jeudi 17 octobre 2019

Ma journée sourires




En sortant de chez moi ce matin, je décidai que ça allait être une journée sourires. J’en avais envie ou peut-être besoin. Au rond-point, un Monsieur d’un certain âge vendait du papier mouchoir, il me montra le paquet mais j’étais pressée par les voitures derrière, je fis le tour. J’ai toujours un respect immédiat pour le gain d’argent digne. Il me remercia, je lui souris, lui passai une bouffée d’ondes positives. Je suis sûre qu’il le sentit. Merci. Merci.

Je passe chez l’apothicaire, je pris des larmes artificielles et dire que je suis une pleureuse. J’ai les yeux secs depuis quelques jours, ça doit être le changement de saison. Je ne rigole pas avec la santé. J’ai un demi siècle mais comme je me sens jeune, belle, que je ne cesse de m’entretenir intellectuellement mais aussi, également, physiquement, avec tout ce que je trouve dans la nature et le dieu citron en premier chef, parce que donc je me trouve toujours jeune, j’inventai Kepler II. Pour ceux qui me connaissent, qui me lisent, parce qu’on me connait surtout via mes écrits – dans la vie, je parle peu depuis quelque temps mais je souris beaucoup – Kepler II me donne 38 ans et ça me va. Alors qu’à 38 ans, je tremblais de peur de vieillir. Bon. Avec un peu de chance, j’atteindrai les 70, en tout cas, je vais mettre de mon côté tous les moyens pour y arriver. Ou mieux, 80 ans. Ou idéalement 96. Ce serait bien ! Vraiment ! Pourvu que je ne trébuche pas sur les mots comme maintenant, de temps en temps. Oui, c’est très bizarre ce qui m’arrive depuis quelque temps. Un mot et je suis interdite, c’est son autre sens ? 
Et, heureusement, très vite je reviens à l’évidence. Et merci la barre Google ! Un début d’Alzheimer ?

Je n’espère pas, parce qu’écrire est ma vraie respiration. Ceci dit, la mamie de Mama qui approcha les cent ans, mordillée par un chien, cria : « Un mouton m’a mordue ! » C’est une partie de mon capital génétique, je l’assume. Paix Mamie. Il faudra que j’en parle un jour, elle appelait son fils Monsieur et lui la nommait Madame, ils avaient quinze ans de différence d’âge et étaient intimidés l’un par l’autre.

Je parle trois langues, je vis beaucoup dans les idées et dans les livres et j’écris, j’écris. Par besoin et quand je le décide, par travail. Mais les écrits par besoin, comme celui-ci, me libèrent, m’allègent. Les autres aussi mais ils sont conventionnels. Et je n’ai toujours pas publié. Est-ce grave Docteur ? J’ai besoin de publier parce que j’ai beaucoup de choses à dire, je dois élaguer et j’ai un sacré retard puisque j’écris depuis mes huit ans si mes souvenirs sont bons, depuis le journal que j’eus en cadeau, mon intervention sur les amygdales et plus tard, Mlle Joubert. Paix Mlle.

C’est peut-être pour ça que je trébuche sur les mots aujourd’hui. Le français reste ma seule langue, ici et maintenant, d’écriture et de réflexion. Pourtant pour beaucoup, ce n’est pas ma « vraie langue » et j’ai beau tonné que c’était la mienne en priorité, rien n’y fit. Des classiques et des statiques. Ma langue est celle que je maîtrise le mieux, que je manie le mieux et dans laquelle je suis le plus au confort et au réconfort des mots. Allez expliquer cela à ceux qui n’ont pas une pensée dynamique. Non, je ne vais pas me fatiguer à expliquer, pas aujourd’hui ni demain d’ailleurs. Et de toute façon, ils ne font pas la queue pour recevoir mes saintes explications. 


