Aujourd’hui, 10 juin 2020, 7h du matin, un bruit assourdissant de tronçonneuse.
Au départ, nous avons pensé aux caniveaux, nettoyés l’été, des rats. Parce que ces dix dernières années, les rats de 3kg ont élu domicile en bord de mer. Pas que les rats.
Les plages sont utilisées en bars été comme hiver, voire en espace d’exhibitionnisme et surtout en espace de deal.
Si nous pouvons essayer de comprendre les frustrations des uns et des autres - sauf en matière de stupéfiants - nous ne voulons en aucun cas sacrifier notre environnement ni laisser le chaos s’installer dans notre Commune.
7h15, des hurlements. Nous sortons. Pourvu que ce ne soit pas le pire. C’est un pire naturel. Massacre d’eucalyptus centenaires, voire bicentenaires ou un peu moins par une équipe d’ouvriers non initiés, des travailleurs à la journée, peut-être. L’un d’entre eux, un contremaître, dit à HA, une riveraine dans tous ses états, qu’ils étaient une société privée qui agissait en partenariat avec la municipalité. Les ouvriers munis de leur tronçonneuse, n’y allaient pas par quatre chemins : un vrai carnage. Cela cassait dans tous les sens, pas le feuillage mais les grosses branches dans un boucan insupportable.
Un minimum de conscience de l’importance de la nature et ce bruit assourdissant sciait nos cœurs. Vrai.
Le contremaître avance l’argument taille. Or, la taille qui n’est pas l’élagage, s’arrête en mars. Les eucalyptus de la rue Dr S. à Kh-Mer n’ont jamais causé de dégâts d’autant que HA et nous-même avions pris la décision depuis ladite « révolution » de nous occuper, à nos frais, des arbres de notre rue, sur à peu près 100m du coin au coin : nettoyage, badigeonnage à la chaux contre les bestioles, désherbage, bacs devant chez nous et bougainvilliers plantés.
HA a frôlé le malaise, une dame et pas une jeunette, investie d’une conscience écologique. La maire au téléphone ordonna l’arrêt immédiat de la casse; le mot exact.
9h du matin, nous sommes à la Commune de La G. Des drapeaux, du personnel en-voici en-voilà, des cafés, ça fumait à fond les poumons. A l’entrée, un écriteau bien visible à l’intention des citoyens : Interdiction de franchir le seuil de la Commune sans masque.
Le personnel qui s’affairait pour le Centenaire n’en portait pas, certains citoyens en étaient munis. Un employé à l’accueil semblait quelque peu gêné par notre présence : Centenaire oblige.
« Nous ne serons pas découragés. »
La maire au téléphone, Mme Limam, très diplomate, très correcte, nous écouta et réagit promptement. Nous allâmes au bureau de Mme Besma Maghrébi, chef de service Santé et Espaces verts. Des frictions au tout début, au vu de l’état limite dans lequel nous étions. Les choses se sont calmées après et l’accueil fut bon. Mme Maghrébi est ingénieur spécialisé, son discours est technique. Elle a du métier, 30 ans de municipalité.
3h de palabres. Si Mme Maghrébi nous a largement prêté l’oreille, elle essaya âprement de défendre ses responsabilités. Nous avions continué âprement à exposer notre désaccord.
Pour Mme Maghrébi, les eucalyptus diminuent de la luminosité des lanternes la nuit - lanternes au fonctionnement intermittent - ce qui favorise les braquages, d’éventuelles chutes, une proximité avec les poteaux. Pour elle, c’est une intervention ciblée.
Pour un employé sur place au moment du massacre, c’est sur la demande d’un citoyen.
De nouveau, pour la responsable Santé et Espaces verts, il s’agit d’une taille. La dernière ayant eu lieu en 2017. Ce qui avait à l’époque conduit à une réaction de colère identique de la part de certains riverains.
Pour un employé sur place au moment du massacre, c’est sur la demande d’un citoyen.
De nouveau, pour la responsable Santé et Espaces verts, il s’agit d’une taille. La dernière ayant eu lieu en 2017. Ce qui avait à l’époque conduit à une réaction de colère identique de la part de certains riverains.
« Arguments irrecevables », avions-nous objecté. Les grosses branches étant importantes et hautes. Aucun dégât n’a jamais eu lieu.
La période de taille étant dépassée, casser des branches très épaisses, arracher du feuillage enlevaient tout ombrage bienfaisant dans un pays plutôt chaud.
Les ouvriers tronçonnaient sans superviseur professionnel : un paysagiste dans le cas de figure - elle nous apprit que d’ordinaire, M. Houssine Mokhtar, médecin, directeur-adjoint de la Santé, accompagnait les ouvriers.
Nous avions évoqué la nécessité d’impliquer le citoyen, de l’aviser déjà, en une sorte de démocratie communale participative pour plus de concertation.
Nous avions rappelé à la responsable que nous payons nos impôts même si nous y allons nous-même vu que nous ne recevons plus d’avis. Et qu’en tant que contribuables, nous tenions à nous exprimer sur les dysfonctionnements, les passe-droits, l’agressivité à l’égard de la nature, Notre propriété à tous.
Mme Maghrébi, dont l’accueil a été correct, dont l’écoute a été appuyée a essayé de nous sensibiliser à la charge de travail qui leur incombe, à l’incivilité de tous, aux innombrables problèmes, aux dépassements de toutes sortes. Nous la croyons, bien évidemment. Mais des solutions doivent être trouvées et fixées. Elle nous proposa d’assister aux réunions concernant l’environnement, le choix des œuvres sculpturales de décoration. Et nous fûmes d’accord.
Échanges qui ont des chances de mener au consensus. On verra bien, nous ne lâcherons pas. Accueil correct et humain. Jargon de spécialiste : taille, désherbage, élagage, débrouissailleuse, camion grue, nasse … La dame connait son métier et c’est très bien.
Néanmoins, nous avions noté, comme souvent par ailleurs, un décalage énorme entre le discours et la bonne foi, dans le cas de figure, des professionnels et l’inefficacité, si ce n’est la totale incompétence, des exécutants.
Pourquoi nos Communes ne font-elles pas appel à des paysagistes sur le terrain ?
Pourquoi le paysagiste responsable n’est-il pas à chaque fois sur le terrain ?
Pourquoi les Communes ne briefent-elles pas dans les règles exigibles leurs employés et leurs ouvriers ?
Pourquoi le citoyen n’est-il pas informé des mesures municipales ? Nous payons bien des impôts.
Pourquoi la Commune de La G. abat-elle des arbres, sans préjudice aucun sur personne, quand notre plage est infestée de rats dodus, d’immondices, de lanternes grillées et de crevasses géantes de l’asphalte et du bitume ?
Cette lettre s’adresse au Ministère des affaires locales, à la Commune de La Goulette, aux associations de Protection de l’environnement, aux écologistes, aux riverains de Khereddine-Mer, aux citoyens sensibles à la nature et qui s'attellent à la défendre.
Seule la société civile, les agissants tous domaines sauveront ce pays qui va droit à la banqueroute tous niveaux.
Un seul prédicat : A G I R.
Un seul prédicat : A G I R.
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