samedi 13 mai 2023

Moi, l'Argentin, 4

Scénario 2


 



Mon esprit tournait en permanence. Il y avait une multitude d’images, de voix, de récits, d’émotions, de personnages ( des personnes plutôt, souvent entremêlées par ailleurs ), de pensées, de silences, évidemment … Un de mes dadas-phare était d’exprimer le silence, de le mettre en images …

 

Mon deuxième scénario concernait un taciturne, complexe et confus, qui n’avait aucune vraie maîtrise de sa personne, qui avait subi de nombreuses violences enfant. En réalité, violences était un bien gros mot. C’était un enfant rêveur, qui vivait en lui-même, qui refusait qu’on le sorte de l’espace étroit d’un moi en déroute. 


Il y avait comme une zone coton entre la réalité et son moi perceptif, les choses et lui-même. Il déchiffrait tout à l’envers, ou de n’importe quelle manière, ne prêtait l’oreille à personne et à aucun enseignement et voulait afficher une rapidité dans le décryptage qui n’en était pas un. Et, une fois pensant avoir saisi les choses et les situations, il se barricadait loin dans son espace corporel et psychique. Ce qu’il réussissait le mieux était la « sustente », là, son appétit était glouton et évidemment sans méthode. 

 

Doté d’une petite nature, dans la manipulation solitaire permanente, il était quasi fou et voulait prouver l’inverse. Souffrant très tôt du syndrome du vestiaire, il était h24 dans ses ruminations et les rares occasions sociales qu’il vivait – par choix d’une vie totalement en solitaire – le faisaient se sentir le pont de mire et de railleries de tous, hommes et femmes. L’incomplétude, la honte, l’infériorité l’habitaient.







 

Mes choix de cinéma étaient ardus. Comment traduire ce personnage en images sans heurter qui que ce soit ? Comment porter au grand écran, un solitaire taiseux tout en noeuds ? Des flash-backs ? Des répliques de personnages autour ? des échanges entre ses parents du temps de la petite enfance ? Et après des suggestions sur la pointe des pieds ? Des lieux loin de tout où il évoluait, évidemment, seul ? Des expressions du visage ? Focaliser sur les mains ? 

 

Le cinéma psychologique est difficile, tout en nuances, d’autant qu’il y a l’impératif s’exprimer dans l’élégance et la suggestion. Lumières, angles de prise de vue, cadrage, musique, regards, expressions, soliloques seront déterminants.

 

Les axes de vie du personnage seront l’enfance, l’adolescence, la trentaine et le choix résolu du baisser de rideau, puisqu’il ne vivra que trente-deux ans.

 

Un des films les difficiles à mettre en images et en séquences. Mais j’avais réussi grâce, non pas seulement à ma formation académique, mais à mon observation du cinéma des autres quand j’étais le stagiaire-coureur Monsieur-Café.

 










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