Scénario 1
Mariée à seize ans à un homme qui avait plus du double de son âge, elle ne savait pas ce qu’était un homme, ni ce que c’était d’être une femme, ni ce qui allait se passer, ou vaguement …
Des jeux d’orifices avec ce Monsieur ? Euh …
Mais elle avait été programmée pour ne jamais rien dire. Une éducation du silence, pour perpétrer le silence, précisément.
Mon film allait focaliser sur la gestuelle et le regard en biais pour signifier tout cela, sur le clair-obscur aussi. Cette femme ou plutôt cette enfant bougeait en lenteur, regardait en lenteur, elle avait des problèmes avec son corps dont elle ne maîtrisait pas les mouvements ou qui étaient bloqués par des siècles d’interdits et d’abstinence de fonctionnement libre. Quelque chose de disloqué entre eux deux, son corps et elle.
Dans l’intimité silencieuse, obscure, brutale, animale, elle était soumission et passivité, nœuds et honte, silence et attente du dénouement froid et sans surprise.
Elle était incompréhension, passivité obligée et écœurements.
Je l’avais complète en tête. Elle, son histoire, son corps, ses pensées toujours en course effrénée les unes après les autres, jamais entières ou achevées ; son vieux vautré, ses entreprises silencieuses, rapides, autoritaristes, violentes fréquemment … mais il me fallait signifier tout cela par des rendus de caméra intelligents. Je pris le parti de focaliser sur ses regards en biais, les rares qui disaient son être profond.
Je n’aimais pas le cinéma explicite, le cinéma servant toute la signifiance sur un plateau d’argent, encore moins le hard et le trash. Mon choix se fixa sur ses pensées traduites en regards rapides, secrets et obliques, ses soupirs, ses gestes brusques et nerveux. Des plans réduits et sombres de son espace de vie, des plans larges et lumineux de la nature environnante, des plans en plongée entre l’espace ouvert, la nature variée et son antre de vie de morte par éducation.
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