vendredi 19 février 2021

Fausty, 8

 






Carthage, 

Introspection,

Journée d’hiver drappée de printemps,

Parce que la Nature échappe à la folie des hommes, à leurs diktats, à leurs errements.




Elle regarde la Méditerranée et dit :

 

"Rien ne nous échappe de ce qui nous appartient. Même pas les êtres chers. Sauf travestissement.


Le mensonge ne fait pas le Beau. Il fait le cœur battant de l’interdit et de la peur.


La vie est un long chemin d’exploration silencieuse parce que la complicité des êtres dispense des mots. Les mots sont de trop dans l’osmose. 







 

Je regarde cette mouette, elle est seule. Les autres sont au loin. Elle a choisi son port après quelques errements. Elle a cru mais tout compte fait c’était un mirage. Celui d’une force heureuse, besogneuse, chercheuse, refusant l’exil.

 

Quelquefois l’exil est harmonieux. Parce qu’il répond à nos exigences de l’ici-maintenant, du toujours. Harmonie de l’être profond.

 

Les mots peuvent se renouveler, seulement en cas d’osmose. Les mots transcrits à l’encre de la pensée, à l’encre du cœur juste sont des fluides de vie, inhérents au souffle.



 

Non on ne perd que ce qui n’est pas à soi. Voilà pourquoi le Ténébreux est partout aujourd’hui à l’heure des pas de danse Divine de demain et des jours de printemps à venir."







- Déblayons, voulez-vous, dit le Coach en souriant. C'est toujours un plaisir d'écouter un Scribe.

mardi 16 février 2021

Boire Goodis et Myazaki

 






« N’oublie pas de murmurer les mots qu’il faut à l’oreille de ton futur mari afin qu’il sache ta personne complète et ton essence. »

 

Divine, sensible comme l’air léger du petit matin de mai. Il faut regarder ses longs doigts d’artiste pour deviner cette fragilité au fond de son être de créatrice.

 

Une toute jeune fille qui buvait Goodis, Emma Goldman, Guns N’Roses, Dali, Myazaki … pêle-mêle au café, le midi et le soir. 

 

Grands yeux verts ouverts sur le monde et un sourire à tout-venant. 

 

Un amour des animaux et un nom d’artiste empruntée à la petite boule qui avait peur de descendre la marche.

 

Et puis un jour, elle se recroquevilla sur elle-même, demanda à tourner à gauche quand la destination se menait par la droite, baissa sa capuche jusqu’à son nez, dit ne vouloir voir personne et dormit trois jours. 

De s’être tue, de s’être nécessairement éloignée, d’avoir voulu trouver « l’Homme volant au long manteau » de sa sœur. 

Surcharge sur un corps frêle et un esprit désorienté. Supra sensibilité d’une personne ignorant  les coups de l’Absence.

 

La vie vous fait grandir avec des coups sur la tête, du trémolo dans la voix et des coups d’épée au cœur.

 





Le soleil est au beau fixe ce matin. Il rayonne d’en-dessous les longs doigts créateurs de cette artiste complète et rare. La journée est aux couleurs d’Agartha et le bonheur surgit des abysses de la terre.

 

Divine de toi, rosis tes joues et avance au rythme de ton cœur donateur et ouvert à la détresse des plus silencieux.

Empourpre ta bouche d’éclat aux dimensions de ta personne, lumineuse. 

Illumine tes yeux de rires heureux et verts 

Les beautés du monde s’offrent ta silhouette fluide de Sylphide couronnée.


 

Grâce d’un être de bonté, de bonté pure, offrande à l’homme aux mille sourires.





                                           Quelque part ... 

 

 

 

 

samedi 13 février 2021

Ils sont où les jours heureux ?

 



Ils sont où les jours heureux ?

Ils sont où ? Les jours légers, les jours fous.

Les jours de passion. Les jours de rire, les jours des doigts croisés-serrés, les jours de peau rieuse.

Ils sont où ?

