lundi 21 septembre 2015

Dharma, mon étoile au monde.

A toi, L'Enfant de la rue Pasquier, devenue jeune femme, belle à vivre et artiste jusqu'au bout des ongles. Les ongles des mains d'une Reine de cœur et de gestes SBelK.
Artiste et œuvre de deux êtres dissemblables-semblables qu'unirent l'intelligence et le puissant désir de créer. Tu es faite d'ondes de vie, du souffle d'Epicure.
Des instants, des milliers d'instants à t'enrichir strate par strate de ce qui ne peut être que donné. L'acquis c'est ton empreinte et elle sera tienne, elle sera lumineuse.
On ne peut éclore dans les mots, le Beau, la pensée sans être comme toi, une tête dorée aux yeux pétillants. Mon père, en roc, le rire large, beau prince, taquin, trouvait commode de te promener : séduire, de tout repos, en ta compagnie. Au temps de l'air léger.
Le tien, une histoire autre, la sienne mais une présence de chaque instant, une profondeur pudique et une rareté de l'effusion. Tellement de paternité responsable et de présence d'Homme même aujourd'hui après l'envol.
Un envol que nous dirons tous à nos manières, avec nos fabrications respectives, notre richesse créatrice.
Il n'y a pas de disparition tant que créer existe et c'est ton affaire. Celle du locataire de la Ch1, de la pie de 15, de la génitrice possessive et apprenti d'ouvertures ...
Un 21, un automne et un 10 heures, à proximité de la nature et de ces petits êtres que tu aimes tant, une expulsion presque au perron tant la génitrice est férue de Pernoud et de lecture. Trois minutes et une tête blonde belle et forte. J'eus peur, enfant moi-même ou presque et la truculence du rire de SBelK, peur de ces yeux bleus alors et tout ronds ...
Au temps de l'air léger ... Beaucoup d'éclat et de légèreté qu'aujourd'hui je souris de tout. Et je ris de toi, un rire vrai même sous les pics de voix car c'est l'humain cela ... Rire du bonheur de cette perle et de cette richesse, de cette générosité ...
La main tendue est belle, tends-la vers ceux de ton choix, ceux du cœur, le cœur qui sait.
Laisse-moi te dire que ce que tes mains feront seront autant de soufflets à la disgrâce. La Beauté, tu la feras.
Ces mots sont pour toi, tout droit de la forge, pour te dire ma légèreté.
🌹

dimanche 20 septembre 2015

Le pire qui puisse arriver ...

Le pire qui puisse arriver c'est de ne plus avoir envie d'écrire. Parce que le plus loin possible, il n'y a plus la truculence du rire. Mais il y a Éva, il y a Claire et il y a Enest. Des lignes qui s'entrecroisent, comme le disait l'Absent, et il n'y a aucun moyen de les abandonner. Leur histoire est un témoignage de vie et rien n'est au-dessus de la vie.

vendredi 11 septembre 2015

Vous aimer et me lire vous le signifier.

Merci à mes proches et à mes amis, l'existence n'a de sens qu'avec vous, là ou ailleurs, loin ou proche. Des moments avec tous et quelquefois des regards ou même des silences amicaux. La communication dans toutes ses formes est la vie. Rym Ayari et Myriam, Desnos ou l'école de charme, la famille aussi ... Rym la merveilleuse, la moderne et la limpide. Christine, la crème française et Nejla l'élégance des Mabrouk et ce n'est pas peu ma chère, Fifi la douce.

Mes élèves que j'adore et avec qui j'ai toujours eu des moments privilégiés et un échange libre, sain et intellectuel. Je continue, c'est impossible autrement. Mais je continue différemment peut-être pour faire que la communication change et que l'adulte se rappelle de son enfance ...

Mes amis d'enfance, des parties de moi, Alia, ma sœur de cœur et la préférée de maman, Fatma, Samia, Thouraya, Kébira-Lalla, Soumaya, claire et souriante depuis si longtemps, égale à elle-même :). Lamia, le doc aux précieux conseils, une rencontre simple et un échange sincère. Héla, un prof de math généreux, une maman d'exception et une amie vraie, Mo l'amerlock de La Marsa, Héla Bennour une parente d'exception et une femme intelligente.

 Magda la pétillante et mes vraies amies profs de la première heure, Samira Fessi, l'épicurienne :). Rabia, la philosophe qui m'a lâchée avec Saint Augustin. Amel, Dorsaf la discrète et la rigoureuse, Hédia et ses directives de bonne santé.

 Zeineb que je connais peu et pourtant ...

Mes cousines et cousins adorés Aliouta, Walid, Sami, Mahmoud, Zoubeir, Inès, Monia JH, Ramla, Radhi, Sana, Nadia, Lilia, Souhayl à qui je souhaite tout le bonheur du monde, un vrai chef de famille.

Mortadha, l'humour des basketteurs et la descendance beylicale qui me ramène à mes aïeux, Lamaàne la divine, Isabelle, l'amie d'une belle soirée et la simplicité d'une communication autour des lettres, des livres et des amuse-bouche. Amina B, la foncièrement bosseuse quoi qu'on dise et quelle qu'ait été la conjoncture.

Mes amies virtuelles que je détecte d'ici, Faiza, une dame et Imene la douce, Ca Ro la belle ...

Jean-Michel, l'Ami de cœur et de plume qui vit parmi nous au quotidien, Si Ben Azzouz, la classe des historiens et des amis de famille d'emblée, un Grand militant qui marqua les trois miens et tellement d'autres, nous vous aimons depuis le premier jour.

 Nadhem, mon élève, éminent chirurgien et homme de charme, de liberté et de valeur. Raouf, mon fils de cœur. Chérif mon proche, Karim mon allemand marsois, Chiraz la lumineuse, Senda Lakhoua et un air Belkadhi :) ( Rip maman ), Meriam Belhadjali. Amel Glenza, Rim, Boutheina, Fanny ma collègue " américaine " bien que Houellebecq ne soit d'aucune façon ma tasse de thé, trop sec :). Saber de son nom d'artiste, mon ami. Rose, Yasmine Frad, Khadija et Baya, les magnifiques sœurs Skanji, une trace ineffaçable. Gracia et le charme africain, Bes, ma Bes adorée, Ibtissem Ben Yedder. Une Dame qui symbolise la bonté même : Yosr Gharbi.

