jeudi 19 mars 2015

El Massar


Il y a quelque temps déjà et, précisément, après les législatives, j'ai été conviée par Mohsen B. à une réunion à la section banlieue Nord d'El Massar. Un parti que je trouve droit, juste et vrai et dont les leaders ont, tout particulièrement, sous la troïka, fait montre d'une intelligence et d'un pointillisme hors du commun, de surcroît en comparaison avec tout ce que l'on a pu voir et entendre durant trois ans, naïveté, malhonnêteté, opportunisme, vulgarité, autoritarisme et j'en passe. J'ai une affection et une sympathie toutes particulières pour Ahmed Brahim, son engagement, son honnêteté, on reste toujours l'apprenant de son professeur d'ailleurs, mais mon respect à l'égard de ce parti, mon attachement à ses valeurs, ma profonde conviction de son honnêteté est le résultat d'une réflexion mûrie et d'une certitude profonde.
Le Doyen Fadhel Moussa était attendu et l'objectif était de réfléchir à l'échec cuisant d'El Massar aux élections, d'essayer de comprendre la fragilité du parti, la faiblesse de la campagne ...
Si Fadhel Moussa arrive à l'heure, avec son élégance et sa discrétion habituelles, l'homme est respecté de tous au sein d'El Massar et par bon nombre de Tunisiens : la sobriété, le mot juste et l'honnêteté intellectuelle et politique. Du charisme à en revendre et du charisme tout naturel. Parce que le fabriqué existe comme chacun sait. Pour ceux qui voient mal.
Étaient de l'assemblée Moez Karoui, membre du conseil central, la députée Selma Mabrouk, membre du bureau politique, Naceur Yahia membre du bureau politique, Mohsen B, membre du conseil central, des adhérents et des sympathisants comme moi en mal de famille politique vraie et à cheval sur ses valeurs. Mohsen B. est de toutes les implications, organisateur, interventionniste, fidèle des fidèles, afficheur ... A ma remarque personnelle concernant son parcours, sa sincère adhésion, il me répond par un simple : " J'apprends ". De la simplicité chez les massaristes et un désir d'authenticité. Cela me convient parfaitement, je n'aime pas les caciques ni les partis industrie et testostérone.
M. Le Doyen était très déçu. Peut-être même plus. Trois années de présence et de présence effective, d'implication. Samir Taieb, Selma Baccar et d'autres.
Slim Riahi qui passe et quasi en tête. " Aucune commune mesure, fis-je remarquer, chacun garde sa place et son aura ou " sa thune " parce que d'aura chez Slim Riahi, c'est quand même un peu difficile". Et c'est là où je me dis en mon for intérieur que l'honnêteté ne paye pas dans le monde de la politique spectacle et finances. Et la Tunisie y est, les hommes d'affaires ont compris que la politique est au-delà de la puissance trébuchante, bien au delà et l'ultime geste de ces puissants est d'y mettre un pied, voire deux ou plus ...
Le Doyen était très abattu, aucun député massariste et bien qu'il sache que tous les opposants au parti Ennahda ont renforcé Nidaa dans l'objectif de faire barrage aux islamistes, rien n'y faisait. La conjoncture a acculé tous les opposants au projet sociétal islamiste à déserter leur famille première. C'est aussi cela la politique : contrecarrer.
Nidaa sans conviction mais pour contrer l'autre et ensuite Nidaa s'il "caméléonne" et c'est d'actualité. Un tour de table, quelques interventions, des mea-culpa, une campagne très faible, un travail sur le terrain plus qu'insuffisant, des moyens inexistants, de la paresse, de la griserie au vu des interventions et des grands orateurs d'El Massar sur les médias, peu de mobilité, l'absence d'un plan d'actions rigoureux ... Des voix fortes, intelligentes, sûres, des raisonnements matures et solides, des membres à forte assise mais un échec cuisant, difficile à admettre. C'est la politique.
Aujourd'hui, que j'ai le temps d'écrire ce papier, aujourd'hui que la Tunisie est pliée en deux, que la Tunisie se redresse du choc consécutif à l'attentat du Bardo, aujourd'hui que l'air est trouble, des voix claires devraient se faire entendre et un parti comme El Massar se restructurer, se remettre sur pied, aller vers les jeunes, exprimer ses valeurs et élargir sa base.
C'est dans les grands moments, les moments forts, les crises, le déséquilibre, le péril que le travail est impératif, parce que les Tunisiens ont besoin de croire que des idées et des Hommes sont en mesure de donner de l'espoir et de l'élan.
Bravo Mohsen B. de la simplicité du propos et de la sincérité de la démarche. il y a un réel besoin d'authenticité. Et Fadhel Moussa sera toujours M. Le Doyen. C'est toute la différence.

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