 

J’ai sous les yeux le spectacle de la vie d'hier, ses moments puissants, ses moments indolents, ses moments têtus, ses moments sourds.

 

Temps creux aujourd’hui, temps vide, absence de velléités de vie-passion. Sans passion, le Beau vacille et l'humain a froid. 

Il a besoin de regards émerveillés.

 

 

Je vais consulter les sonorités et les notes. L’oubli est là aussi. Froid.

Le temps est quasi mort et le souffle est suspendu

 

Ils sont où les jours heureux ? 

Où les trouver 

Quand le silence est de plomb ?

 

Une chape étouffante,

Existence suspendue.

 

 

Les jours de cris chavirants

Les jours de hurlements désespérés 

De l'impuissance à Être 

Sans errements et sans serrements ?

 

Elle est où la fenêtre du monde,

La grande, la belle fenêtre du monde,

Celle en plongée 

Où lhomme est Créateur ?




 

 

Ils sont où les jours heureux ?

 

Pèlerin, je cherche,

Je retourne,

J’interroge,

Je scrute.


La forge est déserte.

La main refuse de refroidir.

Mais le regard n'a pas son étendue.





vendredi 12 février 2021

Les jours froids de mai sont injustes, 2

 

C, Fév 21

C. de Coaching Psy. et PNL


                                         La Scala de Carthage, Fév 21



Nous avons convenu de cinq rencontres-échanges-ordonnancement. Ce Monsieur regardé de biais, ensuite catalogué et enfin oublié a la parole laborieuse dans le vaste champ de la pensée. 



 

« Il fait beau Coach et la mer est splendide. Vous voyez la Scala là-bas ? C’est depuis que je m’y installe pour réfléchir que l’on ne m’adresse plus la parole. C’est quand même un peu hâtif. 

Or, je parle à la mer et elle me répond. Une période, elle s’était tue et j’ai vécu cela comme un terrible abandon. Les hommes m’intéressent peu, surtout les plus rapides. Ils sont sourds et obtus de partout mais la mer, elle, est tout autre chose. 

 

A 30 ans, je devins impuissant. Dans ma tête et dans mon corps. Impuissant dans ma pensée. Ce fut très difficile. Une crise. 

 

La toute première fois, ce fut devant mon lieu de travail d’alors, je m’étais mis au garde-à-vous, j’avais le corps tendu comme une corde raide. J’avais eu des signes quelques semaines plus tôt mais je leur avais donné d’autres explications. Je ne répondais à personne de ceux qui m’approchaient. J’avais conscience de leur curiosité, il y a même eu un petit attroupement. Et après, ce fut les proches.

 

Je n’avais pas de prise sur mon corps ni sur ma tête ni sur rien. J’étais un tas de nœuds terribles et par la suite ne trouvant pas d’explications ni de repos, je sus que la nuit, certains avaient coulé du plomb dans mes muscles et mes artères. Et commencèrent après cela des jours terribles, des mois obscurs et des années dévoreuses.

 

Je n’aime toujours pas évoquer cette période de ma vie. Même pas avec vous. Sauf par allusion. Certains jours. Sauf quand la mer est proche. Parce qu’elle seule connait l’intensité de mon naufrage. Et vous m’avez tendu la perche des mots. Merci Coach.

 

Quand on a aimé la mobilité du corps comme moi, son immobilité rend fou. Je n’avais pas non plus les bons outils comme un peu aujourd’hui. Un peu, je le sais. Mais j’ai de la sensibilité, c’est une intelligence. La société la déconsidère mais c’est pourtant une piste intéressante.

 

Le plus dur Coach, c’est le désordre mental, le chaos des idées. Une sirène hurlante et des feux clignotants de partout, là où je m’oriente. Assourdissant. J’allais de ma tête à mes mains, de mes mains à mon membre, de mon membre à mes oreilles. Mes yeux vacillaient et de terribles coups de gong me lacéraient le peu d’organisation mentale que j’avais. Et le plus vicieux, c’était l’alternance, boucan et paix mensongère.