Mon ami de cœur, mon fils d'adoption malgré la distance, Dali Khiri <3 ...

A tous merci de vos marques de sympathie et pour beaucoup d'affection, je vous aime. Et j'adore la communication et tout spécialement via l'écriture. Je vous embrasse magistralement.
🌹
💫

vendredi 3 juillet 2015

Une goutte d'eau rajoutée dans l'océan de sa personne. Eva XVI.


XVI.

 " Il n'y a pas d'amour de l'autre, il y a soi. Seulement soi et l'autre est un miroir qui nous permet de nous voir et de nous découvrir. On a besoin de l'autre pour cet étrange soi, un prétexte pour se frayer un chemin vers une intériorité en jachère. Et c'est pour cela qu'on se débarrasse en premier de ceux qui nous permettent de mieux nous comprendre. Notre rencontre avec nous-même, voilà le véritable amour. L'unique. C'est laid. C'est moche. C'est un état de nature.

Il était trop jeune à cette époque-là et avait besoin d'elle pour savoir avancer. Aujourd'hui, " il a beaucoup roulé ", il n'est plus dans le besoin. Elle n'avait pas calculé, n'avait pas dosé et le voilà qui appuie sur le champignon. Elle savait qu'il allait percuter un obstacle, des obstacles mais il avait appris à rouler seul. Sans prévoir les arrêts nécessaires, les ralentisseurs. Savoir conduire ou le croire nous expose à des tas de choses, nous inscrit dans la vie.

Elle a été un miroir à multiples reflets et il s'est regardé sous toutes les coutures. Sa vision était bonne désormais et il donna un coup de pied dans l'édifice, ce qu'elle battit de patience et de tendresse. De bêtises aussi. Parce qu'avec l'autre, il faut calculer et elle ne le sut jamais, n'essaya point et détestait l'idée. Un état de culture.

En réalité, il était lancé à pleins poumons sur une grande route. Il n'avait pas tort, elle n'avait pas raison. Il fallait grandir, on ne garde pas longtemps ses enfants.
Sauf que c'était sa vraie mère qu'il larguait et qu'elle perdit son homme."

 - J'ai toujours été libre dit-il.

mardi 16 juin 2015

Le temps cisèle et la nature se replie

À vous

A celui qui de tendresse la désarma
D'inquiétudes l'intrigua
De complexités la tint
Et d'un mélange d'enfantillage et de douceur la remit en train

Un enfant et un homme et un enfant d'oublis pétri, de colères nourri, de rancœurs grandi, d'incompréhension heurté. Un enfant homme et un homme enfant et du silence et de l'intériorité. Des chantiers et des constructions, un puzzle et des yeux agrandis de voir ce que les autres ne voient pas ou même s'inquiètent de voir. Un cliquetis de pensées, d'idées, d'idéologies et un isolement. Un isolement accouru, bienfaiteur et aliénant. Car la séparation peut aussi être éblouissante. Mais une séparation malgré tout. Et le laid du quotidien est moins fou. Il vous fait courir, sommeiller et recourir, recourir mais non point couper.

Et puis une silhouette dit-il et beaucoup de candeur au vu du simple fait que ce ne soit qu'une silhouette pour des yeux si beaux mais qui ne s'aiment pas. Ne pas s'aimer et c'est du temps perdu, de la vie balancée au loin dans la méconnaissance de la dimension existentielle, du potentiel heureux. Et puis une éclosion heureuse mais simultanément angoissante. Soi-même de nouveau, un flanc de soi-même et du questionnement. Ce cliché si beau, d'un homme le tenant, tenant un petit être, des bras protecteurs d'amour chargés et des yeux immenses, des yeux graves, des yeux d'incompréhension. Encore.

Et se plonger dans le Savoir à la recherche de mots rassurants aux maux, se plonger, se replonger, s'amplifier, prendre peur, avoir mal et puis être loin devant. Devant les fouilleurs, les "techniciens", les empocheurs ...
Car les flancs font mal et l'incompréhension d'antan nous poursuit toujours.

Un jeune homme aujourd'hui et une construction nouvelle. Des yeux qui doivent s'aimer. Des yeux qui doivent se regarder et puis des yeux chargés d'appétit, l'appétit de vous écouter leur signifier qu'ils sont beaux. Miel et beaux, de grandeur et de désir de s'aimer. Se plaire pour plaire. Et puis à son tour aimer et donner.

A ce géniteur à plein temps, à ce bouffeur de connaissances, à cet être organisé et si confus intérieurement, à cet amoureux du complexe, du rude et du manuscrit, un regard de biais, un regard franc, un regard intérieur, un ressenti vrai et un acquiescement tout sourire au fondement des strates. Un être complexe et si attachant.

Sauf que d'attaches, le monde se délite. La nature s'assèche à force d'avancer. La confiance prend un coup et l'en-soi est reposant du repos des condamnés. L'en-soi, une horreur de vide ...
Oui le temps est traître, il marque les Hommes. Des marques au gré de nos manques. Il cisèle gravement et sa force est là.
Le temps est le plus fort, la nature donne des coups sur la tête du Beau. Il se recroqueville sur lui-même et commence la danse nocturne des forêts sombres.

Quand le Beau dort d'un sommeil lourd, l'amnésie assiège et le tout consiste à faire mine.

samedi 6 juin 2015

La ville était en bas, la vie aussi. XV.

XV.

Claire resta longtemps debout. Elle ne regardait plus sa ville, ne voyait rien ou à peine. Elle se souvint de l'époque où elle était célibataire, libre. Le goût de la liberté n'avait pas d'égal mais c'était un souvenir. Il fallait le sortir de sa mémoire et le remettre à l'ordre du jour. Peut-être. Elle se savait forte. Son homme ou des perspectives en perspective.

