Je veux bien concéder que Bourguiba en personnage public peut être critiqué, nous le critiquons nous-mêmes, nous aurions voulu le voir mettre la Tunisie qu’il a toujours voulue moderne au rang des pays démocratiques, qu’il fît confiance à son peuple…Un homme politique de la dimension de Bourguiba est une heureuse et rare incidence de l’Histoire. Que Ghannouchi le critique, en parle négativement dérange fortement, déplaît. Aucune commune mesure. Certes, il y va de leurs rapports personnels. Mais Bourguiba reste Bourguiba et quoi qu’on lui reproche, il y a la profonde considération d’un Monsieur d’exception, d’un homme moderne et éclairé à une époque où les Arabes ne connaissaient pas la modernité. Nous pensons principalement au Monsieur au summum de son génie politique avant la vieillesse et la perte du discernement.
dimanche 30 octobre 2011
Demos cratos
Le jeu démocratique est dur mais il faut en accepter les conséquences. Les irrégularités ? Il y en a eues et la justice s’en occupera. Mais de là à remettre en question les résultats des élections sur tout le territoire et ailleurs…Difficile à avaler. Le peuple a choisi, c’est la dictature de la majorité. Difficile. Sauf qu’il y a une urgence : se relever et se faire entendre.
Il y a, malgré la victoire d’un parti avec lequel les progressistes ne partagent pas grand-chose, un bonheur : nous sommes sur le terrain de la démocratie. Le pays n’est pas à feu et à sang et ce n’est pas rien.
Les démocrates modernistes de tout genre ont échoué, échec variable bien entendu pour les uns et pour les autres. Cet échec s’explique par la victoire du camp adverse.
Comment donc comprendre et à quoi imputer la victoire d’Ennahda ?
Ennahda a été fortement réprimé sous Ben Ali, honni de toutes parts ou presque. Le parti utilise cette répression et se présente comme un parti-martyr en faisant prévaloir cette donne à une époque où El Moussemeh Karim cartonne, c'est-à-dire à une époque où le pathos a de beaux jours devant lui.
Un parti qui s’est propagé tout spontanément sur un regain de religiosité de forme - le voile et la barbe - plus que de fond alimenté depuis des années par les chaînes satellitaires.
Depuis le 14 janvier et l’arrêt de la répression, Ennahda n’a plus la corde au cou, le bâton au dos, un travail de terrain, de porte à porte quasiment a commencé très tôt. L’empathie avec la mouvance est assez rapide, populaire. L’utilisation des mosquées à des fins politiques a fait le reste.
Ennahda est un parti riche, un parti monnayé de l’extérieur mais aussi de l’intérieur grâce à la « zakât », une aumône destinée entre autres, dans le cadre de la responsabilité collective, à améliorer la vie sociale des musulmans. Valeur largement instrumentalisée.
Le parti est également soutenu par les puissances occidentales et notamment les Etats-Unis qui entendent ainsi le maîtriser en le plaçant au pouvoir et parce que le pragmatisme américain a décidé de prendre le taureau par les cornes afin de commencer le réglement de la question islamiste.
La victoire d’Ennahda est une revanche sur les 23 ans de dictature benaliste, d’emprisonnement, de sévices de tous genres. 23 ans d’abêtissement du peuple également, de dégradation du cursus scolaire et de la valeur des diplômes, de découragement de l’éveil et de l’esprit critiques.
Si le parti islamiste a tissé, en douce et sur la durée, un réseau social solide, s’il a continué à œuvrer, les progressistes, eux, ont chômé pendant des années. D’abord, leur discours leur a été très tôt pompé par Ben Ali, grand spécialiste de la récup’.
De même, sachant la répression exercée sur les islamistes, ils n’ont pas vu ou n’ont pas saisi les manifestations extérieures de la propagation de l’islamisme mettant souvent cela sur le compte du pouvoir démagogique des chaines de propagande.