 

Le chimique a expliqué* mais n’a pas remis les choses en place. Il a délayé le temps, c’est bien aussi. Mais ce sont les mots. Dénouer les rongeurs semés. Par les êtres, les situations, par moi-même évidemment. Les mots sont une offrande de l’Existence. Il faut les voir, les secouer dans tous les sens, les regarder sous toutes les lettres et ensuite les combiner et les extraire. C’est là que réside la libération.


 

N’est-ce pas Coach ? »





« Oui, les mots sont des entités de sens et d’expériences et de moments et de vies, de petites vies dans la forteresse Existence. Des portes de secours et après des portes de velléités. Et vous avez su leur valeur parce que vous êtes empli de vie. Vous êtes un être de Sens Monsieur, c’est énorme. 

Monsieur est à revoir socialement, aujourd’hui, ici et maintenant. Voulez-vous qu’on aille sur votre Scala ? Vous me direz les secrets de la mer. Si vous le désirez. Cela donnera de l’encre à ma plume, du leste à mes doigts et du don de soi à mon clavier. »

 

( Sourires )



*déployer









 




 

 

jeudi 11 février 2021

Les jours froids de mai sont injustes, 1

 




C, fév 21

Cabinet de Coaching psychologique et PNL

 

 

" Les jours froids de mai sont injustes. Ils annoncent un printemps trompeur.


 

J’ai longuement rêvé hier de cette fronde de juin si brutale et si bête. Alors que juin est à mi-chemin. Ou peut-être parce que juin est à mi-chemin. Alors que se poser est vital. Pourquoi, oui pourquoi toute cette violence ? Pourquoi l’oubli du geste humain de l’autre ? Pourquoi la carence lointaine, continue-t-elle à hurler après des décades de satiété ?


 

Pourquoi le petit et minuscule amour de soi prend-il le pas sur tout ? Pourquoi ce soin malade et excessif et petit et dominé de son image aux yeux des autres ? Pourquoi ce chien enragé, teigneux et aveugle a-t-il pisté tout ce temps ? Pourquoi n’arrive-t-on pas toujours à s’en défaire ?


 

Je vous dis tout Coach, j’analyse aussi avec vous. Ce n’est pas uniquement pour avancer, c’est aussi pour comprendre les mobiles humains conscients et surtout inconscients. 


 

Je me souviens de mes 17 ans. J’étais mal avec un corps que je ne maîtrisais pas, qui bondissait et rebondissait. La solution aurait été que je m’occupe l’esprit en permanence, il aurait fallu m’aider. Mais non, cela n’a pas été chose aisée, j’imagine. Ou les moyens étaient lamentables. Oui aussi. 

J’ai aimé cette femme. Elle m’avait entrainé dans un univers que je découvris sans retenue et sans limite. J’étais devenu fou à ce moment-là mais je ne pouvais le savoir et encore moins le comprendre. Je voulais du corps tremblant, du corps puissant, du corps fougueux, du corps pressé, du corps trépignant et impatient. Ma vitesse d’apprentissage a été tellement forte que je perdis pied quelques années après. Il y avait d’autres choses aussi. Je le sais aujourd’hui. 


 

Vous avez raison Coach, on gagne à gérer sa vitesse d’apprentissage, sa vitesse de marche et d’avancée, sa vitesse d’accompagnement aussi quand on sait ne pas focaliser sur sa petite personne.


 

En réalité, ce qui me saisit aujourd’hui, c’est notre relation à l’autre sur la durée et l’intensité. En bourgeon, en mûrissement, en éclat et au moment de la tombée des pétales affaiblis. 

