vendredi 18 octobre 2019

Cette soeur traîtresse ....


Parce que les mots sont libérateurs.

Paris.
Cabinet de psychologue. 
Une pancarte : Coaching, PNL, spécialiste des troubles de l’adolescence et des problèmes de couple.

-       « Au départ, c’était au décès de mon géniteur, elle avait trouvé irrévérencieux que le livre soit jeté, le Livre. Comme si de voir partir, en une fraction de seconde, un être aussi crucial était facile. On servait des rafraichissements, j’avais trouvé cela odieux.


Après, ça a été durant les années folles de mer et d’amour : « Tes formes sont visibles, tu t’épiles, cela se voit. »

Cela a été aussi, l’accueil froid, les soirs de lune, en bord de mer. J’arrivais avec des douceurs et je ne comprenais pas.

Qu’est-ce qui expliquait la froideur de ma sœur ?

Un jour de délire de mômes, un parc d’attractions, deux fillettes, je riais aux éclats. J’adorais communiquer avec les enfants, j’adore toujours. La petite choisit la grosse tasse tournante, elle virevoltait et riait. Entretemps, l’autre choisit le dauphin sautillant. 


-       - Viens, me dit-elle.
-       - J’attends Titi, répondis-je.
-       - Laisse-la, elle nous rejoindra.

Elles avaient quatre ans toutes les deux. Partir les trois et laisser une petite seule, pour ne pas patienter deux minutes ? 

Ebahie, impolitesse, bêtise, égoïsme ? 
Ces parents laids de ne pas savoir traiter tous les mômes pareillement.


Après cela, ça a été des silences inexpliqués, une marche rapide en solitaire et nous tous derrière à essayer de comprendre : que lui arrive-t-il ?
Elle n’avait pas d’indépendance financière et ne supportait pas les femmes libres.

La générosité est un humanisme, la générosité de comprendre, d’écouter, d’excuser, de compatir. Et de l’autre côté, moi, et moi et encore moi.
C’est d’une extrême laideur.


Et puis un jour, un jour difficile où ta vie tangue. Et tu te retournes vers ta sœur, celle que tu ne connaissais pas encore, que tu devinais un tout petit peu mais il y a aussi l’oubli. Et puis c’était tellement sérieux. Ta sœur médiatrice de tes peines. Et la voilà qui lève les yeux sur ce qui t’appartient. 
Ce qui est à toi exclusivement parce que chez nous, on ne mélange pas, parce que c’est indécent, parce qu’une sœur est une sœur. 


Certaines passions aveuglent mais il faut être sans conscience. Certains sentiments humains gagnent à être maîtrisés, il faut savoir pour cela, il faut réfléchir pour cela et surtout ne pas déroger au principe de loyauté.

-       C’est une pathologie, une vraie, me dit-elle.
-       Non, ce n’est pas excusable. »



Fin de la séance.
















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