mardi 14 novembre 2017

Billets d'humeur

I.
Ma benjamine m'envoie un message : Mum, j'ai eu un 18 en Litté. Merci ma chérie. Mon Ami me dit : elle fera de grandes choses. Oui, je sais mais l'essentiel est l'équilibre et la sérénité, aujourd'hui et pas dans 40 ans. Mon Ami est très particulier, il a du génie et voue un culte à l'école, son fils a  des difficultés d'apprentissage ...

II.
Un pick up passe devant moi, blanc et vert nature : Police de l'Environnement. C'est beau et moderne. Trois bras sortent des fenêtres en synchro, au bout des doigts une cigarette bien fumante. Vive l'environnement !

III.
Il y a des jours où j'ai l'intime conviction que l'humanité entière est malade, que nous sommes tous malades. On met en l'autre nos manques et nos carences et lui aussi fait pareil. Si je n'ai pas eu d'équilibre enfant, je le veux, adulte, dans ma vie perso. Si mon partenaire a connu l'équilibre, une fois adulte la famille unie ne l'intéresse pas. Je peux multiplier les exemples à l'infini. L'autre que j'aime possède ce qui m'a manqué, voilà pourquoi je l'aime ou je m'aime plutôt. Car très fréquemment aimer l'autre c'est s'aimer. Là où nous avons des carences.

IV.
Une Dame, et qui fut belle et qui l'est encore dans sa lumière et ses yeux. Ses yeux qui occultèrent pendant longtemps leur petite infirmité. Elle dit avoir un voile sur les yeux. Sa fille lui prit rendez-vous chez l'ophtalmologue familial.

- " Très forte myopie Mme S. et depuis votre plus jeune âge - un petit problème de cataracte aussi - mais nous allons corriger cela !

 Sur le chemin du retour :

- Mama, tu ne l'as jamais dit ?
- Mais non, je vois très bien.
- Tu es à moins 8 Mama !
- J'ai toujours très bien vu, je m'en accommode très bien. C'est vrai quelquefois, je ne distingue pas mais j'évolue chez moi. Je ne veux pas être affublée d'une horrible paire de lunettes. "

Soixante-dix ans de déni. Si ce n'est pas de la force et de la tranquillité. Elle évolue, en effet, chez elle, entre ses nappes de lin, sa fontaine et ses poissons rouges, ses souvenirs d'amour profond, d'un bonheur court et de tant de beauté. Veuve à quarante ans.

Que d'amour pour toi !

jeudi 15 juin 2017

Non, vos moules, je n'en veux pas !

Il a 17 ans et est d’une intelligence rare. Un excellent élève aussi. Il a l’air seul et a du mal à se faire des amis. Beaucoup ne le supportent pas, sans raison à vrai dire. Le lot de l’adolescence et nombreux sont ceux qui en pâtissent.
Très grand de taille, il est gauche dans ses gestes mais qui ne l’a pas été à cet âge-là ?
Il lui confia qu’il souffrait de solitude et qu’il avait déjà pensé au suicide.
Penser au suicide à 17 ans ! Parce que le regard des autres dérange, parce que les autres vous soupèsent, parce que leurs normes ne sont pas les vôtres, parce que vous vous sentez différent, parce que vous vous en voulez de vous sentir différent, parce que vous ne vous comprenez pas …
Ce qui fait le plus mal dans cette existence, c’est cette frange de la société qui croit détenir la vérité, qui vous serine ses poncifs à longueur de vie, qui se noie et veut vous noyer dans son système de conventions stupides, qui vous toise, vous jauge, vous juge, vous « expertise » et vous condamne.
Ces gens-là, il faut savoir s’en préserver, il faut savoir les arrêter, il faut savoir les fronder.
La sensibilité exacerbée d’un môme de 17 ans qui pense à en finir avec la vie vient du regard de ces personnes plates engoncées dans leur étroitesse spirituelle, dans leurs règles immuables et dans leurs diktats de vie.

Vous n’avez pas le droit d’imposer vos moules à un jeune de 17 ans qui cherche à exister comme il le sent.

vendredi 9 juin 2017

L'ISC et moi, III. Une affaire de principes.

Le 3ème proviseur de l’ISC fit donc bonne impression au départ. Ses tentatives de se rapprocher du proviseur-adjoint ne donnèrent pas grand-chose mais je crois que les propriétaires l’aidèrent un petit peu même s’ils étaient adeptes de « laisser faire et observer », « prêter l’oreille », « laisser agir les lèche-bottes », et «  diviser » …

Et puis surtout, les rapporteurs étaient nombreux. Là nous sommes encore sous l’ère Ben Ali. L’une des choses les plus vulgaires était visible à l’heure de la pause méridienne du staff administratif du 1er étage : le passage à la queue leu leu des personnels de nettoyage transformés en serveurs munis de cloches clinquantes : le déjeuner de « l’équipe dirigeante ». Des habitudes qui ont continué après le départ des Ben Ali.

Cette promiscuité qui n’avait rien de rigoureux dans un établissement professionnel, scolaire, équipé d’une cantine pour tous, outre sa vulgarité criarde, avait permis un tissage de liens entre personnes de différentes origines professionnelles : les proches de Mme Ben Ali, tous profanes en pédagogie, anciens commerciaux et de jeunes novices montés au créneau, « personnel de confiance », détenteurs de la cantine et de la cafétéria de l’établissement devenus gérante, directrice d’approvisionnement, DRH … en compagnie d’un proviseur, Mme Askri, censée restructurer l’école et l’assainir.

Ce qui revient à dire que, à la tête officielle, mais en fait officieuse pour nombre de choses, de l’établissement, évoluait et évolue toujours une ancienne directrice d’établissement tunisien qui, au quotidien coopère avec les hyper proches du sérail dans une ambiance de cancans, de médisances, de dossiers constitués sur les uns et les autres, de dérision, d’argent … 

La futilité et l’esprit de clan, la malveillance et les combines possibles, le manque de rigueur et de professionnalisme, l’ignorance totale du pédagogique et de tout ce qui constitue un établissement scolaire caractérisaient on ne peut plus le sérail et de se retrouver au quotidien avec ce joli monde vous change un saint. Et les saints n’existent pas et n’ont jamais existé qu’à l’intérieur du terme lui-même.

