Récit à la première personne.
Élucubrations.
2.
"Je hais le mensonge et l’hypocrisie, les entourloupes en tout genre.
Je ne le dirai jamais assez.
Et je passe ma route sans un regard.
C’est ainsi."
La mort est une crapule et la puissance de l’art, qui est un hurlement de vie et de douleur, n’a rien pu y faire.
Il était passionné d’art et de musique. Une passion spontanée exacerbée par le saisissement fort de l’inéluctabilité de la fin. Mon géniteur.
Vivre, aimer vivre, être fou du désir de vie et se savoir éphémère et voué à finir en pâture aux insectes nécrophages. Rageant, cruel et mortifère durant sa vie même.
C’est-à-dire qu’au beau milieu de sa vie, passionnés d’heures et de jours, on rêve d’un temps long voire illimité, d’amour et d’intensité et, paradoxalement, une vérité obsessionnelle et anxiogène nous mine en profondeur consciemment ou inconsciemment, qu’on ferme les yeux ou qu’on les écarquille.
Et, je l’avais déjà écrit, il partit à la vitesse de la lumière. Mon géniteur.
Je partirai un jour et je n’ai aucune peur. Rébellion ou carapace ? Rébellion aujourd’hui, probablement carapace au moment même. Voilà pourquoi je mets de mon côté tous les moyens en mon pouvoir, une frugalité alimentaire fantasque mais maitrisée, une mobilité souple et quotidienne du corps pour fouetter le fonctionnement des différents organes et tout particulièrement une gymnastique des neurones sans laquelle je n’existe pas.
Une des plus belles phrases jamais entendue : « C’est une langue philosophique que vous nous enseignez, Madame, merci ! » Droit au cœur. Parce qu’en effet, ce qui m’intéresse, c’est la substantifique signifiance, héritage du géniteur, traduite en gestes et en mots.
Merci à vous. Sans votre regard, il n’y a pas de Beau ni de vérités approximatives.
Debout devant la Méditerranée, mes mélodies aux oreilles, Carthage m’entourant de ses flancs de mère, je pense à tout ce monde mien disparu, éparpillé, éteint, achevé … et si fortement présent dans mon esprit.
Comme si on pouvait effacer des existences entières de dons de soi en un claquement de doigts, comme si on voulait le faire, comme si avancer sans ces pyramides était chose aisée, comme si ces instants de vie emplis d’eux n’étaient rien, comme s’ils n’avaient jamais été des forces absolument incroyables d’amour et de gestes, comme si on pouvait leur trouver ne serait-ce que des ersatz …
Des moments réguliers où l’hommage s’exprime bien plus que le manque cruel des premiers temps, ou la douleur cinglante de l’absence, ou le besoin de ces touchers et de ces sons de voix, tantôt chargés d’affect tantôt de sagesse.
Rien n’est à cette mesure, une dimension autre où le naturel ombilical s’exprime dans son entièreté. Ma génitrice.
Des moments ponctuels pour refaire face à la vie et la prendre à bras le corps. Parce que le petit enfant en nous observe, note, pince, quémande … jusqu’au dernier instant. Nous, notre petit nous, à la vie et jusqu’à la mort.
Et puis, le partenaire de vie et les envolées existentielles.
Évidemment.
Les moments puissants où s’aimer consiste à épuiser les sens et le corps et puis repartir de plus belle dans un processus dynamique de vie et de re-vie, de possession et de guidance fortes des rênes dans une inconscience inestimable.
Voilà pourquoi aimer est rare, voilà pourquoi aimer se mérite, voilà pourquoi aimer est une découverte et que cette pépite est un graal. Comme si goûter à la vie allait se faire dans tous les sens, dans les chemins de traverse de la détestable facilité. Bêta.
Non, il y a aimer et le reste. Dans un souci de substantifique signifiance.
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