" Les Hommes sont complexes et pas forcément maître de leur épanouissement ou rarement. Et puis les Hommes se choisissent en fonction de ce dont ils ont besoin. Souvent voire très souvent. Il n'y a qu'une vérité : la nécessité de vivre. Au premier sens.

Son homme, aujourd'hui, était catapulté à ses manques premiers. Ceux qu'il écarta de sa main quand il fit sa connaissance au vu de ce qu'elle lui apportait.

En était-il de même pour elle ? Elle n'en était pas à son introspection propre. Et puis, elle était pour la stabilité. Elle savait qu'un homme était de toute façon plusieurs mais ce qui lui importait le plus était de durer et de multiplier les airs du plaisir, du beau, du bonheur. Une dynamique que la vie à deux. Une vraie dynamique pour les personnes qui œuvrent et c'en était une.

Il était là-bas, ses pensées chez eux, ses yeux sur elle. Éva. Elle était chez elle, debout derrière la porte-fenêtre, la ville était en bas, la vie aussi. Il fallait la remonter vers elle. Elle s'y mit. "

jeudi 4 juin 2015

Il n'y était plus. XIV.

XIV.

Tout est calme d'un coup et c'est un calme de mort. Parce que les êtres sont légers et parce que les mots sont sans signifiance.

Claire regardait par la fenêtre un paysage d'exception, un paysage d'aisance. Une ville luxueuse et des passants élégants. Un civisme paisible et feutré. Son monde, ses gardénias, ses tapis, ses livres rares, ses figurines de jade ...

Il n'y était plus. Une voix aux intonations graves, une voix d'ordinaire mesurée n'y était plus. Un regard d'homme, de son homme ... et un fauteuil vide. Une vie sans vie.

Claire manquait de mots.

mercredi 8 avril 2015

Je vous aime tous d'un amour à votre mesure

Je vous aime tous d'un amour à votre mesure et votre mesure est mon battement et mon rire.
Je vous aime tous d'un amour vrai, d'un air juste qui fait que je suis là, grâce à vous.
Dans ma solitude encore grande et vitale, il y a votre être à la place sienne. Vous m'allez si bien là où votre mesure se love.
L'existence n'a d'étoffe qu'à travers votre timbre et votre apport.

Il fut un temps où le rire emplissait ma poitrine et mon aire, où les airs du renouvellement naissaient dans le creux de mes mains. J'étais l'artisan d'une vie mienne qui fut grande, resplendissante et étoilée. Grâce au regard de l'autre, grâce aux géniteurs.

Aujourd'hui, de vous voir venir des offrandes de mots tous pleins les murs, je vous le dis tout de suite, je pleure d'émotion. Vous êtes les voix de l'Etre et le chemin est morne sans vous, lourd et aveugle.

Des souffles vos mots, de sens chargés, de raisons d'exister et d'aimer, de se lever et de regarder, de rire et d'avancer. L'Existence n'a de vrai que votre présence, vos pensées, vos mots, votre histoire, vos sourires et votre paix.
Heureuse et heureuse de vous dans mon tracé que je mène à l'encre de votre amitié.

dimanche 5 avril 2015

Polyphonie et/ou Expérience d'Ecriture automatique



- Comment voler à demain les quelques heures d'aujourd'hui ?

- "Comment suspendre le vol du temps de demain ?"

- Comment calmer la douleur lancinante des petites voix ?

- "S'assurer que cette "petite voix" n'est pas une figure intérieure de notre propre douleur. Et ensuite regarder l'autre dans son être, en soi-même, afin de mieux percevoir le son réel de sa souffrance."

- Sur la douleur mienne, il y a comme une éclosion. Une vraie. Elle est bien là mais comme une strate de vie. Apaisée.
Une promesse.

- "En faisant en sorte que ces voix deviennent grandes, très grandes et qu'elles portent dans l'au-delà des murailles invisibles du temps. "

- "Je suis là."

- Je sais que vous êtes là et vous m'êtes précieux. Pour ce que vous êtes. Et non pas seulement pour ce que vous m'êtes.

- Il y a des moments, malgré une emplitude de vie toujours renouvelée, où faire grandir des voix, en faire des forces porteuses est titanesque.

- "Oui, titanesque mais seulement à cause du mal de crâne..."

- Pourquoi des points de suspension après crâne ?
Vous avez toujours cette propension à voir en l'autre un imposteur.

 - " Le crâne, c'est le siège de la réflexion. Avoir mal au crâne, c'est comme si on avait mal à l'idée en quelque sorte. D'où les trois petits points...
La question de l'imposture demeure toutefois très très intéressante et pertinente. Le crâne est-il d'abord le lieu de la réflexion ou bien l'organe physiologique où s'élaborent les concepts abstraits de même que les pulsions charnelles ? Il faut rayer les mentions inutiles, gommer l'imposture qui remet en question la possibilité même de l'idéal. Mais j'arrête là. Trois petits points."

Dialogue avec E.El Bahri, écrivain.

Et puis ...


L'idéal. Un idéal, en effet et puis un temps. Les mots doivent respecter leur signifiance sinon c'est un coup sur la tête du Beau. Les mots, l'air vivifiant et une énergie inexpliquée. J'ai les mots, ils viennent à moi, une ondée de vie qui me fait voir que chaque jour est une éternité. Alors ne jouons pas avec les mots, ils sont par trop nécessaires, respiratoires. Les mots signifient comme l'air anime comme le Beau fait aimer. Et j'ai aimé les mots à travers Lui. Lui qui les rêva très tôt comme seule alternative, comme champ de coquelicots, comme tulipes naissantes et comme fleurs d'amandiers. Il partit tout rempli d'eux et de folies. Lui, le grain du lobe, le rire perlé et la rage d'aimer.