Cette ambiance de salon d’esthétique de gamme moyenne a continué après la révolution de 2011, après quelques mois d’épouvante, de discrétion apeurée et de quasi inexistance visible des proches de l'ancienne propriétaire.

L’école passa des mains de Mme Ben Ali et de ses proches à celles de ses proches exclusivement, sans intervention de l’Etat, les premiers temps pour ensuite mettre à sa tête le proviseur elle-même, Mme Askri en l'occurrence, en administrateur judiciaire, pour ensuite mettre l’école sous la tutelle de la Holding Karama pour enfin nommer un nouvel administrateur judiciaire étranger à l’école en la personne de M. Sami Hamdi qui m’expliqua que le non renouvellement de mon contrat était consécutif à mon absence d’un mois l’année précédente - donc avant son arrivée - , absence suite à une intervention chirurgicale et absence dûment justifiée. ( De même, mes classes avaient bénéficié d’un suppléant avec qui j’étais en contact professionnel durant mon arrêt et ma convalescence. )

Le proviseur, elle, qui avait intégré l’école deux ou trois ans après moi et avec qui j’ai travaillé - en ce qui me semblait être à moi un parfait accord professionnel -  a demandé officiellement au Ministère d’autoriser aux onze professeurs du MEN que nous étions un détachement à l’ISC. 

Nous y étions depuis, pour moi du moins, neuf ans dans le système dit français et le Ministère ne pouvait qu'approuver et ce fut le cas. Sauf que quelque mois plus tard une "information" - téléphonique je crois - parvint au Ministère concernant en exclusivité ma personne avec la mention orale suivante : à ne pas reconduire en raison de son souhait d'arrêter de travailler. L'entourloupe. Cadeau qui m'a été fait par une pseudo "amie" qui venait d'arriver à l'établissement en qualité de proviseur-adjoint après des années de course après le poste et la médiation du proviseur et qui d'emblée s'inscrit dans la médisance outre sa profonde incompétence, Mme Ben Fadhla. 

On se débarrasse d'une personne qui parle, dit ce qu'elle pense, oppose un refus à l'injustice, sait beaucoup de choses et n'a pas froid aux yeux. Moi-même. Ce qui était regardé avec respect chez moi, auparavant, mon sérieux et ma compétence, mon franc-parler, devenait gênant et probablement exigeait de la part de certains de faire attention. D'autant que dans un pays au chômage et en pleine ébullition post révolutionnaire, des recrutements ont été faits – aux dépens d’autres bien évidemment - sur la base du copinage et des liens de famille par " l'équipe dirigeante" au complet, celle de Mme Ben Ali. N'avaient déguerpi que ceux dont la situation n'était pas légale. Quant au staff administratif, il s'accorda des titres et ce qui va avec et cela après le départ des Ben Ali à huit clos et en toute impunité.


Cette école a continué à agir comme bon lui semblait, continue à agir comme bon lui semble, et même que, on conseille en douce à ceux qui sont remerciés sans préavis d’aller voir, l’ancienne famille régnante. Il faut convenir d’une chose : l’école a toujours fonctionné sans professionnalisme aucun, sans équité aucune, avec des passe-droits, du favoritisme, des rancœurs personnelles, des calculs, des préjugés, de la médisance, des futilités graves et cela a non seulement continué après les Ben Ali mais a sûrement empiré après leur départ. 
Le personnel dit de direction a vite repris ses pratiques, les proches ont continué, après la période de grosse frayeur et de panique d’éventuelles représailles, à vivre l’irréalité totale, en pleine schizophrénie. L'école était leur "bébé". Et il leur fallait un maître devant lequel s’aplatir comme avant, ils suivirent l’ordre des choses, la hiérarchie dont ils ignoraient tout, sauf que cette hiérarchie n’ayant jamais existé, les relations restèrent amicales et d’intérêts communs.

Comment comprendre autrement les cotisations non payées et pas uniquement pour moi. Les témoignages de nombreux collègues français, suite au suicide de feu Thierry Curcio quant aux mauvais traitements pratiqués dans cette école, sont ahurissants. Elle est où la responsabilité de l’équipe dirigeante ? Pourquoi les contrats de travail n’étaient pas donnés aux professeurs ? Pourquoi les fiches de paie n’étaient pas systématiquement remises ? Pourquoi il n’y a pas de préavis de non renouvellement de contrat et comment se permet-on d’agir ainsi sans écrit ? L’administration peut-elle se permettre de se passer des écrits professionnels qui sont des éléments fondamentaux du code du travail ?

L’ISC a fonctionné et fonctionne dans l’ignorance des lois relatives au Code du Travail, héritage des conditions même de l’existence de cet établissement. Une collègue, mère d’un enfant,  a été sommée de quitter son logement de fonction avant la fin de son contrat et a dû se réfugier à l’aéroport puis chez des amis pour ne pas se trouver dans la rue.

Cet établissement ne peut continuer à agir de la sorte, la souffrance au travail, le harcèlement moral,  dont on ne parle pas ici - en Tunisie -  ou dont on parle peu, est un sujet qui mérite réflexion et s'il y a un vide juridique, il faut y pallier. Le drame du suicide de feu Thierry Curcio sera, l'occasion de réviser les pratiques de cet établissement. Cette tragédie lèvera le voile sur des dysfonctionnements, des passe-droits, du clientélisme, de l'irrespect, de la discrimination. De graves entorses aux lois, aux règles strictes du code du travail, à la dignité humaine. Une école qui affiche sa filiation à l'AEFE pour exister et pour surtout appâter élèves et professeurs.

"L'ISC est une une boîte à fric et l’excellence y est un leurre " comme l'a si justement dit un ancien collègue qui ayant fait un rapport en interne sur les multiples dysfonctionnements s'est vu remercié au bout de trois mois alors que son contrat était de deux ans. Il fut indemnisé parce qu'il les avait menacés de leur intenter un procès.