Depuis la chute de Ben Ali et plus précisément depuis le mois de mai, les démocrates se sont démenés, ont occupé le terrain, ont fait valoir leurs valeurs, la peur au ventre et emplis d’appréhension, se sentant plus dans l’urgence de contrecarrer le projet nahdaoui que de rivaliser avec lui tant la menace - à ce moment-là - islamiste se faisait sentir. Sauf que neuf mois sont trop insuffisants pour faire face au géant Ennahda.
Par ailleurs, le discours progressiste - notre discours - a très souvent été élitiste au point d’être taxé de bourgeois – aucun rapport par ailleurs ! – ceci dans le meilleur des cas sinon de mécréant, point qui a été récupéré par nos opposants qui n’ont pas eu à gratter pour faire croire que démocrate équivaut à ennemi de Dieu.
Nous sommes à une époque très superficielle, benaliste à vrai dire et c’est précisément cette superficialité qui a formé nos jeunes. Un mélange de télé-réalité, d’émissions religieuses de charme où l’animateur racole à tour de bras en séduisant à travers un discours où l’humour tient une place de choix. Une époque où le besoin de religiosité se confond avec la superstition, la magie, les confréries ( les « sidi »), où une jeune sociologue ne saisit pas que les cérémonies de sacre des sidi untel ou untel, les « zerda » peuvent constituer un sujet de thèse intéressant tant les connaissances académiques sont coupées de l’expérimentation et de la réalité. Ennahda ne pouvait que proliférer en l’absence de toute opposition de proximité qui est, par ailleurs, et forcément, moins honnête que certaines nées après le 14 janvier (le PDM ), dans la cécité, reconnaissons-le aujourd’hui, opposition moderne, élargie, qui sut dépasser le simple leadership pour focaliser sur les principes de base mais qui ne mesura pas la longueur d’avance, l’impact et le matraquage des enfants égarés d’Ennahda ou du RCD. Nous pensons à ce mystérieux Hechmi Hamdi, docteur apprend-on, qui maîtrise l’art de la communication populiste : animateur, chanteur, bon samaritain, politique, qui tient à lui tout seul une chaîne de télévision qu’il active au four et au moulin.
Aujourd’hui, Ennahda l’emporte, c’est un fait. Les irrégularités, nombreuses, ne changeront pas la donne. Le peuple a exprimé son choix. C’est la douloureuse démocratie. Une douleur que nous nous devons d’accepter. Ennahda se trouve aux commandes d’un pays à genou économiquement et cela n’a rien d’une prière. Ennahda se trouve dans la ligne de mire de tous les observateurs de l’opposition et dans l’attente de la réalisation des innombrables souhaits du peuple tunisien, dans le dépassement de ses frustrations.
L’examen est très dur et il commence.
En outre, le problème islamiste que nous n’avons jamais voulu regarder dans les yeux aura été réglé, les « martyrs » d’hier sont les victorieux d’aujourd’hui grâce principalement à un rejet fulgurant de la dictature offert aux islamistes. Pourquoi le terme « révolte » ? En raison, de la fausseté qui découlera du choix du mot « révolution ».
La victoire des islamistes est une épée de Damoclès : des défis énormissimes, des attentes impossibles, des espoirs donnés démesurément, une inexpérience du terrain politique, une confiance certaine de la part des votants, des schismes intérieurs plus que probables, une ligne politique atrocement difficile : faire taire les durs, faire enrager les démocrates qui ne jurent plus que par la rue, relancer l’économie en promouvant le tourisme…La bourse a "crashé" pas plus tard que le 26 octobre…Tous les regards sont braqués sur Ennahda, de l’intérieur bien évidemment mais aussi de l’extérieur. On l'a entendu.
Les démocrates, eux, ont gagné une chose inestimable, une arme qu’ils se doivent de brandir tous les jours : la liberté d’expression. En effet, nous sommes en démocratie.
lundi 24 octobre 2011
Avorton
23 octobre, quelle fierté d’être Tunisien ! Une grande amie m’appelle et me dit qu’elle aurait aimé être de chez nous, que ce que vit la Tunisie est l’Histoire qui s’écrit en direct, qu’elle n’avait jamais vu ça. Moi non plus, cela va de soi. C’est une gestation de quelque chose, un accouchement en direct avec tous les ressentis qu’on imagine. Oui, il y a une vraie fierté d’appartenir à ce pays.