Et puis au milieu de l'obscurité, vinrent d'autres mots et un être complexe ou tout aussi complexe ou différemment complexe. Un être de hurlements, d'excès et de tendresse. Un être d'inconscience et de conscience. Et les mouettes et des échanges muets, des regards en direction de l'océan et de l'ordonnancement et surtout des mots. Beaucoup de mots et une perception fine et étirée. Une sensibilité et une science instinctive des choses. Un être de rire sur le seuil de la vie car pétri d'idéaux. Et puis des mots mais des mots fantasques et difficiles de maïeutique, extorqués quelquefois, forgés d'autres, absents par moments. Une bataille interne semble-t-il ... Un besoin des mots pour cet être heurté, oublié, ballotté, retrouvé, repoussé, repris, arraché, occupé, aimé, appelé, avec un large sourire de dernière minute ... Un enfant auquel les mots échappent les jours de pluie pour devenir volume à l'oreille.
Tes mots te sauvent aujourd'hui au milieu de l'absence, tes mots ont appelé une voix de calme, de paix et de Beau. Mais une voix difficile d'exigences et d'authenticité. Une voix pour qui les mots ont une signifiance religieuse. Alors pèse les mots comme tu sais le faire et ne pas le faire car les mots sont vecteur de vie dans le chaos de sa pondération.

mardi 31 mars 2015

Salammbo-L'Émeraude, J.Ben O.



A la mémoire d'une Dame que j'ai eue le bonheur de connaître et d'aimer.

Belle, élégante et lumineuse d'intelligence. Une Dame et puis une vie et une jeune fille devenue Dame et des Hommes et du génie. Sa progéniture.
Une Dame-Lumière que j'ai tout naturellement aimée. Et ce fut court. Ses mots résonnent de vie : "l'organisation" et puis les siens afin qu'ils puissent Être. Une vie à tout mettre en place dans l'élégance et la structure. Une fumée, la vie. Car partir est d'une promptitude ingrate et insensée.
Une Dame que j'ai rêvée Amie et interlocutrice et proche et riche de vie et d'enseignements. Partie et avec un parcours, tout un parcours, des rebondissements, du bonheur et des peines comme nous tous. La vie d'une femme, la vie d'une mère.

L'image d'un regard clair et presque doré, assise dans sa voiture à savourer une glace avec la nostalgie et le regard attristé de celles qui furent très belles. Elle partit belle et sa voix résonne encore dans les oreilles de celle qui transcrit et qui aima jusqu'à sa texture reproduite, sans qu'elle le sache. Ou peut-être le sait-elle ?

L'espoir d'avoir pu, peut-être, lui avoir fait entrevoir la porte des possibles. Cette Dame qui malgré la Brisure du Gratuit continua à chérir jusqu'à la porte de l'oubli. L'oubli de l'Être et l'envol vers le je-ne-sais-quoi.

Sachez que vous avez été brillante jusqu'au bout, un " air juvénile" et le "nous avons besoin de vous" que le scribe, femme comme vous, s'autorisa. Elle pensait que vous alliez revenir et que des liens de mots se tisseraient, que des liens d'affect se feraient, que de force vous resterez, vous lutterez. Pour les vôtres d'abord et pour l'aura que vous avez eue sur elle, votre scribe aujourd'hui.

La mort est hideuse de méchanceté ou peut-être avez-vous voulu partir de plein gré ?

Fragrance de vie, je vous porte, tous les jours, au sortir de la nuit.


jeudi 19 mars 2015

El Massar


Il y a quelque temps déjà et, précisément, après les législatives, j'ai été conviée par Mohsen B. à une réunion à la section banlieue Nord d'El Massar. Un parti que je trouve droit, juste et vrai et dont les leaders ont, tout particulièrement, sous la troïka, fait montre d'une intelligence et d'un pointillisme hors du commun, de surcroît en comparaison avec tout ce que l'on a pu voir et entendre durant trois ans, naïveté, malhonnêteté, opportunisme, vulgarité, autoritarisme et j'en passe. J'ai une affection et une sympathie toutes particulières pour Ahmed Brahim, son engagement, son honnêteté, on reste toujours l'apprenant de son professeur d'ailleurs, mais mon respect à l'égard de ce parti, mon attachement à ses valeurs, ma profonde conviction de son honnêteté est le résultat d'une réflexion mûrie et d'une certitude profonde.
Le Doyen Fadhel Moussa était attendu et l'objectif était de réfléchir à l'échec cuisant d'El Massar aux élections, d'essayer de comprendre la fragilité du parti, la faiblesse de la campagne ...
Si Fadhel Moussa arrive à l'heure, avec son élégance et sa discrétion habituelles, l'homme est respecté de tous au sein d'El Massar et par bon nombre de Tunisiens : la sobriété, le mot juste et l'honnêteté intellectuelle et politique. Du charisme à en revendre et du charisme tout naturel. Parce que le fabriqué existe comme chacun sait. Pour ceux qui voient mal.
Étaient de l'assemblée Moez Karoui, membre du conseil central, la députée Selma Mabrouk, membre du bureau politique, Naceur Yahia membre du bureau politique, Mohsen B, membre du conseil central, des adhérents et des sympathisants comme moi en mal de famille politique vraie et à cheval sur ses valeurs. Mohsen B. est de toutes les implications, organisateur, interventionniste, fidèle des fidèles, afficheur ... A ma remarque personnelle concernant son parcours, sa sincère adhésion, il me répond par un simple : " J'apprends ". De la simplicité chez les massaristes et un désir d'authenticité. Cela me convient parfaitement, je n'aime pas les caciques ni les partis industrie et testostérone.
M. Le Doyen était très déçu. Peut-être même plus. Trois années de présence et de présence effective, d'implication. Samir Taieb, Selma Baccar et d'autres.
Slim Riahi qui passe et quasi en tête. " Aucune commune mesure, fis-je remarquer, chacun garde sa place et son aura ou " sa thune " parce que d'aura chez Slim Riahi, c'est quand même un peu difficile". Et c'est là où je me dis en mon for intérieur que l'honnêteté ne paye pas dans le monde de la politique spectacle et finances. Et la Tunisie y est, les hommes d'affaires ont compris que la politique est au-delà de la puissance trébuchante, bien au delà et l'ultime geste de ces puissants est d'y mettre un pied, voire deux ou plus ...
Le Doyen était très abattu, aucun député massariste et bien qu'il sache que tous les opposants au parti Ennahda ont renforcé Nidaa dans l'objectif de faire barrage aux islamistes, rien n'y faisait. La conjoncture a acculé tous les opposants au projet sociétal islamiste à déserter leur famille première. C'est aussi cela la politique : contrecarrer.
Nidaa sans conviction mais pour contrer l'autre et ensuite Nidaa s'il "caméléonne" et c'est d'actualité. Un tour de table, quelques interventions, des mea-culpa, une campagne très faible, un travail sur le terrain plus qu'insuffisant, des moyens inexistants, de la paresse, de la griserie au vu des interventions et des grands orateurs d'El Massar sur les médias, peu de mobilité, l'absence d'un plan d'actions rigoureux ... Des voix fortes, intelligentes, sûres, des raisonnements matures et solides, des membres à forte assise mais un échec cuisant, difficile à admettre. C'est la politique.
Aujourd'hui, que j'ai le temps d'écrire ce papier, aujourd'hui que la Tunisie est pliée en deux, que la Tunisie se redresse du choc consécutif à l'attentat du Bardo, aujourd'hui que l'air est trouble, des voix claires devraient se faire entendre et un parti comme El Massar se restructurer, se remettre sur pied, aller vers les jeunes, exprimer ses valeurs et élargir sa base.
C'est dans les grands moments, les moments forts, les crises, le déséquilibre, le péril que le travail est impératif, parce que les Tunisiens ont besoin de croire que des idées et des Hommes sont en mesure de donner de l'espoir et de l'élan.
Bravo Mohsen B. de la simplicité du propos et de la sincérité de la démarche. il y a un réel besoin d'authenticité. Et Fadhel Moussa sera toujours M. Le Doyen. C'est toute la différence.