Et cela ose se nommer école.

dimanche 4 juin 2017

L'ISC et moi, II.

II.
Une des choses qui m’avaient choquée dans cet établissement en cette rentrée 2007, très inattendue pour moi, c’étaient les cendriers jonchés de mégots dans les bureaux desdits responsables : gérante et amie, à une époque qui était pour l’interdiction de fumer dans les administrations, juridiquement. Mais nous étions juste un pays à la mode. Et en même temps et assez rapidement, un espace fumeur pour les autres. Encore un détail. Mais il s’agit d’insister sur la schizophrénie du discours et la coquille vide qu’était cet établissement.

Seule chose intéressante : les apprenants, dans les 300 et quelques à ce moment-là. Un grand nombre parmi eux était insupportable, de suffisance et de vacuité, d’ignorance et de bêtise mais ce qu’on peut arriver à faire avec les jeunes est énorme : il y a chez eux de l’écoute dès l’instant où ils sentent que ce qu’on leur dit participera à leur valeur d’Etre.
Dès lors, l’apprentissage pouvait se faire et les mises au point ne survenaient que de temps en temps. Parce qu’il y avait aussi, des automatismes à installer, de concentration et de rapide reprise de concentration.

Le proviseur de la 2ème année de l’établissement était Mme Ayachi, une pédagogue, professeur de Lettres, correcte, francophone pur jus, intègre et discrète. Au début, ils la trouvèrent peu stricte. Ils lui donnèrent donc des instructions de sévérité et quand elle le fut, on le lui reprocha. On lui reprocha aussi d’être polie et on lui préféra vite fait une femme qu’elle introduisit elle-même, une de ses anciennes collègues précédemment, et qu’elle savait plutôt réservée. Elle crut savoir. Et puis le pouvoir, la proximité du pouvoir vous changent certaines personnes du tout au tout ou plus justement vous les donnent à voir sous leur vrai visage. Et ce fut, isolement du proviseur, peaux de banane, médisances, travestissements des faits, mensonges, comédie, franche malhonnêteté, clientélisme, jalousie folle de tous, tentatives d’intimidation diverses, harcèlements et même de l’animation foraine en fin d’année…

Ceux qui n’ont pas voulu opposer de résistance, qui ont une forme « d’intelligence pratique » qu’ils appellent adaptation, qui est en fait de la soumission et souvent de l’opportunisme se sont constitués en clan : aller dans le sens du poil, laisser faire et en récolter les avantages. C’est que cette personne avait besoin de soumis pour exister, se faire admettre, prouver sa popularité. Une cour dans la cour avec un ordre de priorité, cela va de soi. Carpet et carpet à mort. C’était exécrable. Lamentable.
Diviser pour mieux régner et même qu’il y avait deux têtes d’autorité dans la haute cour : la gérante et une proche parente, elle, plus expérimentée. Je passe.

2009/2010
Un nouveau proviseur prit les rênes de l’établissement suite à Mme Ayachi. Cette dernière me dit que «  c’était une tête bien remplie » et je crus que c’était une intellectuelle. Je me dis au fond de moi-même que si une vraie pro dirige l’école, il y a des choses que les choses s’arrangent et que chaque responsable assumera sa responsabilité, que le travail de sape qui fit partir Mme Ayachi cessera. Une opération nettoyage et restructuration. Le premier jour, j’eus, de passage dans mon cours, ledit proviseur qui se présentait aux élèves : une dame d’un certain âge, assez masculine physiquement et qui avait le ton plutôt juste. Elle paraissait distante vis-à-vis de la seconde, me félicita d’être un « excellent » professeur. Ricochet, la seconde en fut pincée. Je compris qu’elle savait tout. C’était la première fois de ma vie que je la voyais.

Je sentis plus de professionnalisme, plus de rigueur. Mais elle fut bientôt la cible de la seconde, isolée, torpillée, décriée, méprisée… La seconde continuait sur sa lancée, il fallait qu’elle soit seule à bord et elle s’aplatissait d’une telle façon devant le pouvoir, qui ne la vit jamais directement, qu’elle finit par avoir leur adhésion. « Mme la Présidente », « En haut lieu, on me fit savoir », « Ma vie la vraie est là avec Mme la Présidente », « Je n’ai que faire de ma maison, j’ai mon logement de fonction »…

Le nouveau proviseur fit elle des tentatives de rapprochement, la « révolution » fit le reste. Et elle se fit toute petite pendant longtemps et les « Dégage » collés sur sa porte. Pour ensuite reprendre du sale service, autrement, et, déteindre sur les autres.

( à suivre )