Carthage, 7h45 et déjà une très longue file, une journée radieuse, des gens heureux. Vi-si-ble-ment. Un bonheur électoral, en avez-vous déjà entendu parler ?
24 octobre, l’effet pschitt. Nous avons pensé très haut, très loin. Du travail est encore à faire. Notre peuple n’est pas si mûr que cela et dès qu’il s’agit de construire, le conservatisme pointe son nez. Qui l’eût cru ? La Tunisie ! On la pensait moderne, voilà qu’elle s’avère timorée, tournée vers le passé, se donnant naïvement aux idées arrêtées. Quelle déception !
Le temps de pleurer son enfant après des mois de forte implication et aussitôt en marche, manches retroussées pour batailler au sein d’une opposition farouche qui ne laissera rien passer.
Sinon, la plume est fantasque, l’encre sèche et l’être en mal de convictions…
mercredi 19 octobre 2011
J-3
Certains continuent à publier leur amour de GFFerré ou de J-PGaultier. Ce sont les « J’aime », j’aime, j’aime…D’autres ont déniché une redistribution de Abdelhalim par la dernière née libanaise de la chanson de variété…Bon, libres à eux. Pourquoi, sommes-nous nombreux à vivre dans l’obsession du 23 ?
La liberté est notre souffle premier. Notre première exigence. On tremble pour elle, on ne la bradera jamais. La femme tunisienne joue son vrai grand rôle, elle le sait. Pourvu qu’on ne la culpabilise pas. La femme tunisienne joue aujourd’hui son être économique et social, sa survie.
La Tunisie n’est pas à vendre, c’est à ses femmes et à ses hommes d’arrêter ceux qui lorgnent sur elle. Ils sont nombreux, des enturbannés, de la thune et du gruyère à la place de la matière grise. Leurs exécutants sont chez nous et à force d’avoir été engraissés, ils vendront leur âme au diable. La Tunisie a toujours nargué les Arabes d’Arabie et du Golf : Bourguiba, liberté de ton, émancipation de la femme, fierté et insoumission. Trop pour des « courts en tête » qui veulent étendre leur pouvoir à coup de pétrodollars. Al-Jazira, une chaîne de propagande, exécrable, faisait mine d’attaquer Ben Ali, en réalité, elle préparait le terrain, le balisait à une mainmise d’enturbannés. Aujourd’hui, le peuple tunisien peut faire échouer le projet de ces personnes mafieuses grâce au vote convaincu et au boycott des alliés des enturbannés. Il y va de la souveraineté du pays.
Non, je ne baisserai pas la tête, non je ne vous autorise pas à légiférer sur mon être, mon statut social, mon apparence. MARRE d’entendre des poilus parler de moi, de mon travail, de ma relation avec l’homme, de mon vestimentaire. De quel droit ? Qui êtes-vous ? J’ai toujours contesté les pouvoirs autoproclamés, haï même. Qui vous dit que nous avons les mêmes référents ? De quel droit estimez-vous que nous ne pouvons être que pareils ? Avons-nous eu le même cursus, lu les mêmes livres, connu les mêmes personnes ? Avons-nous eu le même vécu, sommes-nous empreints des mêmes choses ? L’uniformité est synonyme de mort et je ne vous ai jamais chargés de veiller sur moi. Je suis LIBRE.
Le combat ne cessera pas, il continuera. Difficile d’imaginer que la liberté peut venir à manquer. Inacceptable en réalité. La société tunisienne a largement prouvé son attachement à la modernité, à l’émancipation de la femme, à la liberté d’expression, à la séparation du pouvoir politique et religieux…Seulement, les chiffres n’existent pas. Les premières élections libres de la Tunisie sont difficiles à sonder, les estimations quasi impossibles. Devrions-nous payer lourd le tribut de 23 ans de dictature et de méconnaissance des mécanismes politiques et du terrain tunisien ? Quel que soit le résultat des élections le combat continuera. La femme principalement ne devra pas baisser les bras, ne devra pas baisser la voix, ne devra pas baisser les yeux. En aucun cas. De plus, elle est appelée à occuper la scène politique et à faire entendre sa voix. Des siècles de répression, de domination masculine, de second rôle, d’analphabétisme, de dépendance, de dépendance financière font d’elle un vaillant guerrier. Qu’elle ne se laisse pas récupérer, qu’on ne la fasse taire, qu’on ne la fasse pas culpabiliser et qu’elle sache que la meilleure façon d’exister au monde est d’être une citoyenne à part entière, travailleuse, responsable et honnête.