samedi 28 février 2015

Étranger moi-même aussi ... XIII.

XIII.

"Je me sens comme un enfant perdu et pourtant j'ai une femme, un foyer et de l'éclat. Une femme merveilleuse, un appartement cossu mais un éclat de façade. As-tu vu Le bel Imparfait ? Et L'Arrangement ? Non plus ? Et Proposition indécente ? Vous n'aimez pas le cinéma, les grands réalisateurs, les grands auteurs ? Un truc de riches ? Peut-être, oui.

Claire et moi aimons les livres, les manuscrits tout particulièrement et les objets rares, nous courons les expositions et les ventes aux enchères. Vous trouvez cela drôle à ce point ? Votre rire est particulier mais il rompt la glace ... il est spécial mais si résonnant, pourtant le bruit est insupportable.

Votre appartement est chaud, assez petit ... je vous remercie, d'accord je te remercie. Ma présence ne vous gêne pas, je t'attends dehors ... Non, c'est que je suis un étranger. Je suis confus ... Étranger à moi-même aussi, vous savez. Je suis un enfant souillé et puis humilié et puis humilié et puis mon père me prédit un avenir de pompiste, j'ai même tété la grande chienne à deux ans et j'ai un amour exclusif des chiens. La veille de ma mort, je jouerai avec ma chienne et elle fera son cinéma une baguette dans la gueule. Elle voudra me plaire. Je mourrai d'une rupture d'anévrisme. Vous riez, tu ris encore ... Tu sais les souillures des enfants, j'y ai toujours mal et il m'arrive encore de m'attarder sur les jeunes gens mais Claire a toujours le bon mot pour me remettre sur les rails. C'est une femme rare et aimante et si forte et si présente, c'est une sommité vous savez. Tu ne sais pas ce que cela veut dire ? Peu importe.

Et puis Sarah, ma sœur était très belle, elle l'est toujours et elle a plus de quarante ans. Je me souviens de Barbara une amie italienne qui me dit que ma sœur était bien plus belle que moi. J'avais arrêté d'écouter. J'adore ma sœur, c'est la femme de ma vie pourtant je l'ai haïe et j'avais même souhaité sa mort. C'est terrible hein. Non ? Tu sais, j'étais plus brillant qu'elle à l'école mais elle était rapide et les concours auxquels mon père nous soumettait me donnaient mal au ventre.

Claire ne veut pas que je parle de cela, elle dit qu'il y a un âge où les choses deviennent précieuses, ou les choix doivent être faits. Elle a toujours raison mais j'ai le thorax opprimé et je dois sortir, je devais sortir ... Je suis intelligent et je travaille, le travail est mon sacerdoce, c'est ma seule préoccupation. Mes préoccupations intellectuelles ne sont pas celles de tous, je travaille sur les livres anciens, c'est difficile et je suis à mon bureau tous les matins à quatre heures. C'est un savoir immense ... Et puis Claire me sait intelligent et laborieux, elle se réveille avec moi et me prépare mon café, une femme qui vous fait cela ... Et une femme libre ! Elle est exceptionnelle. Je viens de m'offrir un Mont-Blanc, rare ... Pourquoi une honte ? C'est un prix raisonnable pour cette qualité-là et puis c'est pour le septième manuscrit. Cela vous choque ? J'en ai un pour chaque exégèse. Vous, tu sais quand j'étais môme ou presque, j'ai été chez les putes avec le gardien de Belle-Ville, la propriété de mon père. Je ne savais même pas ce que c'était, c'était lui qui m'en parla pour la première fois, lui, le souilleur, il ne ratait rien et de sortir de son bourg pour monter ici a éveillé tous ses démons. Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui est mieux, je ne sais plus. Je n'ai plus la trace de Marcel. Même si vous êtes une pute, vous avez de l'allure et puis qui n'est pas pute au final ? S'il vous plaît, ne soyez pas vexée ! Tant mieux. J'ai tellement de chose à vous dire et puis ... "

Il se tut. Que faisait-il dans une chambre de bonne avec une inconnue qui s'esclaffait presque à chaque instant ? Une inconnue au regard tantôt insolent tantôt provocateur tantôt moqueur, une inconnue qui sentait fort des effluves d'encens, et puis Claire et Liszt ou je ne sais qui ? C'était troublant. Mais les mots s'imposaient dans cette chambre des toits, ils s'im-po-saient, grave. Cela déferlait de partout et les commandes étaient introuvables.

mercredi 25 février 2015

À Jean-Michel Pollyn

Que dire à ceux qui n'ont pas été suffisamment écoutés ?
Qu'espérer de nos mots ?
Nos mots et leur entendement ?
Dire et dire et encore dire jusqu'à l'extinction,
À ceux-là même qui ne furent point entendus.
Il y a mal à voir l'autre ne pas savoir prêter l'oreille.
Les mots se replient et le regard prend place.