samedi 3 juin 2017

L'ISC et moi

I. Eté 2007 


Je reçois un coup de téléphone chez moi, directement du Cabinet du Ministre de l’Education, mon interlocuteur, dont j’ignore l’identité, après les salutations d’usage, me dit que mon profil correspondait au système pédagogique français et qu’une école internationale dispensant un enseignement français allait bientôt ouvrir ses portes. J’avais vaguement entendu parler de ce projet auquel était lié le nom de l’épouse de feu Yasser Arafat. La conversation fut de courte durée, le Monsieur au bout du fil était aimable mais très peu précis, je ne m’attendais pas à l’appel. J’ai pensé que c’était probablement lié à la qualité de mon travail, à mon sérieux, et je l’ai toujours été en toute simplicité, à un sujet du bac qui était le mien par pur hasard et sans que personne ne m’ait jamais citée. C’était au tout début de l’été, l’école n’existait pas encore. Il n’y eut pas immédiatement de suite et je fis vite d’oublier l’échange.
Vers les premiers jours du mois de septembre de la même année, un autre coup de fil d’un conseiller du Cabinet du Ministère me demanda de me rendre sur place, aux Jardins de Carthage - la zone venait d’avoir ce nom - à un établissement nommé Ecole internationale de Carthage. Je répondis que je faisais ma rentrée le 15 septembre à mon établissement d’origine et que par conséquent je ne pouvais pas m’y rendre. Il me dit d’aller voir, de me faire une idée et que c’était plus intéressant pour moi. Mon mari me dit que je ne perdrais rien.
Je ne savais rien de l’école, j’appris sur place qu’elle appartenait à Mmes Leila Ben Ali et Souha Arafat. J’ai croisé Mme Arafat une ou deux fois au hasard des couloirs. Je ne l’ai jamais connue et je ne l’ai plus jamais revue.
J’eus un entretien avec M. G.Robert en présence d’une jeune personne amie de la gérante de Mme Ben Ali - sa nièce en l’occurrence - une jeune fille qui ne connaissait visiblement rien en tout ce qui était pédagogique. Elle fit deux ou trois interventions de circonstance. M. Robert a été professionnel dans le discours, je m’enquis de tout, lui dis que j’étais très difficile sans être méchante et que si l’école se destinait aux enfants gâtés, je n’étais pas la bonne adresse, que j’avais toujours travaillé avec une liberté pédagogique, que je ne savais pas faire de traitement de faveur. Il me répondit que l’école avait précisément besoin de mon profil. Je quittai l’établissement en promettant de réfléchir à la proposition. Le lendemain, l’école m’appela et me fixa rendez-vous avec la gérante de l’établissement. Je m’y rendis et je fis la connaissance d’une toute jeune personne avenante et souriante qui était visiblement au tout début d’une carrière professionnelle, qui était simple mais qui paraissait profane en pédagogie. C’était une jeune gérante et la nièce de la propriétaire des lieux. Peut-être sortait-elle à peine de la faculté ? Je ne saurais le dire mais visiblement, elle n’avait aucune expérience professionnelle.  Je m’informai de tout, appris que l’école dispenserait un enseignement français, que son objectif était d’avoir l’homologation, que tout était aux normes nationales ( CNSS ) et internationales. C’est ce jour-là que j’appris que la personne en face de moi était la nièce de Mme Ben Ali et une connaissance rencontrée sur les lieux m’expliqua tout. Nous étions le 2 ou le 3 septembre, le proviseur me pressa d’assister à une réunion, je n’avais pas encore dit oui et j’étais à la fois attirée par l’enseignement français, le côté international de l’école - qui, jamais, n’exista – la modernité des lieux mais j’avais, aussi, de très fortes appréhensions : l’école appartenait aux Ben Ali, je ne savais pas si tout y était légal, j’avais peur de perdre ma liberté d’être, d’agir et d’enseigner, de sortir de la discrétion de mon existence personnelle – mes choix de vie ont toujours été de m’éloigner des projecteurs, je n’en avais pas besoin, étant issue de vieilles familles honorables de toutes parts.

Le salaire de professeur en Tunisie est en lui-même inférieur à ce que peut gagner un détenteur d’un débit de tabac mais c’est un métier considéré comme noble et il l’est. Et cette arène qu’est la salle de cours m’a toujours séduite. Je m’y sentais dans mon élément et j’avais tellement de choses à passer. Le salaire proposé par l’ISC, du moins aux Tunisiens,  était de l’ordre de 1,3, autant vous dire rien du tout, surtout au regard du travail fourni, comme j’ai pu le constater par la suite.

J’ai participé au démarrage, ma rentrée personnelle était pour le 15 septembre, j’avais donc deux semaines ou un peu moins devant moi pour me faire une idée. Très rapidement, je me suis trouvée poussée gentiment mais assez familièrement vers des photos de classe destinées à la pub par un Monsieur qui était souvent là et qui portait un costume marron, je ne savais même pas de qui il s’agissait, c’est un détail, mais je me souviens encore, je lui disais : «  Non je ne fais pas partie de l’école, je dépanne juste. »  Et il me répondait : «  Tu es des nôtres. »
J’appris bien après que c’était l’un des frères de la propriétaire des lieux. Il était très gentil, un peu entreprenant, bon enfant mais ce n’était pas un pédagogue et ce n’était pas non plus une école. Du tout. J’y ai passé neuf ans. Enrôlée sans mon assentiment vrai mais sans non plus, pour être honnête, un refus catégorique de ma part, ce n’était pas possible.
 Le 13 septembre, j’informai le proviseur et la gérante que je me devais d’assister le 14 à ma réunion de reprise sur les lieux de mon établissement d’origine. Le proviseur : « Mme, nous avons besoin de vous et les élèves vous aiment déjà. »
 La gérante : « Mme, vous restez avec nous, veuillez signer la demande de mise en disponibilité svp. »

J’avais deux ou trois classes et il y avait un mix d’élèves intéressant, une majorité d’adolescents pleins de préjugés : le théâtre c’est du music hall, la peinture n’importe quoi, le chant affaire de vamps, et, des diamants aux regards intelligents et curieux, Lina, les triplés, Elyès et bien d’autres. Ce fut un défi d’homogénéiser tout ce monde, de corriger, de rétablir les choses, de casser les idées reçues, de donner à voir la différence. Le plus extraordinaire, c’est le besoin de limites de bon nombre d’entre eux et précisément des enfants du pouvoir. Je pense à Amine décrit en sourdine comme un dingue qui se rangea vite fait avec moi. J’étais très stricte mais pas du tout cassante et je donnais à chacun une part de mon écoute et de moi-même. Un travail intense de transmission de connaissances, d’échanges humains, de sculptures de profils psychologiques, du premier au dernier jour au prix de ma santé, c’est que c’était mon travail, que je suis entière et perfectionniste et que j’aime les gens. Les élèves sont les seuls indicateurs de l’investissement d’un professeur. Les miens en témoignent encore aujourd’hui. Et j’ai agi en conformité avec la seule phrase qui m’ait plu dans cet établissement où je n’ai cessé de répéter que la liberté pédagogique ne se fractionne pas, que j’étais un professeur trop stricte, une phrase du proviseur : Surtout restez comme vous êtes !
Il sera éjecté à la fin de l’année et c’était juste un proviseur utilisé pour le démarrage. Ce n’était pas le proviseur, il n’y en avait pas, c’était juste un titre. Les structures de ma tête étaient bouleversées. Et dès le premier jour, je sentis une pression. Chez moi aussi et après coup, mon mari : «  Nous allons y laisser des plumes. »
L’école était moderne, la verdure y était belle, les posters au mur donnaient à voir des visages d’enfants suédois, allemands ou scandinaves, tous blonds aux yeux bleus, quelques africains magnifiques et puis des textes : Mon école, Le Savoir … C’était surréaliste, kafkaïen !

