II.
Une des choses qui m’avaient choquée dans cet établissement
en cette rentrée 2007, très inattendue pour moi, c’étaient les cendriers jonchés
de mégots dans les bureaux desdits responsables : gérante et amie, à une
époque qui était pour l’interdiction de fumer dans les administrations,
juridiquement. Mais nous étions juste un pays à la mode. Et en même temps et
assez rapidement, un espace fumeur pour les autres. Encore un détail. Mais il s’agit
d’insister sur la schizophrénie du discours et la coquille vide qu’était cet
établissement.
Seule chose intéressante : les apprenants, dans les 300
et quelques à ce moment-là. Un grand nombre parmi eux était insupportable, de
suffisance et de vacuité, d’ignorance et de bêtise mais ce qu’on peut arriver à
faire avec les jeunes est énorme : il y a chez eux de l’écoute dès l’instant
où ils sentent que ce qu’on leur dit participera à leur valeur d’Etre.
Dès lors, l’apprentissage pouvait se faire et les mises au
point ne survenaient que de temps en temps. Parce qu’il y avait aussi, des
automatismes à installer, de concentration et de rapide reprise de
concentration.
Le proviseur de la 2ème année de l’établissement
était Mme Ayachi, une pédagogue, professeur de Lettres, correcte, francophone
pur jus, intègre et discrète. Au début, ils la trouvèrent peu stricte. Ils lui
donnèrent donc des instructions de sévérité et quand elle le fut, on le lui
reprocha. On lui reprocha aussi d’être polie et on lui préféra vite fait une femme
qu’elle introduisit elle-même, une de ses anciennes collègues précédemment, et qu’elle
savait plutôt réservée. Elle crut savoir. Et puis le pouvoir, la proximité du
pouvoir vous changent certaines personnes du tout au tout ou plus justement
vous les donnent à voir sous leur vrai visage. Et ce fut, isolement du
proviseur, peaux de banane, médisances, travestissements des faits, mensonges,
comédie, franche malhonnêteté, clientélisme, jalousie folle de tous, tentatives
d’intimidation diverses, harcèlements et même de l’animation foraine en fin d’année…
Ceux qui n’ont pas voulu opposer de résistance, qui ont une
forme « d’intelligence pratique » qu’ils appellent adaptation, qui
est en fait de la soumission et souvent de l’opportunisme se sont constitués en
clan : aller dans le sens du poil, laisser faire et en récolter les
avantages. C’est que cette personne avait besoin de soumis pour exister, se
faire admettre, prouver sa popularité. Une cour dans la cour avec un ordre de
priorité, cela va de soi. Carpet et carpet à mort. C’était exécrable.
Lamentable.
Diviser pour mieux régner et même qu’il y avait deux têtes d’autorité
dans la haute cour : la gérante et une proche parente, elle, plus
expérimentée. Je passe.
2009/2010
Un nouveau proviseur prit les rênes de l’établissement suite
à Mme Ayachi. Cette dernière me dit que « c’était une tête bien remplie »
et je crus que c’était une intellectuelle. Je me dis au fond de moi-même que si
une vraie pro dirige l’école, il y a des choses que les choses s’arrangent et
que chaque responsable assumera sa responsabilité, que le travail de sape qui
fit partir Mme Ayachi cessera. Une opération nettoyage et restructuration. Le
premier jour, j’eus, de passage dans mon cours, ledit proviseur qui se
présentait aux élèves : une dame d’un certain âge, assez masculine
physiquement et qui avait le ton plutôt juste. Elle paraissait distante vis-à-vis
de la seconde, me félicita d’être un « excellent » professeur. Ricochet,
la seconde en fut pincée. Je compris qu’elle savait tout. C’était la première fois
de ma vie que je la voyais.
Je sentis plus de professionnalisme, plus de rigueur. Mais
elle fut bientôt la cible de la seconde, isolée, torpillée, décriée, méprisée…
La seconde continuait sur sa lancée, il fallait qu’elle soit seule à bord et
elle s’aplatissait d’une telle façon devant le pouvoir, qui ne la vit jamais
directement, qu’elle finit par avoir leur adhésion. « Mme la Présidente »,
« En haut lieu, on me fit savoir », « Ma vie la vraie est là
avec Mme la Présidente », « Je n’ai que faire de ma maison, j’ai mon
logement de fonction »…
Le nouveau proviseur fit elle des tentatives de
rapprochement, la « révolution » fit le reste. Et elle se fit toute
petite pendant longtemps et les « Dégage » collés sur sa porte. Pour ensuite reprendre
du sale service, autrement, et, déteindre sur les autres.
( à suivre )
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