mardi 18 octobre 2011
Atakni, PDM, ça et là et Ahmed Brahim.
16h, direction Sidi Bou Saïd, la salle multisport, les Pôlistes ou les Kotbeing comme j’aime à nous appeler ont été formidables. De l’adrénaline pure et un hymne fort, œuvre de Mohamed Ghaddab. La salle a vibré malgré une sono capricieuse. Les sympathisants du Pôle, en dépit de différences sensibles quelquefois, ont en commun le respect de la différence, l’amour de la liberté, des convictions indérogeables : la séparation du politique et du religieux, la nécessité d’une presse libre, de mécanismes démocratiques qui feront partie du fonctionnement politique du pays sur la durée. Le meeting a été rassembleur et le Pôle prouve tous les jours qu’il est possible de travailler ensemble malgré les spécificités de chacun et de regarder globalement dans la même direction. Un mot-phare : la démocratie et les libertés individuelles.
La Tunisie souffle depuis près de 9 mois après un régime benaliste, plutôt stalinien, de 23 ans. Ce qui n’a pas empêché les Tunisiens de faire un travail politique de quasi professionnels. Hier, à Sidi Bou Saïd, à l’entrée ou presque de la salle multisport affrétée pour le meeting du Pôle, un stand d’Ennahda, un autre de Marzouki – il faut convenir qu’ils étaient plutôt voisins ! – chacun y allait à sa vitesse à la vente de t-shirts et de diverses bricoles, sur fond de musique. Le tractage se faisait par un service assez jeune, souriant, politique à souhait dans le sens marketing du mot. Le plus surréaliste chez nos compatriotes les Nahdaouis, c’était Cheikh Limam et ses chants révolutionnaires. S’il n’y a pas récupération, j’opterai pour ma disparition physique. Cheikh Limam chez les Nahdaouis, c’est karl Marx chez Ettahrir !
Petite anecdote à la Marsa qui pourrait s’avérer utile. En plein souk, tractage de tous bords. Le pigeon visé : la ménagère, mère de famille, cheftaine du foyer, au service de tous. Un nez dans les légumes frais, un œil sur le jogging size M pour le petit dernier sur les étalages des fripiers. Chapeau bas à la mère, à la femme d’affaires. Oui, les affaires c’est aussi de se dégotter un jogging pour son enfant à 4 dt au lieu de 40. Des jeunes, des tracts, un bel homme grisonnant menait l’opération, une allure de Richard Geere façon médecin, un échange avec une mère, la quarantaine, des sourires à gogo de toutes parts, un attroupement qui gonfle à chaque passage de mamans dans leurs habitudes du dimanche. Une d’entre elles répond : « Mon mari ira voter pour moi, c’est loin le 23, je ne m’y connais pas, ça ne changera rien de toutes façons, chaque dimanche, je serai là. Il faut baisser les prix, voilà l’important ! »
Le mari, carte-maîtresse de la femme, siège bancaire cité, référence du Moi, carte d’identité les jours heureux. De là à lui attribuer l’exclusivité du vote, il y a là un travail à faire aujourd’hui avant demain. La femme est citoyenne d’abord, femme et mère ensuite. De même, le 23 est là depuis des mois déjà pour celles et ceux que les élections obsèdent, qui en savent l’enjeu. L’économique, Mesdames les Mères, vous qui êtes à la tête de vos familles et bien, l’économique c’est vous qui le ferez avec vos voix, vos choix qui, pour la 1ère fois dans l’Histoire de la Tunisie compteront et seront décisifs. Du travail, du sur-terrain, encore et toujours, pour dire à la femme son poids de citoyenne et de citoyenne libre.