( A suivre ) 

mardi 30 mai 2017

Repose Cher Collègue. Hommage à Thierry Curcio, le pendu de l'ISC.





On ne peut banaliser le suicide par pendaison de feu Thierry Curcio, Professeur de Lettres et de Cinéma à l'ISC. Cela fait moins d'une semaine et il est hors de question que l'on tourne la page.

J'aime mon pays, je suis tunisienne et fière de l'être et c'est pour cette raison que j'exige que dans mon pays, on respecte la personne humaine. Beaucoup le font et c'est tout à leur honneur. Ceux qui ne le font pas devront le faire en conformité avec les lois.

Un ami est un ami, blanc, noir, juif ou homosexuel. Cela ne m'intéresse pas et je n'y fais pas attention sauf pour mieux apprendre des autres.

Je ne suis pas Zorro, je suis une humaine et j'ai une sensibilité comme tout un chacun, normalement.
Le suicide nous saisit et le suicide par pendaison est d'une violence inouïe. Cette extrémité-là est probablement le fait d'un désespoir profond et aussi d'une maltraitance. Et c'est ce que je veux savoir.

J'ai travaillé à l'ISC de 2007 à 2015, malgré moi je dirais. Au départ, le système français m'avait attirée et je m'étais dit, je serai dans mon élément. J'ai travaillé sans contrat et sans rémunération pendant trois ou quatre mois, je ne me souviens plus très bien, j'ai été payée après, intégralement.

Pourquoi sans salaire ? Parce que habituée au virement bancaire, j'avais trouvé difficile de demander mon dû. Ils avaient fini par s'en rendre compte et par me régler.

Cela, c'était l'époque Ben Ali, l'école allait dans tous les sens et ressemblait à tout sauf à un établissement scolaire. Je me souviens même qu'une fois un éléphant était devant l'établissement pour le plaisir des enfants des propriétaires et les autres avaient autorisation de quitter les cours, la veille des vacances, pour prendre part aux amusements.

Simple anecdote. Mais c'est vous dire à quel point nous étions dans une cour royale. Le premier Proviseur était M. Robert, un homme compétent et qui trouvait, sûrement, à l'ISC, un complément de salaire intéressant. Il avait fait le démarrage et savait faire, bien que tous les proches du sérail pouvaient s'en mêler.

Il avait marché, a eu son heure de gloire et a vite été éjecté. Mme Ayachi Proviseur-adjoint prit sa place l'année suivante. Une Dame digne, Professeur de Lettres, correcte on ne peut plus, élégante au physique comme au moral. Ce fut son tort, isolée trois mois après son accession au provisorat, elle fut éjectée à la fin de l'année, après un travail de sape du proviseur-adjoint qui visait le poste : une personne remplie de haine qui avait en détestation les compétents, les sérieux, les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes, les bruns et les blonds ... Une personne retorse, malsaine, malhonnête qu'il fallait soit subir soit combattre. Ce fut âpre.

2009/2010, on fit appel à un proviseur à la solide réputation qui avait en charge un établissement international conventionné. Elle venait assainir un climat malsain et malhonnête. Elle le fit au départ et plutôt sérieusement. Plus tard, il s'avéra, que la personne était remplie de préjugés et qu'elle se permettait de regarder de travers " les efféminés " selon son point de vue, les " sûrement homosexuels ", les " prétendants représentants des personnels ", " les ceux-ci et les ceux-là ". 
On lui donnait le bon dieu sans confession, sous ses airs de vraie-fausse Juste. En fait, elle apprit à " surfer " dans une école où la " DRH " n'a jamais travaillé de sa vie avant l'école de " la tante de ma meilleure amie ", où la " directrice d'approvisionnement était une ancienne gérante d'un magasin de vêtements pour enfants " où la cantine était un commerce florissant et où les parents payaient cantine et cafét.

J'ai quitté cet établissement, où, de nombreux collègues se tuaient à la tâche le plus consciencieusement du monde, mais aussi le plus nocivement du monde sur le plan santé et dont je faisais partie, en septembre 2015, après un pic de tension à 20 à l'infirmerie de l'établissement et un burnout, un braquage devant le portail de l'ISC sans réaction de la part des responsables de direction. J'avais pourtant continué sur les rotules les deux dernières années  - et sans que mon travail s'en ressente - et mes élèves en sont témoins d'autant qu'en décembre 2012, je perdis mon conjoint : mort subite.

Je passe sur de nombreux épisodes et j'en parlerai dans les médias en temps opportun.

J'ai fait la connaissance de Thierry Curcio en septembre 2016. On s'est revu dans deux réunions, je crois, à l'IFT. Échanges de mails et de numéros de téléphone. Très rapidement, il me parla de l'ISC comme d'un établissement bizarre. Il était par contre content de ses élèves, il se plaignait juste d'une classe quelque peu difficile. Je lui ai conseillé de faire attention à sa santé et de ne pas trop prendre à cœur le travail de sape de l'administration. Au mois de février, je crois, il m'appela pour me dire que l'administration lui mettait la pression, qu'il ne comprenait pas pourquoi, qu'il a dû s'absenter deux semaines, il me semble, pour surmenage.

Avril, je l'envoie chez Annick Marsal, proviseur de L. Pasteur, professeur d'Economie Gestion à l'ISC auparavant et qui connaissait bien les pratiques de l'école. L'ISC lui ayant exprimé " sa désapprobation ", allez savoir pour quelles raisons et le non renouvellement de son contrat, il put arriver à un accord à L. Pasteur et en signer un. La semaine dernière, vers mardi, il était dans le bureau du proviseur de L. Pasteur.

