lundi 18 mars 2024

Je voudrais dire ...

 








  



 

Je voudrais dire la Vie, les Océans, la mer, les végétaux, les oiseaux, le Silence et les enjeux …


 

Je voudrais dire l’Existence, tout le contenu dont nous la dotons pour la faire signifier ... Le geste, les autres, le respect, la dignité et le mérite du genre humain. 


La musique, le mot, les mots pour construire du sens. Le Sens sans lequel nous ne sommes que terre, terre qui meut et qui s’éteint.


 

Je voudrais dire cette terre méditerranéenne ensanglantée et chaotique pour de vieilles histoires de rancœur lointaine, de possessivité insensée, d’hégémonie malsaine, d’écrasement de l’autre d’ici et de là … Je voudrais dire l’impossible vie contre les autres, l’impossible bonheur jouxtant le dénûment.


 

Je voudrais dire l’humain avide, l’humain glouton, l’humain répressif et l’humain despotique sur une terre de tous. Je voudrais dire l’aveuglement du suprémacisme qui nourrit le mal, la violence, le meurtre et l’horreur. 


 

Je voudrais dire les femmes violées et les enfants abattus, dont sont responsables les décideurs englués dans l’égo et le faux pouvoir. 


L’indescriptible ignorance de ceux qui traitent l’humain d’animal, alors même que l’animal devrait être au rang de l’humain.


 

Je voudrais dire les mensonges éhontés de l’Histoire ancienne qui se donne le droit de diriger nos vies, les mythes de fabrication humaine qui alimentent nos peurs pour régner sans conteste. 

 









Je voudrais tant dire et redire que la terre est à tous et que nous n’emporterons rien de plus qu’un drap de couverture, avec un peu de chance, parce que lui-même n’est pas acquis.


 

Je voudrais crier à la face lisse de colère, la face facile et obstinée des hommes, le vide métaphysique de nos destinées, mais l’essence précieuse de nos gestes d’aide et de partage, de nos sens posés et de nos arrêts humanistes.



 

Je voudrais dire aux hommes, à tous les hommes, les verts, les bleus, les gris et les arcs-en-ciel que nous sommes tous des hommes sans identité, sans nom ni couleur, sans tribu ni communauté, sans Verbe ni diktat … Que les mots sont venus après, tous après et que nous nous laissâmes engloutir par peur, par manque de réaction et par oubli progressif et désormais fort lointain.


 

Je voudrais dire aux hommes d’observer le fœtus dans le ventre de sa génitrice, en plusieurs dimensions aujourd’hui - grâce à son génie paradoxalement, lui, capable du meilleur et du pire - ils verront un être sans rien que sa gestuelle et son dynamisme existentiel. Sans culte, ni rite, ni pierre, ni texte … 


Est-il pour autant destiné à violer et à tuer ?


 

Je voudrais dire aux hommes que la terre est vaste, que la terre est à tous, que le passé n’est pas fait que de gloires, qu’il est aussi fait de mythes certains beaux, d’autres meurtriers … Qu’avancer exige de nous de ne pas toujours nous attarder sur ce qui est achevé, qu’hier est mensonge dès l’instant qu’il tourne les talons … 


 

Je voudrais dire aux hommes, avec calme profond et abnégation, dévouement humain et sens aigu de ce qui est, que n’existe que nous, nous seulement, dotés d’un outil supérieur, capable de dépassement admirable … que le revers de cette Beauté n’est que peurs multiples, instincts fous et soumission indigne. 

 

Que l’Existence n’est telle, porteuse fière de son nom, qu’en situation de Signifiances, d’objectifs altruistes, de recherches réfléchies permanentes, de travail sur soi continu ... afin d’élever le génie et de maîtriser la violence et la rancœur aux visages multiples, hideux et destructeurs. 

 

Je voudrais tant dire aux hommes, grâce aux Mots puissants, à leurs combinaisons infinies, ce dont recèle leur être profond, de rationnel et de sage. Un trésor enfoui qui ne cherche qu’à s’émanciper …

 

Non, les Mots ne me manquent pas, c’est leur écoute irrésolue, leur tête hérissée et folle à vouloir boire la vie goulûment, à toute heure et contre tous, pour ériger le trône inutile du moi, du moi Pharaon, du moi César, puissant et immortel, dans le délire emporteur du jour …

 

Un petit moi qui se disloquera, claudiquera, tombera et disparaitra. 

 

Parce qu’il n’y a que l’Esprit clair, ingénieux et bâtisseur, donateur et trans-humain, seul, lui, qui vaille. En vérité, de la finitude, de tout ce qui vit. 








                                      Senteur en capsule, chez MO'S, mars 24.










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