- Le monde est fait d’une faune indigeste.
- Ou alors, vous êtes un asocial pur.
( Regard chargé de rancœur )
- Je vous paye !
- Évidemment. Pour vous corriger. Peut-être faudra-t-il se mesurer à ceux qui valent la peine.
( Il fulminait )
- Je sais comment être.
- Oui, seul.
- Oui, seul.
( Silence. Elle le voyait livrer un combat de gladiateur entre la franche rancune butée et le besoin de parler. )
- Rappelez-vous, je ne m’adresse qu’à votre intelligence et à votre sens de l’équité. C’était dit dès le départ. Donc, replacez le curseur au bon endroit. Je vous attends.
( Regard appuyé de son côté. Il la savait draconienne là-dessus et il ne pouvait jouer. )
- Je veux hurler.
- Si vous ne le faites pas c’est que vous avez appris à ne plus jouer. C’est un faux pouvoir et ridicule de surcroît.
- Je vous dis au revoir.
- Au revoir.
Il repartit, longeant la mer, tête baissée. Il la haïssait. Il aimerait tant la ranger avec les « rejetés-parcequ’ils-ont-tort-et-moi-j’ai-raison », mais c’était difficile. C’était sa seule interlocutrice et les échanges avec elle le faisaient sentir en vie.
Il la haïssait de tout son cœur, mais lui reconnaissait une intelligence sensitive hors du commun. Celle-là le regardait dans les yeux, lisait en lui clairement. Il ne lui faisait pas peur et elle avait en main sa fragilité intérieure. Non, il ne pouvait la faire tomber ni mentir à son sujet ni se mentir à lui-même. C’était injouable.
Il rageait.
( À suivre )
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