On devait déjeuner ensemble, il voulait nous faire un couscous : " je sais bien le faire Sam, vous verrez." Il invitait un ami commun professeur aussi et moi j'ai proposé Annick : " Je n'oserai pas, ce sera mon proviseur l'an prochain. " " C'est une Dame très simple Thierry, vous verrez. "

Je voulais le réconforter et lui signifier qu'il sera bien entouré. J'avais beaucoup de peine pour lui et j'avais en tête ce que j'avais vécu dans cette école, j'étais juste plus combative. Mais à quel prix.

Mon collègue s'est pendu, ses élèves m'écrivent : il était strict mais compétent et gentil. " Nos projets cinéma n'ont pas abouti."

L'administration non initiée au Cinéma voulait étudier le travail d'un spécialiste "sous tous ses aspects." J'ai appris qu'il a laissé deux lettres : une à sa famille, l'autre à l'ISC.

Ils ne valaient pas tant que cela, Cher Collègue. Mais ils ont un pendu sur les bras. Cette école est une malédiction.

samedi 15 avril 2017

Ahmed Brahim, un an déjà.


Ahmed Brahim a été mon professeur. Un trait marquant du Monsieur : son indéfectible sourire. Mais aussi ses exigences de pédagogue. A l’oral, il faisait peur à plus d’un ou d’une étudiante. Si sa réputation de gentil et d’avenant n’était plus à faire, sa rigueur et son professionnalisme pointu étaient notoires et ça craignait comme on dit. L’homme A.Brahim : le Sud et ses valeurs, la conscience de la chose réelle et le sens des autres. Tout naturellement à gauche ou par préférence terminologique personnelle, progressiste. Le politique A.Brahim : un parcours de militant aux côtés de feu Mohamed Harmel. Un parcours et une implication sans relâche. L’homme est persévérant. Des sons de cloche ici et là, qu’Ahmed Brahim aurait composé avec le RCD ! Schizophrénie d’un discours calomnieux ! L’homme a toujours revendiqué le droit de chacun à l’exercice du pouvoir, l’alternance de l’exercice politique, la non-accaparation du pouvoir et ceci en plein autoritarisme benaliste, quand ce dernier s’étonnait du simple fait que l’on puisse seulement penser politique. A.Brahim a eu l’idée, très tôt, d’une coalition de tous les partis progressistes, des initiatives citoyennes. Il sait la force qui résulte de l’union, d’instinct me semble-t-il. Il y a de ces choses que l’on sait spontanément par connaissance de l’humain. Et A.Brahim est de ceux-là. Ce n’est pas rien quand on est dans le jeu politique, ça vous donne un humanisme et une communion avec l’autre nécessaires chez ceux qui se sentent de plain-pied dans la chose politique et le service public. Je l’ai déjà écrit, je ne suis pas de gauche dans le sens vieillot des années 60, certainement pas de droite non plus. Il me semble que le clivage gauche-droite est quelque peu désuet aujourd’hui, que personnellement, tout en me sentant proche de l’Homme dans sa réalité réelle, ses besoins matériels quotidiens, son mieux-être social nécessaire, l’égalité des chances au départ de sa vie, sa nécessaire orientation dans le domaine de l’éducation au secteur d’activité de ses compétences…j’opte pour une autre appellation politique : progressisme. Chez mon cher Professeur, j’aime précisément cela : son progressisme et sa modernité avérée. Heureuse d’avoir pu échanger avec lui au milieu du brouhaha des démocrates heureux que nous sommes. Publié par Franc-parler à 00:37.18 oct.2011.

dimanche 2 avril 2017

Sade De La Cueillette, Elyssa de Vie et Vénus de Regain


Comment vais-je l'appeler ce personnage des nuits virtuelles qui s'amuse à enterrer des désirs, à les arroser et à observer leur germination. M. De la cueillette ?
Sade De la Cueillette.
Le plus bel âge d'un homme est la cinquantaine. Ils sont peu nombreux à le savoir et restent sur le vieux rêve d'avoir vingt ans. Que c'est niais quand on sait que la chance est de pouvoir avancer !
Sade semble être sur une relation qui date avec cette jolie dame au regard si triste et le résidu de tristesse dans les yeux d'une femme est toujours pesamment significatif. Certains le savent. Peut-être pas ceux à la vue douillette.
La relation de Sade à Elyssa est forte, sûrement, mais aussi étirée dans le temps, mais encore houleuse, soumise aux caprices de cet amant si fantasque, si exigeant qui vous regarde vos mains à la recherche d'une note déplaisante.
Sade est fort d'avoir été beaucoup aimé, de l'être encore. Il n'y a qu'à fixer les yeux de sa génitrice. On ne peut avoir plus d'une femme dans sa vie, ce n'est pas possible. Et celle-là aux yeux sans joie le sait et se tait.
Il y a ces femmes de l'amour qui ne peuvent exister sans l'autre, qui souffrent même ses tribulations parce que l'enjeu est de l'avoir, d'autant qu'à vingt ans, ce fut le grand saut en plein dans le vide ou pas complètement. En tout cas beaucoup dans le vide, périlleux.
Sade est désinvolte et parcimonieux en don de soi. Il a toujours eu et cela va de soi qu'il continue à prendre.
Voilà un couple qui dure mais dont les liens ne sont pas reconduits, qui supporte le temps sans réagir à ses marques, qui reste encore, d'un côté par besoin d'aimer, de l'autre par l'habitude d'y être. Il y a du flou. Et peu importe au final pour Vénus, peu habituée à épier par le trou de la serrure.

Sade bourlingue à la tombée de la nuit, s'émoustille aux premières heures du nouveau jour et titille cette autre douleur d'un autre saut dans le vide. Les premiers pas d'une idylle sont teintés de Beau, de musique douce, d'intelligences devinées, de sensibilité légère et de corps tus mais dans la promesse d'un rebondissement.
Vénus, d'antan et un peu d'aujourd'hui, n'est pas dupe. La musique est toujours belle, gracieuse, enivrante, déchirante. Ses envolées vous vivifient les joues, le cœur. Il y a un air de légèreté mais Vénus a bâti aux portes de la passion un rempart et un observatoire de défense et de raison. Et puis surtout les femmes aiment les hommes mais elles s'aiment beaucoup entre elles et se protègent.
Cette histoire ordinaire de trois cœurs à faire battre, de trois parcours à prolonger, de trois existences à investir et à doter d'espoirs est une tranche de vie des abords de la cinquantaine simple mais essentielle d'envie de souffle et d'avancées, de désirs de femmes et d'hommes.

