Debout devant la porte-fenêtre, il regardait l’extérieur. Regardait-il vraiment ? Elle savait bien que non. Il était depuis la rencontre avec Eva dans une introspection intérieure, dans une indéfinissable posture psychique pour lui-même. Il ne se voyait pas. Claire, elle, le voyait. Il revenait vers elle comme un enfant vers sa mère. Elle ne savait pas s’il fallait en être heureuse ou pas : elle n’avait pas grand-chose en main.
Elle se rendait compte que durant leur vie, il suivait, il n’était pas instigateur. Mais il suivait avec bonheur. Pourtant.
Là, c’est à lui de jouer mais il ne jouait pas, il était happé. Par une catin, par son corps, par le dénuement, par l’inaccessible dans le sordide ?
Elle le regardait de dos, son homme, perdu dans les dédales d’un moi libidinal en déroute. Il tient une catin dans une chambre moite, un canapé miteux mais une belle lampe. Qu’allait-elle devoir subir avant de l’extraire à cette aventure transpirante, glauque, aux senteurs de semences malades, pressées, infantiles, véreuses ?
- Je l’aime, lui dit-il en se tournant précipitamment. J’en suis fou plutôt. Je sais que tu peux comprendre. Et j’ai besoin de ton aide.
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