de toute chose animée. Ce qui est très intéressant, c’est de pouvoir s’insuffler de vie quand on juge le moment opportun. Je ne suis pas juge.


- Tu as raté le couvent, me dit-il en riant, le jour même de son départ. 


Mon ami-frère parce que c’est ainsi est fin et tellement poli. Philosophiquement, nous n’avons points de croisements ni de parallèles : je conçois sa personne spirituelle mais je ne l’écoute pas. Mon deuil est fait depuis longtemps. 

 

- Pourquoi faut-il que ce soit ta manière de voir les choses ?

- Pour moi, ce sera toujours moi. Pour les autres, c’est selon ce qu’ils veulent. Ce n’est pas mon affaire. Pour mon autre moi, c’était moi mais aussi nous. Il n’y a plus de temps.

 

Philosophiquement, j’ai peu de tolérance, j’avoue. Se soumettre n’est pas dans mes gênes, pas dans mon parcours, certainement pas dans mes rêves ni, évidemment, dans mes projets. Je n’ai rien demandé. J’ai sûrement bien de la chance. Ou pas d’ailleurs, puisque je n’aurai rien su. Mais j’existe et en existant, je crée mon faisceau, j’embarque sur mon vaisseau et j’y laisse mes empreintes. C’est ainsi. L’océan peut tout effacer, il en restera de mon œuvre. C’est à ce prix que chacun de mes souffles compte aujourd’hui et que je m’attèle à y transcrire mon moi.

 

-   Bientôt la fête des pères, dis-je en souriant.




Les sourires s’entendent par-delà le mur invisible. Nous nous sommes tant aimés. Malgré tout.

samedi 29 mai 2021

Le pays de SA






J’ai des liens indéfectibles avec des amis virtuels, des personnes rares intellectuellement et qui constituent le fleuron de la pensée d’ici et d’ailleurs. Des engagés politiquement, philosophiquement, associativement, culturellement, artistiquement … 

( Reste à consigner leur apport pour la mémoire collective.)

 

Et puis, les amis existentiels comme je les appelle, proches de toujours avec lesquels j’ai pas mal d’affinités, que j’écoute avec attention et curiosité, qui m’apprennent bien des choses et avec lesquels j’échange au gré des occasions.

 

Ces amis-là, libres, dénués de préjugés, respectueux de la différence, tolérants, qui portent le fardeau d’un pays - à la nature et au paysage superbes, un pays en amont d’un continent, dressé en Méditerranée encore plus vaillamment que la statue de la liberté – qui recule dans tous les domaines et d’abord dans celui de l’apprentissage, de la chose savante et culturelle, dans la mentalité, la perception des choses. Un pays qui n’institutionnalise pas encore l’esprit critique, le respect des autres comme bases d’appréhension de tout.

 

Il y a un moment où on éprouve le besoin de s’éloigner, de prendre l’air mais aussi – surtout, je dirais - d’axer sur les livres, la connaissance pure afin de se ressourcer et de se reprendre. Quand on est vidé ou quand les amis riches se font rares ou quand l’espoir d’être agissant se liquéfie ou quand on voit partir des personnes précieuses qui ont mis leur vie au service de la pensée libre et de la libre-pensée ou, pire, quand on se trouve nez à nez et, malgré nous, obligé de « coopérer » avec la médiocrité et le degré zéro du savoir et du savoir-faire.

 

Un responsable me dit un jour : « C’est ce que nous avons pour l’heure. »

Le lendemain, je pliai bagage. C’était urgent pour mon bien-être spirituel : je n’ai jamais su donner le change ni faire semblant.

 

Feue Saloua Ayachi était une amie existentielle. Pourtant, ma véritable amie était sa jeune sœur, à l’université. Nous nous étions, vite fait, liées d’amitié au vu de nos nombreux points communs tant sur le plan familial que personnel. HA était - est - discrète, réservée, rougissante, extrêmement correcte et assez vieux pays. 


Je connus feue Saloua Ayachi dans le cadre des travaux de préparation des épreuves nationales – le baccalauréat en l’occurrence. Elle était professeur depuis un moment déjà et j’étais dans ma fougue professionnelle des premières années. J’eus une altercation avec une responsable qui crut que je tirais une gloire du choix de mon travail. Je ripostai violemment et fortement. Saloua Ayachi qui ne me connaissait pas alors s’interposa et me glissa à l’oreille un « laissez tomber … ». 

Son élégance naturelle, sa simplicité, sa douceur, sa courtoisie me firent « lâcher l’affaire ».


Ce fut le début d’une amitié de sourires, d’échanges, de débats, de parité homme-femme : notre cheval de bataille, de livres, d’écrits, de militantisme discret, de respect réciproque, de sorties régulières, de collaboration professionnelle, de soutien réciproque.