Ahmed Brahim a été mon professeur. Un trait marquant du Monsieur : son indéfectible sourire. Mais aussi ses exigences de pédagogue. A l’oral, il faisait peur à plus d’un ou d’une étudiante. Si sa réputation de gentil et d’avenant n’était plus à faire, sa rigueur et son professionnalisme pointu étaient notoires et ça craignait comme on dit. L’homme A.Brahim : le Sud et ses valeurs, la conscience de la chose réelle et le sens des autres. Tout naturellement à gauche ou par préférence terminologique personnelle, progressiste. Le politique A.Brahim : un parcours de militant aux côtés de feu Mohamed Harmel. Un parcours et une implication sans relâche. L’homme est persévérant. Des sons de cloche ici et là, qu’Ahmed Brahim aurait composé avec le RCD ! Schizophrénie d’un discours calomnieux ! L’homme a toujours revendiqué le droit de chacun à l’exercice du pouvoir, l’alternance de l’exercice politique, la non-accaparation du pouvoir et ceci en plein autoritarisme benaliste, quand ce dernier s’étonnait du simple fait que l’on puisse seulement penser politique. A.Brahim a eu l’idée, très tôt, d’une coalition de tous les partis progressistes, des initiatives citoyennes. Il sait la force qui résulte de l’union, d’instinct me semble-t-il. Il y a de ces choses que l’on sait spontanément par connaissance de l’humain. Et A.Brahim est de ceux-là. Ce n’est pas rien quand on est dans le jeu politique, ça vous donne un humanisme et une communion avec l’autre nécessaires chez ceux qui se sentent de plain-pied dans la chose politique et le service public. Je l’ai déjà écrit, je ne suis pas de gauche dans le sens vieillot des années 60, certainement pas de droite non plus. Il me semble que le clivage gauche-droite est quelque peu désuet aujourd’hui, que personnellement, tout en me sentant proche de l’Homme dans sa réalité réelle, ses besoins matériels quotidiens, son mieux-être social nécessaire, l’égalité des chances au départ de sa vie, sa nécessaire orientation dans le domaine de l’éducation au secteur d’activité de ses compétences…j’opte pour une autre appellation politique : progressisme. Chez mon cher Professeur, j’aime précisément cela : son progressisme et sa modernité avérée.
Heureuse d’avoir pu échanger avec lui au milieu du brouhaha des démocrates heureux que nous sommes.
dimanche 16 octobre 2011
J-7
Salafisme.
J’aime notre Tunisie, autant que vous. Et si j’avance que je l’aime plus, je serai dans la surenchère et c’est le début des ennuis. Les Salafistes sont dans la surenchère, c’est un signe de mal-être, de rage même, de vieille colère consécutive à des problèmes personnels. L’extrémisme a toujours proliféré dans les zones à problèmes : pauvreté, chômage, inégalité des chances, problèmes psychologiques, familles explosées, ignorance…
Le Salafiste fonce tête baissée et c’est précisément pour cela qu’il sera utilisé en soldat, en kamikaze. On les a vus. A la question posée : « Où vous rendiez-vous ? ». Une réponse machinale : « Au siège. ». « Quel siège ? ». « Le siège qu’on nous a indiqué. ». Les réponses sont, souvent interrogatives. Etonnantes pour des réponses.
Le salafiste ne fait pas preuve de réflexion consciente d’où sa violence. Ce qui s’est passé dans le pays suite à la projection de Persepolis, film d’animation projeté sur NessmaTV est d’une rare violence. Pourtant ça ne tenait qu’au bouton de la commande. Comme tout ce qui dérange : les coups de klaxons intempestifs, les blasphèmes, les émissions nases … Il n’est pas possible aujourd’hui de laisser qui que ce soit dicter la loi, s’arroger le droit de donner des leçons. C’est la définition même de l’impérialisme et c’est insupportable.
Non, j’aime la Tunisie autant que vous et je n’ai rien de plus que vous. Certainement pas une autorisation divine de gardiens du sacré.