La glace et puis l'autre,
Soi-même bizarre et comparable à notre voix
Notre voix différée parvenue à nos oreilles.
Je me vois mieux dans tes prunelles
Quand elles brillent de moi.
Aimer c'est fort, s'aimer c'est tout.

Je peins l'essentiel,
Ce qui donne vie et le regard.
Écrire est nécessaire car la trace dure
Et sa durée est encore moi
Après le noir de la nuit.

Je ne sais ce que c'est que s'éteindre,
Je sais que c'est un rien,
Après un segment haut en couleurs,
Plus bas et plus haut que jamais
Disait le Poète.
Finalement si bas,
Qu'il y a tant à faire ici et maintenant.

Oui l'ami ou l'amant ou le frère ou mon semblable
Je me voulais ébène pour hurler la honte,
La pauvreté de ceux-là qui sont bêtement hautains.
Une couleur de vie, d'éclat et de terre,
Celle-là même qui hante tes nuits.
Regarde l'amant, ces yeux de jais
Et pense qu'ils te sourient chaudement.

Encore un Poète, de fureur et de rêves,
Parti en fumée parce que de brisures,
Il les choqua.
Regarde-toi l'ami, l'artiste et le penseur,
Ta beauté transparaît à travers l'outil,
Et de toi et de tes sens,
Nous nous emplissons chaque jour.

Alors dure tant que le jais brille,
Sa brillance est ta vie,
Et ton segment est l'éclat de ses yeux.

Entre colonne et sofa douteux... XII.

XII.

"Mes pensées désintoxiquées", ainsi finit-il sa missive. Une signature blessante.

Ce qui étonne toujours dans les relations humaines est l'amour. Le sentiment le plus vrai et le plus égoïste aussi. S'aimer à en perdre le souffle et puis se haïr et se faire la guerre. Et passer à autre chose et ainsi de suite. Non, ce n'était pas ainsi qu'il fallait procéder, il y a aussi embellir les choses et la vie et s'en imprégner. Tout va si vite qu'embellir ne peut que revêtir une cadence lente qui étire le temps et contraint la mort. Un peu, du moins.

Elle l'inspecta avec volupté de la tête aux pieds, histoire de scruter l'emplacement de tous les grains de beauté de cette peau de femme, la peau de sa mère dont il lui montra une photo. Une créature tout en raffinement et d'une grâce rare. Une peau fine et fraîche. Et puis cette grande ourse sur la joue droite. Il ne s'aimait pas dans le fond, repoussait sa main câline violemment et inconsciemment lors de ses sommes. Elle passa en revue, à haute voix, ses yeux, son nez, sa bouche. Seule cette dernière avait grâce à ses yeux. Il aimait sa bouche, "son miroir le lui prouva."

Et puis des mots et encore des mots mais rien sur l'épisode innommable, sauf une fois sans y prendre garde mais elle ne fit pas de commentaire. Eva le trouvait gentil et utile mais Claire l'aimait.
Eva allait lui faire dire tout le tabou consenti avec Claire, il n'y avait pas d'interdit avec elle et dans tous les cas de figure, son histoire à lui est celle des riches. Dans le fond, elle en faisait peu de cas, elle en riait même, d'un rire amer. C'était quand elle était seule avec elle-même.

Claire savait tous les dangers à remuer le passé, elle était fin psychologue et connaissait la nature de son homme, son milieu familial, la carrure de son père et ses manières sans détour, son côté Asperger, sa dysorthographie, son abord des femmes, sa sensibilité, son souci d'aplanir toute aspérité. Il haïssait les difficultés et ne pouvait leur faire face à tous les coups. Bref, Claire était sa colonne vertébrale mais visiblement, il avait besoin de s'allonger sur un canapé douteux avec toutes ses affaires. C"était ainsi. Une introspection décalée.

L'Innommable... XI.

XI.

Rien ni personne n'avait grâce à ses yeux et puis il faisait partie de cette catégorie de personnes ouvertes au passé, ouvertes à la reprise ne serait-ce que verbale de ce qui fut. Et ce qui fut pour elle était enterré. Ce n'était pas la même chose.

Pour Claire, l'équilibre d'une relation était l'ordre, la beauté, le regard et le sourire, les plaisirs quotidiens, les échanges intellectuels au soir, au coin du feu, autour de mets raffinés. Il n'était plus là, il courait derrière lui-même et voulait presque retourner vers les parenthèses fermées. La douleur de l'épisode clos sur décision - certes sage - de Claire. Il fut confus, apprit à se ranger pour vouloir redevenir confus et comprendre le pourquoi de ce qu'il était, de ce qu'il est.

Les hommes sont si fragiles et le temps si court, pensa Claire. C'était trop d'exigence et de rectitude.
Eva lui offrait l'opportunité de se laisser aller, d'ouvrir les pages d'un vieux livre en friche, un vieux livre douloureux. C'était quoi déjà ? Un séjour là-bas, dans l'innommable, pour être parti trop loin ...

De cela, Claire ne voulait plus parler. Pour elle, tourner la page doit être définitif et puis il y a tellement à faire et à aimer. À plaire aussi. Certaines portes doivent être emmurées, cela vaut mieux ainsi. Et pendant des années, il en fut ainsi, pour elle et pour lui. C'était sans compter les ébréchures du temps.