Feue Saloua Ayachi était une Dame belle et saisissante. La peau laiteuse, les joues roses et le cheveu à la garçonne noir jais. Grande de taille, mince, elle était d’une grande élégance. Femme discrète, je ne sus son passé de militante que via un ami commun de plume : feu Gilbert Naccache qui lui vouait un respect sans faille. SA était une féministe pure et dure. Elle ne supportait aucune ségrégation et avait un regard acéré sur la société et son conservatisme.


Étudiante des années 68 et suivantes, elle fut fort imprégnée par les mouvements contestataires de l’époque en France et ensuite ailleurs, tous azimuts. Lectrice de S. de Beauvoir, de la littérature de gauche d’alors mais aussi des auteurs anarchistes : Emma Goldman, Alexander Berckman … passionnée de Camus, de surréalisme, d’avant-gardisme … elle s’inscrivit rapidement et naturellement dans le mouvement de contestation montant du pays.


Les étudiants de l’époque avaient eu droit à une formation colossale : des enseignants chevronnés, le système franco-tunisien, l’époque, la construction de la Tunisie postcoloniale, les 20 glorieuses comme je les appelle, 55-75, l’émancipation de la femme, le souffle bourguibien, l’école promue pour tous comme destination indépassable pour mener le pays vers la modernité.


Époque riche d’apprentissages divers et de détermination.

 

-    Vous serez les femmes et les hommes de demain, leur aurait dit Bourguiba, après qu’ils ont été relaxés suite à une arrestation massive dans les rangs des étudiants contestataires.

 

La gauche tunisienne d’alors qui se révoltait contre celui qui se faisait appeler le père de la nation. Révolte légitime de l’enfant devenu adolescent, devenu étudiant contre le père castrateur devenu bourreau, Bourguiba. Casser l’ordre établi est toujours une réaction intelligente et progressiste, notamment quand elle est doublée de connaissances et de projets sociétaux.

 

Feue Saloua Ayachi a été toute sa vie une femme droite, une femme de pensées, une femme d’actions, une femme de plume, une pédagogue et une mère entière.

 

Notre temps d’aujourd’hui est autre, c’est la loi du changement : dans l’ordre des choses. Mais que lisent les jeunes ? Que scande-t-on à l’université ? Où sont les femmes libres ? Les labos estudiantins fonctionnent-ils ? Avons-nous des fabricants d’idées ? Des énergies juvéniles qui savent l’intérêt des libertés individuelles ? Avance-t-on en ligne droite ou en ruptures ? Avance-t-on déjà ? Sommes-nous encore dans une époque de mouvements d’idées, de chantiers de pensées ?

 

Paix à toi Saloua, tu fus une Grande Dame. Une pensée triste pour toi ce soir. Que le pays puisse regorger de femmes et d'hommes comme toi.





Saloua Ayachi partit le 31 mai 2020 🌹

 

 

 

 

Lettre à l'oubli

 



Contrairement à sa demi-sœur, elle eut peu de chance. Elle monta une fois sur le toit de chez sa belle-mère pour aller à la rencontre de celui qu’elle aimait. Un beau ténébreux. Cela faisait un moment qu’ils se regardaient, qu’ils s’envoyaient des missives, qu’ils se cherchaient. Une montée sur le toit qui allait sceller sa vie. Et puis la lettre égarée ou interceptée ou envolée …

 

« Amour chéri, je t’aime pour tout ce que tu es. Je partirai avec toi. Loin d’ici. Prépare tout et retrouvons-nous. Je suis à toi et tu es à moi. Je les déteste tous, la sorcière en premier. »

 

Rapidement, elle verra que leurs conceptions de l’amour étaient différentes. Lui voulait s’essayait au corps, elle rêvait d’amour éternel et de tragique.

 

Quand sa mère lui ordonna d’abandonner à son sort la « fille des toits », il disparut ipso facto.

 

Elle fut mariée rapidement à un homme sage, venu de loin qui voulait s’installer dans le pays. Un homme laid, bien plus âgé qu’elle et qui n’avait pas un iota d’appétence esthétique. Un silencieux.

 

Elle le quittera à cinquante ans à la mort de son géniteur pour un mariage d’amour inratable - où elle aura beaucoup à donner … - qui ne dura que deux ans : son mari fut foudroyé par un cancer dévastateur.

 

L’étranger-mari-du-silence-mortel était une idée de la belle-mère désireuse de s’en débarrasser. C’était l’époque des belles-mères des contes de fées, manipulatrices et sorcières.

 

Qu’advint-il de l’amoureux des toits ? L’histoire marginale lui réservera-t-elle quelques pages de son parchemin ? Certainement pas à ce fils à sa mère, béni des matriarches aux postérieurs plus ronds que le baluchon le plus rempli.