Affaires de religions


Un ami musulman à qui j'avais demandé s'il était pratiquant me répondit : oui, je prie une seule fois le matin après la douche.
Un autre grand ami et proche qui hurle au quotidien son arabité et son islam, qui est partiellement pratiquant, trouve dans sa religion toutes les libertés du monde et a une lecture extraordinaire - dans le premier sens du mot - du Livre : la loi relative au droit à l'héritage homme-femme, l'insupportable deux parts une part, inexistante. Discrimination homme-femme, inexistante. Le port du voile, inexistant. Et j'en passe.
Un autre proche a fréquenté, adolescent, la mosquée les vendredis et l'église les dimanches pour les déserter les deux une fois adulte.
Une jeune femme totalement areligieuse revendique haut et fort des valeurs universelles enracinées en elle : honnêteté, compassion, respect, magnanimité et j'en passe.
Fériel ne croit qu'aux actions associatives. Elle passe sa vie à nourrir les esprits, à prendre soins des animaux, à soigner les espaces verts, à vouloir changer les lois liberticides.
P. Boutros, libanais, chrétien de naissance, athée de conviction personnelle entretient les lieux de prières juifs, chrétiens et musulmans au Liban par respect du besoin des croyants d'honorer leur religion.
Il y a la liberté d'Etre qui est au-dessus de tout.

lundi 13 mars 2017

Mon père était un immortel. Il est pourtant parti. Il y a pour tous cette heure lâche, fugitive et fourbe qui vous expédie en deux temps trois mouvements.
Pourtant il aimait la vie, était beau comme un dieu et aucun printemps n'avait le cran de se présenter sans lui.
Il aimait l'art passionnément, le Beau et le splendide, la nature et les contrées, la femme et les femmes et puis celle-là qu'il appelait son diamant. Parti quand même. La mort est une Garce qui n'a d'égard pour personne.
Nous passerons tous au gré du temps d'ici vers là-bas où rien n'existe.
Vivons donc jusqu'à ne plus savoir quoi en faire, buvons le souffle jusqu'à la lie, étreignons ceux qui nous gonflent le cœur de battements légers, brillons des feux de l'entendement pour saisir le plus possible de cette traversée unique et sans retour, des germes que nous ne verrons pas s'éteindre.

Mon géniteur, toi l'immortel, une pensée de puissance à ton cœur vert d'un désir de vie en déroute, d'un désir de vie assujéti.

dimanche 12 mars 2017

L'école bat grave de l'aile !

Vous voulez vous faire une idée de l'avenir de votre pays ? Visitez vos écoles.

Une élève du lycée, à deux ans du bac, ne sait pas aligner une phrase correcte en français. Même chose en anglais. C'est la faute aux professeurs et aux parents selon elle. Elle a besoin d'un bouc émissaire. Sa contribution personnelle ? Inexistante.

Un jeune qui sentait le tabac à pleins poumons, 17 ans, n'a jamais lu un livre, n'a jamais entendu parler de Molière. Sur le Net, il s'exprime en LOL et en PTDR. Et la barre Google, cette extraordinaire barre ? Il n'y va que pour voir les nouveaux jeux vidéos sortis sur le marché.

Une jeune fille, au lycée également, aime les langues, voudrait maîtriser le français et l'anglais, se sent larguée en classe, parce que le professeur ne travaille qu'avec les bons éléments. Elle voudrait compter sur l'aide des autres, n'a pas eu l'idée de prospecter par elle-même, de prendre des cours en ligne, de suivre des programmes dans les langues qu'elle souhaite maîtriser.

Les éducateurs, de tous les âges, beaucoup viennent d'une époque révolue, sont imprégnés de principes poussiéreux, le respect des aînés, la communication unilatérale, l'élève réceptacle. Un dynamisme inexistant du moins de visu. L'interaction ? Oui, mais ce n'est pas ça.
L'apprenant est effacé, l'éducateur plutôt coincé du moins souvent.

Quels sont vos loisirs ? Sortir, manger, fb, la TV ... Oui mais encore ?

M. Jalloul, il s'agit d'un établissement prestigieux et c'est ainsi ! Que dire des autres ? Il y a un travail titanesque à faire. Sur les mentalités, les programmes, la formation des enseignants, la méthodologie, la place des langues étrangères, l'échange avec les autres systèmes, le jumelage, l'introduction des apprenants ...

L'enseignement se porte mal et les apprenants sont d'une platitude inquiétante.



vendredi 3 mars 2017

Billets d’humeur

1.
Je relis Emrasser  la vie de Christine Arnothy en ce moment, roman que j’ai dû lire à 15 ans peut-être. Cela date donc et tout semble nouveau. J’aime replonger dans les premiers pas de l’écriture de la jeune Hongroise apatride de vingt ans, revivre les bombardements de Budapest, en devenir sourd quelque temps en raison de la déflagration, vivre le siège de cette ville dans une cave et écrire, écrire ce qui sera considéré plus tard comme un témoignage historique. Et puis une histoire d’amour vraie entre la jeune écrivain et le fondateur du Parisien libéré en écho à la célèbre expression de De Gaulle : Paris libéré.

Je crois que je rêve ou plutôt j’écris moi-même. Cette frange de l’Histoire m’a toujours intéressée. Et puis ces mots que je comprends mais que je veux faire miens : fuir la Hongrie à pied, se trouver dans un camp pour réfugiés, faire partie de ce que l’on appelait les personnes déplacées, se trouver çà ou là grâce à un permis de séjour, n’avoir de l’espoir qu’à chaque prolongation, devenir apatride …

Une période trouble de vagues historiques fortes, d’incompréhension, d’écriture donc, de besoin de témoigner et de se libérer soi-même, de l’intérieur.