Démocrates.
La Grande Famille des démocrates doit ces jours-ci montrer sa solidarité en dépit des petites allergies. On doit pouvoir marcher dans la même direction, toucher le maximum de personnes et rallier les indécis. Un mot phare : la liberté. Un mot qui se décline en plusieurs dérivés : liberté d’être, de s’exprimer, de choisir…L’Islam est l’affaire intime de près de 98% de Tunisiens, c’est la religion du pays, il chronomètre nos vies et n’est pas le moins du monde en danger. La preuve : il a quatorze siècles. Dieu n’a pas besoin de défenseurs. Dieu est Dieu c'est-à-dire le tout-puissant et quand les Salafistes hurlent, en réalité, ils « gueulent » leurs souffrances et leurs peines inconscientes. Dans notre intimité spirituelle, on s’adresse à Dieu, tous les jours, à chaque fois que le besoin se fait ressentir. Les appellations diffèrent, les invocations aussi, le message est intime. Devrions-nous breveter nos prières à Dieu ou attendre un quelconque feu vert de ces autoproclamés gardiens du sacré ?
La peur ? Connais pas !
La peur ça me connaît pas d’ordinaire. Or, là, je l’ai au ventre. J’ai peur que mon pays échoue, que la démocratie soit capotée, que la violence saisisse mes compatriotes quelle que soit leur obédience, que cette manne historique, rare dans son genre, file entre nos doigts. Est-il possible de se passer désormais de la liberté de ton que nous avons arrachée à mains nues ? Est-il concevable de rentrer de nouveau dans cette vieille coque de 50 ans qu’on nous avait imposée ? Est-il seulement envisageable de retourner à l’état de végétaux dans lequel nous vivions ?
La peur dans le ventre et en dépit de tout, NON. Sauf que de tout temps s’insurger s’est fait en groupe, par contre quand il s’agit de construire beaucoup manquent à l’appel. Et cette lâcheté-là peut, quelquefois, se comprendre humainement.
Femmes, femmes, femmes !
Plus de 50% des électeurs sont des électrices. La femme aura la responsabilité de trancher. Qu’elle se souvienne de ce que le fondateur de la Tunisie moderne a fait pour elle ! Qu’elle se remémore qu’elle est, depuis le milieu XXème siècle, une véritable clé économique ! Qu’elle prenne conscience encore et toujours de ce qu’elle a donné à son pays de tout temps et en divers lieux : au champ, à l’usine, au bureau, en classe et ailleurs ! La femme tunisienne a été la richesse de la Tunisie. Haddad l’a pensé, Bourguiba l’a mis en pratique. Ce qui fait de la Tunisienne ce qu’elle est, une femme affranchie et responsable, c’est précisément sa liberté et sa dignité. L’enjeu sera de ne pas les perdre et de garder sa destinée en main.
samedi 15 octobre 2011
Amina Arfaoui, universitaire : Notre religion n'est pas en danger !
"Ce n'est pas l'Islam qui est en danger en Tunisie : les mosquées sont en effet pleines de monde, les gens vont en pèlerinage et vivent leur religion normalement, tout va bien, mais ce sont les libertés qui le sont. Alors, comment expliquer cette agitation orchestrée régulièrement par des groupes agressifs et remplis de haine? La raison en est que les salafistes, (et seulement eux j'espère, mais il y a vraisemblablement aussi des ennemis de la Révolution qui les aident à s'organiser et à attaquer en toute impunité ) instrumentalisent la religion pour pouvoir remettre en question les libertés fondamentales et opprimer la femme qu'ils détestent. Oui, il y a en ces hommes une haine de la femme qui les poussera peut-être un jour à vouloir éliminer celle-ci de la terre (cette élimination a déjà commencé dans certains pays dans lesquels les parents peuvent choisir le sexe de leur enfant, en Chine et en Inde, des villages entiers n'ont que des hommes en âge de se marier, et ceux-ci ne peuvent pas trouver de partenaire femme car il n'y en a pas). Et qu'arrivera-t-il alors dans un monde où il n'y aurait partout que des hommes, rien que des hommes barbus portant des robes? Car n'est-ce pas cela que les salafistes souhaitent au fond? Et est-ce que c'est en agissant ainsi qu'ils pensent pouvoir accéder au paradis, alors que toute personne les regardant manifester dans les rues le vendredi ne peut qu'être choquée par leur violence et leur aspect physique effrayant? L'image qu'ils donnent de la religion musulmane est terrifiante. Si nous, adultes, savons que l'Islam n'est ni violence ni haine, les enfants, qui sont encore en train de se construire et de faire la connaissance du monde, risquent fort d'être traumatisés à vie, car ils ne le savent pas, eux."
