Mercredi 8 février 2006, 21h.
« Coach, je ne sais pas ce qui m’arrive. Je ne tiens pas en place. Il y a quelque chose en moi qui me tenaille. Je n’ai plus la maîtrise de mes gestes. Il y a comme une agitation en moi dans mes mouvements mais aussi dans mes boyaux ou mon estomac ou mon cœur. Je ne sais pas. Pouvez-vous venir s’il vous plait ? Je suis dehors justement mais le froid ne me calme pas. Je ne sais même pas s’il fait froid. J’ai comme un tsunami en mon for intérieur. Et je bouge dans tous les sens. Venez svp, venez !
Que vais-je vous décrire encore ? Je vous ai tout dit. Je ne sais pas ce qui se passe. Comment ça, je me calme ? Je vous dis que c’est en moi. Je ne suis pas en train de m’arracher les cheveux ! C’est en moi, je vous dis. Je ne tiens pas en place.
Vous m’envoyez un médecin ? Pourquoi, je suis en train de mourir là ? »
Jeudi 9 février 2006, 7h.
« Je ne sais pas si je vais mieux Coach. Le médecin m’a donné quelque chose, cela doit être une drogue. La nuit a été terrible. Une souffrance. J’ai une oppression thoracique et une pression intracrânienne depuis deux jours. Je ne sais ce qui m’arrive. Tout à l’heure, j’ai eu un moment de répit mais c’était un mensonge. Je sais que vous n’êtes pas médecin mais je sais votre honnêteté. Aidez-moi. Un flux d’émotions ? Que faire ? Peut-on ranger de nouveau ma tête ?
On n’en est plus là ? Cela veut dire qu’il en est fini de moi ? Suis-je en train de partir ? Mais je ne peux plus dormir ! je suis submergé par un tas de choses que je ne sais même pas nommer ! »
Lundi 13 février 2006, 12h.
« Oui, Coach, c’est vous ? Je ne sais pas. Je crois que j’y suis encore. Oui, je crois. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Peut-être. Je ne sais plus. Venez. Avant que je ne meure. Venez. Oui. Non, je ne crois pas. Non, je ne sais pas. Oui, j’y suis encore. Il y a un plateau là. »
Vendredi 17 février 2006, 15h.
« Bonjour Coach, merci. Peut-être. Je dors. Je ne peux pas. Lever le bras est un geste très difficile. Je ne sais pas. Je crois que je suis un zombie depuis quelque temps. Vous viendrez la semaine prochaine ? Vous croyez ? Merci. Juste vous tenir la main. J’ai peur Coach. »
( Janus a fait du corps l’essentiel de son existence. Et très rapidement, il tomba dans l’addiction des dispenseuses de plaisirs éphémères. A 30 ans, il eut un naufrage dans sa tête et sa poitrine. D’un côté les plaisirs s’affadissaient, de l’autre ses jugements sur lui-même, extrêmement sévères, eurent raison de lui.
Durant dix ans, il passa d’une relation à une autre. Ses choix se faisaient selon l’intensité du plaisir. Beaucoup de casseroles trainées, de conséquences non pesées, d’à-côtés qui exigeaient un minimum de bon sens.
Et le voilà à près de 30 ans, dans l’addiction du c… et du cannabis.
Ne pas savoir gérer sa vie, ses plaisirs, sa santé, ses émotions, être son propre inquisiteur, être dépourvu d’un minimum de volonté, de maturité, de pondération, ne pas savoir fixer ses priorités, mettre le holà sur ses propres dérives, ouvrir un grand oeil sur la réalité … autant de facteurs à même de susciter le pire des naufrages.
Ce n’est pas un pro du ménage mental qui va pouvoir prêter main forte mais bien un praticien et du chimique, d’abord et pendant longtemps.
30 ans, un âge sublime de vie et un Janus dans le handicap physique, psychique, existentiel, ontologique ... Ce sera long. )
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire