mardi 6 août 2019

Lettre à O, II.









« Je t’aime d’un amour vrai, d’un amour rare. Je vous aime d’un amour vrai, d’un amour rare. »


Elle le regarda dans les yeux et lui dit que tous les humains étaient des névrosés. Que le tout consistait à ne pas tomber dans la psychose. Que c’était quand même un cran au-dessus. Et qu’il n’était pas bon en psychanalyse.

-      « Une névrosée qui a édifié, ce n’est pas si mal. »

Il avait cet aiguillon tenace qui le poussait à la mettre hors d’elle et peut-être même à la faire souffrir. Il avait donc souffert. Mais ce n’était pas de la vraie souffrance en comparaison avec d’autres. Une souffrance quand même. C’est dans les solitudes extrêmes que les souffrances prennent de l’inflation. Et c’était un vrai solitaire et une conscience toujours présente. Son tort à elle qui aime tant disséquer psychanalytiquement. Mais pas seulement son tort à elle.

L’amour a ses règles et de toutes la plus importantes est la capacité de se reprendre, de rétropédaler, de corriger ce que dicte l’orgueil obstiné. L’orgueil bête qui nous fait souffrir. 

Tous les amours ne sont pas indispensables. L’amour de l’indignité, sûrement pas. Mais ces pendants de soi sont saisissants. 

Aimer n’autorisera pas des projections de douleurs inutiles ni de manques difficiles ni de rancoeurs injustifiées. Aimer signifie aussi être juste, rigoureux. Surtout que l’entendement existe.

Ce pendant de soi lumineux est immense aujourd’hui. Les battements du cœur ne se tairont pas, jamais. Un souvenir toujours intact celui du dernier soir, celui de cette voix correctrice - à sa convenance - silencieuse aujourd’hui : 

-      Pourquoi ? 

Il ne sait pas. Ou parce que trop debout, trop sûre, trop active, trop combative. Parce qu’entière.

« Je resterai sur mon quant-à-soi par besoin d’apaisement. De part et d’autre. »






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