Arona, Été 23
- La vie est si belle !
- Et cruelle.
- La vie est sublime !
- Et insensée.
- La vie, ce sont toutes nos réalisations !
- Oui, aux yeux de l’humanité entière.
- La vie est une chance !
- Qui finit par capoter.
- Comment pouvez-vous dire cela ? Vous nous avez bassinés toutes ces années avec vos phrases péremptoires sur l’essentialité de l’existence ? Et là, volte-face !
- Non. L’existence, ce sont les sens que nous inventons pour faire signifier notre vie. Nuance.
- Vous compliquez tout. Comme d’habitude.
- J’ai juste précisé ce que l’existence ajoute à la vie.
- Mais moi, en adepte de vos philosophies, je dis le Beau de la vie.
- Nous sommes d’accord. Je rappelle juste l’envers du beau décor.
- Vous gâchez tout !
- Je fais valoir tout l’avantage de la conscience. Cela fait gagner du temps, souvent.
- Ou l’inverse. L’inconscience et la peur-panique en moins.
- Aussi.
- Donc, il n’y a pas de certitudes ? C’est cela hein ?
- Les certitudes de l’aube.
- Encore des métaphores !
- Ou la certitude du mensonge. C’est fort utile.
- Que dites-vous là ? De quel mensonge parlez-vous ?
- De nos mensonges à nous-mêmes. De la force de nos convictions. Des tâches auxquelles on s’attelle. D’une petite myopie sans laquelle, le soleil nous grille la rétine.
- Je veux juste dire la beauté de la vie sans philosopher !
- Elle est belle et cruelle. Nous y croyons dur comme fer au matin de notre vie. Notre existence nous conforte parce que nous posons nos sens et nos objectifs. Et ces mensonges sont fort utiles durant la traversée. Est-ce plus clair maintenant ?
- La vie est sublime, mais vous avez un gros nuage noir au-dessus de votre tête. Courez, faites !
- Les mensonges reviendront, en effet. Fort heureusement.
Genève, mars 24
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