Cela quand on décide de rester sur un même paquebot. Je ne sais pas si j’ai eu raison Coach. Vous m'avez appris la parole libératrice. Je vous en remercie. "  












mercredi 10 février 2021

Fausty, 7

          


 



Sybilline, c’est moi. Parce que les mots sont à explorer, à étendre, à défaire et à refaire. Les mots sont inépuisables. Peu le savent, engoncés dans le sismique. Pour valser avec les mots, il faut des inscriptions décryptées, déchiffrées, remisées. Il faut du temps millimétré, du temps silencieux, du temps au souffle long. 

D’un autre temps. 



Sybilline, c’est moi, comme Fausty et tous les autres. Parce que les mots sont comme l’eau, ils tracent des sillons. Mais qui se soucie des sillons aujourd’hui à part nous les disséminés, les semés, çà et là ?

Qui ?



Sybilline, c’est moi, dans ce carrefour dévasté par l’air, de toutes parts. 



« Le bateau prend de l’eau de partout, disait Créon à Antigone impassible. Il n’y a que les héros de bois pour ne pas se plier. Se plier est une exigence sociale, aurait dit Sartre. Lui, dont les murs étaient assez protecteurs. Tant il est vrai que la matière de la cuillère est déterminante - ou pas d'ailleurs. Encore ce déterminisme en lequel il est léger de ne voir que du fatalisme. Un déterminisme dans lequel on peut inoculer des incidences. 

Après, bien après, quand on s’affranchit. 

Je le savais déjà par intuition.



Sybilline, c’est moi, comme Fausty, comme Le Ténébreux, comme L’éclatée, comme tous les Tourmentés de l’existence, en m’étirant, je fluctue. Vie, vraie Vie loin des monochromes.


Oui, les mots sont inépuisables sauf les jours d’abandon, les jours de sécheresse. Les jours froids de faire et d’agir. Des heures, en réalité. Parce que faire, défaire, refaire est l’essence même de la Traversée.



Sybilline, c’est moi, aujourd’hui, dans le silence des pendules, par choix, par temps froids et par humanisme manquant. Non, attendre n’est pas pour moi.



 

Réminiscence d’un soir d’utilité domestique où sur le toit, je me déchirai un pantalon d’art et de fluidité. Et ce pendant de moi qui rit de mon émotion : « Ce n’est qu’un pantalon, voyons ! » 

Cet être de moi à l’intelligence rare et pénétrante, si présent malgré toutes les frontières bloquées. Sybilline a inscrit dans ses eaux, ses flux et ses humeurs, vos empreintes d’Êtres à part.

Une réminiscence qui se pose d’elle-même. Ou encore ce déterminisme à visage ontologique, allez savoir !


 

Sybilline, c’est moi, en mal d’un astre luisant, porteur de velléités. Parce que le temps échappe quelquefois, se dissout. Mais je m’en vais le rattraper là, maintenant, tout de suite, à l’instant.


Sybilline, c'est moi, c'est Fausty, c'est vous et ce sont les autres, c'est Noé et sa bande dans un impératif de survie, sur le même navire. Les mots, seuls, distinguent. Les mots, les seules décorations qui vaillent.


 

« Savourons le Faire constructeur des plus prompts de nos jours ! »



                                                                                                                                          







                                                                                         


                                                                                            


#DIVCOPDA                                                                    



mardi 9 février 2021

Non, je ne suis pas un être au rabais !

 




-       Je ne suis pas un être au rabais ! dit-elle, cinglante. Pour qui me prenez-vous ?

 

Société archaïque, mensongère, hypocrite où le mensonge est roi. Société de galerie où la femme est réduite à son bas-ventre. Où elle est convoitée pour ses parties intimes. Société machiste où les hommes se croient tout permis. Société hurlant sa pudeur où tout est bâti sur la matière, le profit, les faux-semblants, les calculs, le silence, les stratégies biaisées. Et ce n’est pas fini.

 

-       Nous avons réussi ! claironnent-ils.

 

Réussi ? En quoi ? Comment ? Qu’avez-vous réussi à obtenir ? Selon quels principes ? A voix haute ? Dûment ? Que possédez-vous aujourd’hui ? Vous targuez-vous d’être riche aujourd’hui ? De quoi ? Cela vous appartient-il ? Quelles sont vos valeurs existentielles ?