Il se maria avec une jeune fille tranquille qu’il trompa rapidement et passa sa vie de béni-oui-oui à mentir pour faire bonne figure.








jeudi 27 mai 2021

Non, mon univers est loin d’être vide, 4

 







 

Il mourut en quinze minutes chrono à l’âge où certains hommes rêvent, de nouveau, de se projeter. Son chien le pleura trois jours et trois nuits et sa femme garda longtemps à l’oreille ces hurlements canins, ceux de la mort. Un boxer doux et câlin qui passa son enfance sur la poitrine de son maître, la tête au travers du col V de ses pulls de laine du soir. Son épouse était exaspérée :

 

-       Les chiens au lit, c’est insupportable. Je-ne-peux-PAS !

Il riait : 

-       Regarde ses yeux ! Il est si en besoin de moi.

 

L’inverse était évident. Était-ce un moyen de se rapprocher de sa femme ? Je ne pense pas. Elle était peu réceptive au vu de leur histoire d’amour fou, d’amour malmené, d’amour trahi, d’amour froid, d’amour rancunier, d’amour toujours jusqu’au grand saut. Il partit quand il sut que le mal l’avait frappée. Elle partit trois mois après lui.

 

-       Je n’ai plus rien à faire ici, disait-elle.

 

Il mourut saisi par une terrible anxiété. Elle mourut par choix et sur décision, arrêtant tout acharnement thérapeutique. 

 

-       Quelle terrible chose que de se trouver entre les mains de médecins !

 

Fox eut après le décès de son maître et pendant trois mois une attitude pour le moins étonnante. Il reporta tout son attachement sur sa maîtresse. Il se couchait à ses pieds, docile et calme et à chaque fois qu’elle se sentait mal, il était là à la scruter, interrogateur. Il savait qu’elle n’aimait pas les coups de langue et prenait soin de ne pas la lécher mais il mettait sa patte sur son avant-bras et semblait vouloir la rassurer de sa présence et de son affection.

Ce chien était d’une sensibilité étonnante et savait les choses. Il ne fit pas non plus de vieux os et partit quelque temps après sa maîtresse. Jamais des yeux de chien n’auront été plus tristes. Il paraitrait même que sa maîtresse lui vit des larmes un peu avant sa mort.

 

 

Été 58, Plage de La Goulette

Elle était accompagnée de son chaperon et il avait du mal à lui prendre la main. Il était passé la chercher au volant de sa Simca Aronde bleu ciel. La radio faisait entendre la voix de velours du crooner égyptien : «  bahlam bik, ana bahlam bik … », « Je rêve de toi et je t’attends  … ».

Le chaperon, sa plus jeune tante en l’occurrence, a voulu monter à l’avant. Promptement, il lui signifia sans mot dire qu’elle allait se mettre à l’arrière. Il lui sourit, lui ouvrit la portière et l’a casa sur la banquette : Non, ma petite dame, pensa-t-il, en son for intérieur.

Sa fiancée arborait une robe blanche col Claudine et des souliers blanc et noir pointus. Elle avait une peau laiteuse, un cou gracile qui invitait à bien des regards à la dérobée. Elle le regardait en souriant, avait du mal à cacher sa rougeur, son émotion. Lui aussi était timide mais le cachait d’un humour charmant.

 

-       Belle musique, belle brise, bel été, belle compagnie, Madame ! La radio vous aime, voilà le dernier tube du Rossignol brun. 

 

Il fredonnait avec lui, un coup au rétroviseur, l’autre plus prolongé à sa fiancée. Il ne savait pas encore qu’elle avait la voix suave et qu’elle chantait en famille. Quand il l’entendit au salon de leur maison au troisième jour de leurs noces, lors d’une réception familiale de tradition, il fut subjugué. Et alors qu’il était en grande discussion avec son beau-frère, il perdit le fil de ses idées, colmata comme il put et se leva pour aller la regarder. 

-       « Imta achoufek bikorbi », « Quand te verrais-je tout près de moi … »

 

Les yeux de l’amour à cette époque-là étaient intenses de désir. Cela n’échappait à personne et les réactions étaient diverses : ceux qui étaient heureux du bonheur irradiant de la mariée, du couple, ceux qui étaient dépités de tant d’exposition : les sœurs du marié qui revendiquaient un droit de regard sur lui, sauf s’il sut y mettre le holà.

 

La mariée radieuse entonna : 

 

-       « Ya hassidine eness malkom ou mal eness », « Aigris, laissez les personnes vivre en paix ».

 

Plus rien n’existait à part eux deux et leur désir l’un de l’autre.