Ma benjamine m’appelle et me dit : Mom, j’ai rencontré quelqu’un vendredi dernier et depuis on se voit tous les jours. Figure-toi c’est un blond moi qui aime les bruns !
-       Ah bon chérie, répondis-je le plus hypocritement du monde.
-       Oui Mum, il est trop, trop drôle !
-       Vrai ? Hhhh …
-       Oui, il fait un truc entre les langues et l’économie.
-       Il y a ça dans ta fac ?
-       Oui Mom. Attends, je t’envoie ses photos.

L’avantage sur Messenger, c’est que personne ne peut vraiment détecter les expressions de ton visage. 
-     Waw, il est beau chérie.

La connexion étant mauvaise, nous ne pûmes continuer à disserter sur le physique du nouvel ami. J’ai fini par lui laisser un message. C’est que je suis monacale moi et outre les études, d’abord, ensuite et enfin, je ne comprenais rien. J’avais quand même donné le change.

« Chérie, ne perds pas de vue la raison pour laquelle tu es là-bas. Des amis, oui, plus non, c’est une perte de temps. NOUS n’avons pas la tête à ça. » 



Mon aînée m’appelle de la salle de sport : 
- « Mamsou, je m’entraîne ! 
- Je vois, comme tous les jours ! »

C’est une accro au sport, je préfère cela à autre chose, bien évidemment. Un jour, qu’elle eut un malaise vagal, elle fut persuadée qu’elle avait une maladie incurable. Nous allâmes donc voir tous les spécialistes, elle avait à peine 26 ans. Nous fîmes toutes les analyses, bien entendu, elle n’avait strictement rien, il fallait juste que je le lui démontre au prix fort. Chez la biologiste, alors que n’y étions allées pour récupérer le bilan, elle tremblait. 

La dame : 

- Vous vous préparez aux Jeux Olympiques ? 

Vrai. J’ai pris quinze jours pour la remettre sur pied. D’abord en acquiesçant à tout, en payant tous ces spécialistes de renommée, en voici en voilà et après en faisant barrage du haut de mon 1m 68 à sa peur de la peur. 
Ce fut épuisant pour moi mais Divine est une créature de sensibilité et de beauté et à la perte de son géniteur, elle eut le cœur broyé, deux fois.

-       On se voit ce soir ? Je t’aime Mamsou. 

Cette très belle personne vit dans mon cœur, dans ma tête et mes yeux. Et je comprends qu’elle veuille prendre ses distances quelquefois, l’amour exclusif est un piège.


Mon fils est là, mon Parisien avec lequel j’ai des relations houleuses. Un Homme, un vrai. Seulement, j’aimerais tant qu’il mette des mots sur les choses, les êtres et les situations. Qu’il sache que nous n’avons pas toujours notre être dans le creux de notre main comme je le leur ai souvent dit les jours de force et de domination. 

J’ai posé une question à mes amis sur le réseau social le plus utilisé par ici : Qu’est-ce que le silence, dans l’absolu ? Et les réponses fusent encore. Pour moi, et c’est une définition parmi tellement d’autres, le silence est une maladie, celle de ne pas pouvoir dire les choses, de trouver peu aisé de le faire, d’être dans l’incapacité de le faire. Une pathologie réelle dans ce cas de figure. Parler, c’est s’alléger, voilà pourquoi certains payent pour le faire. Moi, j’écris, c’est gratuit, je me déleste et j’aide les autres, je leur fais plaisir, je leur ouvre l’œil et leur donne à réfléchir. Je m’y consacre désormais et je me mets un peu à nu. Coco a été séparé agressivement de sa mère à quatre mois. Une semaine, à ne pas la sentir, la téter. Cette réponse d’alors aux angoisses existentielles s’était trouvée face à la mort subite mais il ne pouvait le comprendre.

Mon fils d’amour, je resterai dans ton environnement à chaque fois que ce sera possible afin que les mots viennent et que tu dises, à ton tour, ta colère de l’inattendu. L’inattendu, l’autre face de l’existence, celle qui fait tarir les mots.

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