 

Voilà une jeune artiste, belle, virevoltante, rieuse, fragile, sensible, hurlant ses carences, en mal d’amour, battue en brèche par une société se prévalant de sa croyance, de sa piété, de son conservatisme. Une société voyeuse, menteuse, frustrée, voleuse, médisante, stupide à l’infini, irrespectueuse, inquisitrice. Et ce n’est pas fini.

 

-       Je suis arrivé !

 

A quoi ? Comment ? En agent double ? En sinuosités ? 

 

L’existence est un don de la nature, du soleil, de la métempsychose, du processus de l’éclosion-extinction, d’un je-ne-sais-quoi qui interpelle si peu au final à y voir de près, moyennant une intelligence spinoziste minimale.

 

L’existence est aussi le laid du calcul, des subterfuges, de la calomnie, de l’agressivité gratuite, de la jeunesse bête et triviale et creuse et ras les pâquerettes, de la convoitise, des processus utilitaristes. Et ce n’est pas fini, pas encore.

 

L’existence radieuse de l’amour clair de l’autre, de l’amour beau et prolixe de l’autre, de l’amour sans barrières de l’autre soi-même. Celui-là que l’on saisit au regard, que l’on sent au sourire, dont on est solidaire à la vue d’une larme furtive au coin de l’œil.

 

Pourquoi le silence est-il si beau ? Le silence des mots en trop, le silence des leitmotivs obsessionnels et insupportables ? 

Pourquoi, oui pourquoi est-il si précieux dans cette pudeur de l’absence des mots finalistes, des mots-hameçons, des mots-pièges ?

 

L’existence est d’abord perception de l’autre, respect de son être profond, de sa dimension psychologique, existentielle, sensible, suprasensible. C’est là que réside, la vie entière, l’esthétisme de l’existence.

 

L’existence est compréhension d’un être social en déroute, d’un être aux quatre coins dépositaire de ses besoins vitaux, d’abord et avant tout. Et après des quelques vols consentis que l’existence lui concèdera au gré des accointances. Jeune artiste belle, fraîche, sensible et dans l’attente d’un Autre sincère.


Une jeune danseuse, belle comme le jour 1er du mois de mai, entre survie et splendeur. Une splendeur rieuse et dans l’attente vitale d’un acquiescement vrai, d’une bonté simple. Non, tu n’es pas une prostituée et une prostituée ne l’est pas non plus. Tu es « un être de situation », un être de conditions hasardeuses, gratuites, incompréhensibles mais présentes.

 

-       J’arriverai ! J’ai un plan en tête.  


Une jeunesse insultante, blessante, moralisatrice, criminelle, brutale, voleuse, violeuse, inhumaine, menteuse. Et ce n’est pas tout.




 


« Elle est d’une sensualité à bousculer les nuages, m’écrit un ami, homme de lettres solitaire. Le destin des femmes n’est pas encore à la hauteur de leur mérite. »

 

Merci à l’amitié sensible, libre et intelligente. Chroniques bleues, puissant culte à la femme, exhalent des effluves poétiques, esthétiques, existentiels. Le Beau, seule richesse qui vaille.


 

Nous sommes ça et là, ici et là-bas, au plus près et très loin, disséminés, semés surtout, comme une poudre de vie, une vie à tout prix, une vie tout contre et malgré tout, une vie simple et généreuse, une vie aux doigts légers et aériens. Une poudre de respect des autres et d’estime toujours haute loin des Inquisitions de tout temps.

 

Un bonheur d’être de vous, à vos côtés, en osmose loin des rictus et des sabres sanglants imaginaires ou physiques.

 

-       Non, vous n’aurez pas mon moi, je ne suis pas un être au rabais !


Impudiques décérébrés !






lundi 8 février 2021

Carnets de psy, Février 2006

 




 

 

Mercredi 8 février 2006, 21h.