Et il y était et Eva comprenait très bien, malgré son inculture, ces arrêts-là même si pour elle, il s'agit d'avancer, de foncer même. À chacun son combat. Le sien était bien plus dans l'urgence malgré ses déhanchements mais cela c'était tout autre chose. Et il s'installa chez elle dans sa minuscule chambre de bonne, dans sa poussière. Il y avait quand même la beauté d'un abat-jour rare.

Et puis des mots, des flots de mots.

mardi 27 janvier 2015

Penser et rien que d'y penser ...

Savez-vous ce que c'est qu'une tête qui explose ? Une tête trop remplie ? De choses essentielles et rares et de tellement de subtilités ? Et puis décortiquer et décortiquer ?
Il n'y a pas d'emprise sur le fonctionnement des têtes trop vastes ou très peu. D'abord parce que le sujet ne le veut pas et ne se voit pas autrement. Et puis parce qu'arrivé à certaines îles, beauté, richesse et opportunités réflexives vous dissuadent de toute forme d'intelligence purement pratique.
C'était leur cas. À deux, c'est difficile d'avancer quand on est identiques. Et la différence dans ces cas-là est une plage de tout repos. Question de maintenance.

Elle était trop sévère, exigeante et elle avait ses repères à elle. En comparaison, les autres tombent. Voilà pourquoi, elle décentrait peu. Et puis, l'Homme se construit et plus sa construction lui paraît solide, plus il s'y complaît et ne regarde plus tellement alentour. Elle était ainsi. Invivable. Avec les autres mais dans la plénitude avec elle-même.
Et lui, à l'identique, et peut-être même, ou plutôt sûrement, d'une façon plus pointue car sa vie intérieure était totalement fermée et axée sur la réflexion. Question de temps aussi. Bien que la journée, il courait souvent. Et puis marcher et marcher et encore marcher en même temps que ça courait dans sa tête. De tout, des images et des interprétations, une colline et de la réverbération, de l'air et des pas furtifs d'animaux, des couleurs et des senteurs et des pensées, que des pensées...
Et puis un combat physique extraordinaire, au quotidien, pousser, se relever, s'étirer, soulever, faire monter le rythme, haleter, suer et puis Être. Être le mieux du monde ou de la meilleure façon qui soit : aux aguets des perturbations.
Parce qu'à un moment de l'existence quand le poids du monde se fait sentir, des peurs émergent nourries de nos enfances et de nos incompréhensions, des nôtres et de leurs délires et de leurs incompréhensions propres, des peurs multiples et variables, capricieuses et insidieuses et qu'il faut lutter ou se laisser dévorer. Autant lutter et c'était le choix le plus à faire et à entretenir.
Et il luttait tous les jours avec une détermination renouvelée et admirable. Lutter pour se maintenir car gagner est un leurre. Reste à s'offrir des étoiles et des étincelles de vie. Une histoire récente, belle et forte mais dangereuse de dépendance. Se regarder dans les yeux, regarder l'autre, s'y voir, se voir en lui et le retrouver en soi. Cette fois-ci, une retraite double et délirante.

Un matin, un vendredi heureux, il montra à son double, fondue dans la quiétude d'un torse tendre et fin, son avant-bras et sa peau légèrement affaissée. Un instant de saisie du temps qui coule et qui marque ... Elle n'y prêta pas attention dans le refus de voir l'objet de ses hantises et puis ce livre toujours tapi et pourtant retenu par un éditeur célèbre ... La ligne de vie, cette fois-ci loin du creuset du cou mais c'était à l'identique. Cet instant choquant où l'on passe de la vie-sourire à la vie-sourire intermittent. La saisie d'une vacuité si pleine et si belle. Cet homme-là était d'une sensibilité extrême et à deux ainsi pétris, cela sentait le roussi ( pour le dire avec humour ).

Pourquoi son intérêt est-il toujours dans l'intelligence ou douloureuse ou éclatée ? Pourquoi et comment nos chemins se croisent-ils souvent pour écrire des histoires particulières mais si particulières ? Pourquoi ne pas tout bêtement comme on le lui demande alentour, s'inscrire dans un réel calculateur ? C'est d'un confort plat et puis on avance sans plus tarder, léger d'inconsistance et de menus calculs.

Les grandes histoires vous dévorent votre être et votre segment et vous vident impitoyablement. Et puis, il y a un âge pour cela. C'est sans compter son être profond. Un vrai dilemme pour l'heure. Une seule chose sera décisive, un ciment non négociable, la seule croyance d'ici : la vérité du propos.

Une déroute, des sentiments qui consument, un autre aux antipodes de soi en dehors du réflexif et de ses afférents, de la culpabilité, la petitesse des petites gens et l'irritation qui en découle, des êtres de soi libres aujourd'hui de cette liberté angoissante, le funambule lui dit-il et il vit juste comme toujours, la corde raide.
Et puis " l'imposture " qui n'en était pas une le concernant mais la réalité de lambeaux de chagrin qui lancinent périodiquement en fonction des aléas des journées plates, de la vie plate, de cette inscription nécessaire dans un réel vital et décideur, un réel de survie. Il reste la belle pensée de ce torse tendre et fou, de ses battements qui s'agrippent à ses oreilles, qu'elle couvre d'amour parce que de les entendre, ça tremble de bonheur et de peurs. Une déroute et des bruits alentour qui courent de tueries, de viols, de terreur, de morts gratuites et d'offenses, d'un ennemi commun disait l'autre, le " basané " ...
Les Hommes s'oublient êtres mortels, au quotidien, pour crier, accuser, haïr et tuer. Pour s'occuper tristement et impitoyablement. Elle avait tellement mal aux hommes qu'elle décida de se relever, parce qu'il le faut, se relever et affronter et puis surtout semer de plus jolies graines, des graines faites de Renoir et de Rubens, d'Eluard et de mots fins. C'est aussi cela le segment, c'est surtout cela pour elle.
Elle attendait la suite son canevas à la main, l'outil de mesure de ses convictions intimes. Elle savait qu'il ne tarderait pas.C'est l'histoire de deux fragilités extraordinairement fortes.


