dimanche 12 janvier 2020

A l'Encre du désir, VIII



Ile de Co, octobre 2018

Un lieu de silence complet s’offrait aux yeux de Satia. Elle adorait Co, depuis très longtemps déjà. Les îles sont très spéciales. On a l’impression qu’elles sont coupées du reste du monde. Il y a une ambiance toute particulièrement. Tout le monde se salue, mots ou hochements de tête. Le jour du marché est un jour d’animation extrême. Tout venait de la métropole et la moindre laitue était accueillie comme une reine. 

Satia regardait la mer par la fenêtre et imaginait la place du marché. Elle n’y avait pas été cette fois-là, mais bien des années plus tôt. C’est qu’elle vécut dix étés à Co et en connaissait les spécificités. Là, elle y était pour quatre jours, du travail et de la peinture. 

Peindre l’insaisissable ne pouvait se faire qu’à Co. Elle avait beaucoup hésité avant de s’y rendre. Même que l’idée lui avait paru obscène au départ. Véritablement obscène. Et puis après, les choses firent leur effet. Trois jours avant d’embarquer vers Co, Satia fut saisie d’un état d’agitation incompréhensible. L’appel de l’inspiration, du renouveau, de la créativité. Co agissait fortement sur elle et, elle savait que d’y retourner amorçait un nouveau départ. Ce ne fut pas un. 

Mais, elle peignit durant trois jours des paysages nouveaux, d’une clarté et d’une beauté juvéniles. Mer, eau, ciel, frôlements, douceur et silences sereins. Rien ne vaut la créativité artistique et cette rare connivence avec le silence d’un monde qui ne souffre aucune brutalité.

Elle était, à un moment, totalement paisible face à une mer sans bruit, grise, ensommeillée, avenante et, ce fut, un temps d’abandon rare, de paix intérieure inestimable dans l’oubli complet de toute réalité. 

Être avec soi-même et se laisser aller à la passion du Beau.





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