 

« Coach, je ne sais pas ce qui m’arrive. Je ne tiens pas en place. Il y a quelque chose en moi qui me tenaille. Je n’ai plus la maîtrise de mes gestes. Il y a comme une agitation en moi dans mes mouvements mais aussi dans mes boyaux ou mon estomac ou mon cœur. Je ne sais pas. Pouvez-vous venir s’il vous plait ? Je suis dehors justement mais le froid ne me calme pas. Je ne sais même pas s’il fait froid. J’ai comme un tsunami en mon for intérieur. Et je bouge dans tous les sens. Venez svp, venez !

Que vais-je vous décrire encore ? Je vous ai tout dit. Je ne sais pas ce qui se passe. Comment ça, je me calme ? Je vous dis que c’est en moi. Je ne suis pas en train de m’arracher les cheveux ! C’est en moi, je vous dis. Je ne tiens pas en place. 

Vous m’envoyez un médecin ? Pourquoi, je suis en train de mourir là ? »

 

 

Jeudi 9 février 2006, 7h.

 

« Je ne sais pas si je vais mieux Coach. Le médecin m’a donné quelque chose, cela doit être une drogue. La nuit a été terrible. Une souffrance. J’ai une oppression thoracique et une pression intracrânienne depuis deux jours. Je ne sais ce qui m’arrive. Tout à l’heure, j’ai eu un moment de répit mais c’était un mensonge. Je sais que vous n’êtes pas médecin mais je sais votre honnêteté. Aidez-moi. Un flux d’émotions ? Que faire ? Peut-on ranger de nouveau ma tête ?

On n’en est plus là ? Cela veut dire qu’il en est fini de moi ? Suis-je en train de partir ? Mais je ne peux plus dormir ! je suis submergé par un tas de choses que je ne sais même pas nommer ! »

 

 

Lundi 13 février 2006, 12h.

 

« Oui, Coach, c’est vous ? Je ne sais pas. Je crois que j’y suis encore. Oui, je crois. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Peut-être. Je ne sais plus. Venez. Avant que je ne meure. Venez. Oui. Non, je ne crois pas. Non, je ne sais pas. Oui, j’y suis encore. Il y a un plateau là. »

 

 

Vendredi 17 février 2006, 15h.

 

« Bonjour Coach, merci. Peut-être. Je dors. Je ne peux pas. Lever le bras est un geste très difficile. Je ne sais pas. Je crois que je suis un zombie depuis quelque temps. Vous viendrez la semaine prochaine ? Vous croyez ? Merci. Juste vous tenir la main. J’ai peur Coach. »



 

 

( Janus a fait du corps l’essentiel de son existence. Et très rapidement, il tomba dans l’addiction des dispenseuses de plaisirs éphémères. A 30 ans, il eut un naufrage dans sa tête et sa poitrine. D’un côté les plaisirs s’affadissaient, de l’autre ses jugements sur lui-même, extrêmement sévères, eurent raison de lui. 

Durant dix ans, il passa d’une relation à une autre. Ses choix se faisaient selon l’intensité du plaisir. Beaucoup de casseroles trainées, de conséquences non pesées, d’à-côtés qui exigeaient un minimum de bon sens. 

Et le voilà à près de 30 ans, dans l’addiction du c… et du cannabis. 

 

Ne pas savoir gérer sa vie, ses plaisirs, sa santé, ses émotions, être son propre inquisiteur, être dépourvu d’un minimum de volonté, de maturité, de pondération, ne pas savoir fixer ses priorités, mettre le holà sur ses propres dérives, ouvrir un grand oeil sur la réalité … autant de facteurs à même de susciter le pire des naufrages.

Ce n’est pas un pro du ménage mental qui va pouvoir prêter main forte mais bien un praticien et du chimique, d’abord et pendant longtemps. 

30 ans, un âge sublime de vie et un Janus dans le handicap physique, psychique, existentiel, ontologique ... Ce sera long. )