" Un ciel trop vide n'est d'aucune aide mais c'est ainsi." 

lundi 26 janvier 2015

La porte des Enfers. X.

X.
Avec Eva c'était différent, c'était sans tabou et sans élégance du verbe, sans élégance du tout. Eva était la femme "brut", sans fioritures. La femme aux mille défis. La femme-défi et insolence et c'était le lieu même de tous les épanchements puisque rien n'était violent en comparaison avec ce qu'elle vécut. Même pas ce qu'il enterra maladroitement avec Claire dans un silence minant. On ne peut tourner des pages de vie en toute impunité. Claire le savait mais croyait dur comme fer en la nécessité de DÉCIDER. Il décida mais en surfait. Il décida mais n'oublia pas. Et puis maintenant que la vie s'impose à vous comme une image obsédante, comme un rappel constant de ce que l'Homme voulut et veut à tout prix dépasser et oublier à travers les temps, maintenant que l'épée est de plus en plus menaçante, la boîte de Pandore s'ouvre d'elle-même et toutes sortes d'effluves se dispersent trop fortement et trop librement pour qu'il puisse contrecarrer quoi que ce soit et ce malgré " la nécessité de décider " de Claire.
Claire est une femme debout, Eva est tout en déhanchements et en déambulations à l'image de ses réflexions qui rejettent de plus en plus toute forme de commande.
Ces parenthèses tues devaient être dites, dévoilées car trop minantes et de plus en plus fantasques. Une page de vie comme une autre au final même si ce n'était pas la plus belle.

" Mon cher Enest lui écrit-elle, les choses ne peuvent aller ainsi. Il est salvateur de revenir à moi, à nous. Il faut de nouveau refermer ces pages déstabilisantes parce que la vie est courte et que décider est une solution. Oui une solution à la douleur consumante. Quelle utilité y a-t-il à remuer la fange à l'heure où il faut avancer ?
J'ai compris ce départ, cette femme, ce besoin d'un retour vers le silence consenti. Sans conviction ? Et moi alors ? Votre Claire des jours sereins. Non, non, il n'y a pas lieu et je suis en déphasage totale avec toute psychanalyse. Le silence est bon et ressemble à la vie. Revenez mon Enest et fermer la porte des Enfers. "

Il y a des moments dans la vie où il faut savoir attendre et Claire ne le put. Parce que l'Enfer s'impose par peur du crépuscule et de la tombée de la nuit.

Eva, elle, connut tous les affres de l'existence, la plus grande des misères, le dénûment total, la rue et puis la plage et vendre des fruits et puis sa beauté en décida autrement et maintenant c'est lui. Sa richesse, son élégance, sa culture, rien n'y fait, il a besoin de remuer un passé douloureux et pour cela, il n'y avait pas mieux qu'elle. Et il le sentait et le savait.

lundi 12 janvier 2015

La marche des canards.

Billets d'humeur

1.Écœurée les gars. Tuer des journalistes et des caricaturistes est immonde. La liberté d'expression n'est pas négociable, l'homme est né pour parler et s'exprimer. En même temps, pourquoi porter atteinte au sacré de plusieurs millions de personnes même si le mot sacré pour bon nombre ne veut pas dire grand chose ? Oui, pourquoi ? D'autant que les journaux plus que jamais en difficultés - du moins certains et par ailleurs nombreux - choquent pour vendre du papier. C'est d'une platitude vous me direz et vous aurez raison.
Suite à cela la récup´ arrive à grand renfort et le "Rassemblement de la République" est mené par un assassin qui joue des coudes pour être au premier rang.
Je ne sais plus que penser. Horrifiée. Ecoeurée par la politique spectacle. Choquée par le non-sens : des tueurs manifestent contre le terrorisme et les terroristes qu'ils sont eux-mêmes ailleurs. Les politiques sont des nuls qui vendront père et mère pour arriver au pouvoir, pour se hisser au-dessus de tous.
Et puis la mémoire est courte. Il n'y a pas lieu de faire des comparaisons l'horreur est l'horreur. Cet été, des d'enfants mouraient sous les décombres, mouraient debout, hurlaient la mort des leurs. Les journalistes se frottent les mains, du sang du sang pour trouver à écrire. De l'émotion, des réactions et de l'oubli. Jusqu'au prochain crime. Et ainsi de suite.

2.Et puis il y a mourir et mourir. Ce n'est pas pareil. Il y a les oubliés de la mort orchestrée, du crime, du terrorisme. Tout le monde n'a pas droit à la même réaction.  Et puis, il y a les oubliés des prisons, ceux qui croupissent à l'heure actuelle ici et là pour avoir écrit et qui sont dans l'oubli. Il va falloir attendre les périodes creuses de la presse pour qu'ils remontent à la surface. Il faut vendre du papier les gars.

3.J'en ai marre les gars des dogmes, des doctrines, des systèmes de pensée qui pourrissent nos vies. Vivre et mourir sans rien y comprendre déjà et partir dans le chaos, le crime organisé, les tueries. Et puis un crime après l'autre, une guerre après l'autre, des foyers de tension montés et attisés ça et là pour " l'équilibre du monde " ou pour se désennuyer. Allez savoir. La politique n'organise pas la vie des hommes, elle la désorganise pour exister. Une poignée d'hommes qui gèrent le monde en le désarticulant. Soit les réfractaires à tout cela baignent dans l'angélisme, soit le monde est malade, soit le monde doit être malade pour exister, soit exister c'est tuer l'autre. Qu'est-ce que l'humanisme dans toutes les acceptions du mot ?

4.Mal aux hommes les gars. Vraiment. Et là rien, ni le Beau, ni Eluard, ni Chopin, ni le regard rieur débordant de l'élan vers l'autre, débordant d'affection. Rien. Comment donc continuer la marche avec la vue obstruée ? La tiédeur des convictions et de cette force inestimable qui me projette vers l'autre ? La marche des canards et des nains de jardin. Une platitude insidieuse et froide qui vous engourdit les membres et la tête.

Partir serait de tout repos ? Une pensée comme toujours.