Pourquoi est-ce que je lis autant en ce moment ? Pour échapper à un réel hideux ? Pour continuer à croire que le Beau existe ? Mais où vois-je du Beau entre 45 et 55 et les conséquences de la Seconde Guerre mondiale ? 
Le Beau est vu comme tel en différé. Voilà.

Que vois-je au quotidien aux alentours ?
De l’insalubrité sur tous les plans, de la saleté, de l’irrespect, de l’ignorance, de la bêtise. 
Une époque qui manque de profondeur.



2.
Il est 7 heures du matin, je m’apprête à sortir. Je vérifie mon sac : mon portable et son chargeur, mon autre portable et son chargeur, ma tablette et son chargeur, mon agenda, mes stylos gel dans ma trousse, mes deux paires de lunettes, mes deux livres du moment, mes clés, mon porte-monnaie et mon porte-feuille, mes cartes, mon porte-folio professionnel que je ne laisse jamais au bureau. D'autres broutilles, bien sûr.  Pour peu que j’égare mes clés ou que je ne retrouve pas mon chargeur et mon début de journée en pâtit.

L’être humain devient fou. Pourvu que ma LTE ne me lâche pas en route.

vendredi 27 janvier 2017

Billets d'humeur



Billets d'humeur

I.
J'aime les hommes, mon père, mon frère, l'homme que j'ai aimé, mon fils, mes amis et peut-être, un jour, un être de cœur ...
Mais je ne supporte pas les Idiots.

Carrefour, rayon des légumes en barquette, un homme, la cinquantaine :
-  " Voilà, et on leur nettoie les légumes en plus, comme si elles ne sont pas suffisamment paresseuses comme ça ! "

Bien sûr, tu passes ta route, il n'y a pas photo. L'idiotie personnifiée. Mais comment ça existe encore cette ignorance-là, cette stupidité, cette vulgarité !
Grave et sans espoir.

" Elles ", les fournisseuses de pitance de M. À jamais Gros C !

II.
L'antenne de ma voiture a été volée, ce n'est pas la première fois. J'en achète encore une et j'essaye de remettre la radio. Je tombe sur une station dont je n'ai pas retenu le nom et un air du passé extrêmement agréable. Une chanson à texte et des mots pénétrants. J'eus les larmes aux yeux. Et pourtant, 8 heures du matin, vendredi, un dîner en perspective pour le soir et de l'entrain...
Les chansons du passé ne sont pas des chansons pressées pour personnes pressées. Ce sont des chansons qui prennent leur temps, des mots justes, des sentiments vrais, de l'humanité. J'aime.

III.
L'amitié n'a pas de prix. La présence de cet autre toi qui accourt aussitôt sollicité. Savoir que l'autre, par amitié, te soutiendra. Celui-là à qui tu te confies et en qui tu as confiance. Celui-là qui à force d'amitié devient asexué à tes yeux.
Est-ce cruel ? Je ne crois pas. Un ami est un peu moi-même.
Et puis un jour, il t'avoue son amour et sa colère d'être vu par toi comme un eunuque. Et tout vole en éclat ! Pourquoi faut-il déroger à un engagement ?
L'ami rare envolé ? Ou trop d'oubli de ce que nous sommes ? Bêtise quand tu prends racine.



vendredi 13 janvier 2017

Du poil de la Bête svp !

Je ne sais plus par quel bout comprendre mon pays.
L'ignorance y est de plus en plus promue et elle convient parfaitement à certains, la pauvreté nue explose, égale à celle d'il y a cinquante ans, le décrochage scolaire se banalise, le cheikh remonte à la surface et offre des bonus et des malus. C'est qu'il est dans le secret des dieux. Sa Voix ( voie ) est utile aujourd'hui où le monde se diversifie dans les stratégies économiques les plus modernes. Il y a quelque temps, il y avait même l'aspergeur d'eau bénite.
Il est où Bourguiba, il est où mon père, ils sont où les progressistes ?

Ce n'est pas fini, Chekib, Ben Gamra, de petits avocaillons tout fraîchement arrivés, un vieil avocat moyenâgeux représentent la nouvelle vague. Nous sommes à la pointe du traditionalisme le plus infécond. Il s'agit de la nouvelle tendance entre associatif, mézoued et l'enseignement d'El Zitouna ! Que c'est moderne !
Le modèle qu'il faut à nos enfants. Et puis, il y a Houméni, la grandeur musicale et les leçons de vie de Kafon. Certes, de la création même si ça craint mais surtout un profil zéro culture et rapatriement à droite dès l'instant où on lui demande de pensouiller ( néologisme, ne cherchez pas ).
Ce n'est pas fini les gens. Il y a les télévisions. Mmm... admirables de convictions et de déontologie. Voilà, que réapparaissent des valeurs sûres. Des milliardaires d'il n'y a pas longtemps, qui n'avaient pas un rond à la base mais qui ont bossé pendant plus de deux décennies, ce qui explique leur fortune. À la vaillance des bras s'il vous plait ! Et à la crédibilité des diplômes. Vous travaillez depuis trente ans et vous galérez ? Vous n'avez pas su faire.

Dites-moi, qu'est-que ces journalistes qui ne reculent devant rien pour faire du sensationnel ? J'ai honte. De les entendre servir du Si par-ci et du Si par-là, j'ai honte. Le banditisme et les voleurs de grandes routes. On a beau leur recommander  de faire acte de pénitence, leur distribuer des satisfécits et les aider à se redresser, NO PASARAN. Sinon il en est fini de toute crédibilité.
Grave et insupportable. Les fauteurs de troubles doivent assumer leurs actes.

Ce pays, dans cette phase particulière, à la fois nécessaire et inquiétante, va dans tous les sens. Traditionalisme et recul intellectuel, progressisme en panne et bavardage sirupeux, médias défrayeurs de chronique et férus d'argent, corruption blanchie, invasion d'imbécillité de toutes parts et manque cruel d'efficacité et de praxis sur le long terme.
Il fait mal vivre ici et beaucoup d'ineptes s'infiltrent au vu de la faiblesse des anciens bâtisseurs ou de leurs adeptes.
Du poil de la bête de toute Urgence !