Je vaquais à mes occupations domestiques quotidiennes - obligées - quand le téléphone sonna.
Cela faisait longtemps que ce jeune homme ne m’avait pas contactée et j’avais cru, il y a deux ou trois ans, que mon travail avec lui était bel et bien achevé et pour moi, il l’était.
Mais c’était sans compter la ténacité de certains tumultes intérieurs, la fragilité de certains êtres, leur confusion mentale, leur entourage au psychisme complexe et désorienté et leurs inaptitudes eux-mêmes, à concevoir ordre, équilibre et sérénité.
- Hé ! Comment vas-tu ?
- Ça va mieux et toi ?
- Bien. Es-tu plus clair ? J’ai entendu dire que ça n’a pas trop été récemment.
- Ça va. Je cherche une fac au Canada et je prépare mon départ.
- As-tu achevé ton cursus ici ?
- J’ai fait deux ans. Et je ne supporte plus la vie ici. Ni les autres.
- Il te reste une année, tu aurais pu la faire. Perso, je pense avoir fini mon travail avec toi.
- Visiblement, non …. ( Silence )
Je prépare mon départ avec une agence sérieuse.
- Il vaut mieux. Il faudra tout organiser à partir d’ici, le choix de la fac, le logement … Tu sais qu’en matière d’organisation, tu n’es pas un as.
- J’ai eu un passage à vide …
- Écoute, tu n’as pas le temps pour ça. Tu n’as même pas 30 ans. C’est du temps perdu, du gâchis. Les choses fonctionnent à peu près correctement, tu n’es pas moins bien que les autres … Alors basta. Invente un équilibre.
- Ça va, ça va …
- Pourquoi tu m’appelles ? Tu as besoin de moi, je suppose.
- Mouais …
- Mon discours est le même : Il faut retrousser ses manches et faire face à la vie. Se battre et non pas battre en retraite.
- Je sais.
- Il ne suffit pas de savoir. Il faut appliquer. Autre chose, si tu pars, ne quitte pas les bras d’ici pour te jeter dans les bras de là-bas.
- Non …
- Perso, j’aurais achevé mon cursus ici. Avec l’agence, je prépare tout avant mon départ. Autrement, c’est l’errance.
- Je ne vois plus personne, je ne sors presque plus. J’ai quelques amis, on se revoit de temps en temps et on rit. Je travaille, je travaille …
- Que fais-tu ?
- Je dessine, quelquefois je peins …
- Écoute, ce n’est pas compliqué, nous sommes tous sur le même bateau et il faut savoir retrousser ses manches, rester debout, se composer une vie relativement correcte, assez homogène et puis avancer, sans cesse avancer. Se mentir aussi, les jours de gros nuages noirs. " Tout va bien, je suis bien. "
- Peut-être ai-je encore besoin d’être accompagné. Un peu …
- Je t’aiderai.
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