mardi 11 octobre 2011
Démocrates de tous bords ! Rassemblement !
Je vote PDM, c’est sûr. J’aime la voix du Pôle même si je ne me considère pas de gauche dans l’acception vieillotte de cette orientation. Pas de droite, cela va de soi, cela ne se pourrait. D’aucune façon. Même si certaines économies libérales me semblent aujourd’hui incontournables. En réalité, et pour ma part, il y a la gêne de cette dichotomie qui me semble désuète, trop définitive. Le monde bouge, les interférences sont là, l’économique a ses exigences, les murs de séparation définitive tombent d’eux-mêmes face aux impératifs socio-économiques d’où une préférence certaine de termes plus flexibles et moins coupants : progressisme ou encore et, en dépit des ricanements, altermondialisme.
Je suis pour la dignité de l’Homme dans le travail, l’assurance-maladie. Pour l’équilibre des régions. Pour le modernisme social dans tous les aspects de la vie. Pour un système éducatif affranchi de toute idéologie dont l’objectif premier et final est l’orientation de l’apprenant vers le domaine de sa compétence afin d’abolir l’échec. Pour le travail dynamique et la recherche permanente de moyens à même de réduire sinon de résorber le plus possible les obstacles sociaux.
Pour relever le niveau de l’Homme socialement et intellectuellement où qu’il soit et casser ainsi la centralisation.
Il me semble que le progressisme est là, la démocratie est là, le respect de la personne humaine et le projet de la porter haut. J’aurais pu regarder du côté du PDP. Je l’ai fait à un moment. ANC a des accents de vérité quand il s’exprime, de la clarté dans l’exposé, une honnêteté probable. C’est le ton péremptoire de certains de ses sympathisants qui m’en dissuada, un air d’Rcdéistes, de l’arrogance frivole et un manque de teneur intellectuelle. Je ne généralise pas mais ils sont légion. J’ai fait, de loin, allégeance à l’homme MBJ sur ma route et mes pérégrinations jusqu’aux récents atermoiements : censure, contrôle parental, composer avec les Nahdaouis, exclure…Un jeu de séduction-rejet d’accointance politicienne déplaisant pour les soucieux de clarté et de transparence. Même si cela peut se comprendre...si l’objectif est de limiter les dégâts…Doutes, à vrai dire. Et puis, on ne déroge pas aux principes fondateurs. Il y va de son équilibre et de ses convictions profondes.
Le PDM est honnête, il n’a pas de leader mais des idées. C’est avant-gardiste, résolument tourné vers l’avenir, moderne. Point fort pour nombreuses personnes parmi nous, affranchissement réel et entente tacite entre sympathisants du même bord intellectuel. Peut-être trop moderne pour ceux qui restent dans la spiritualité du Guide. Autre point fort du PDM : son programme social et économique. L’embryon du Pôle : quatre ou cinq noms, des personnages du paysage politique connus par leur intégrité, leurs valeurs, leurs convictions, leur inaliénabilité anté et post 14 janvier.
Je vote PDM en espérant fortement une coalition de tous les démocrates car l’heure est au rendez-vous des éclairés, des progressistes. Les têtes pensantes des différents partis démocratiques le savent, une union est urgente, une alliance contre-nature décrédibilise et son prix sera cher payé sur la durée. De même et pour décocher, ne prêtons pas l’oreille chez les Pdpéistes, les Takkatoliens aux petits parmi nous – les démocrates s’entend – qui rêvent, comme d’autres avant eux, d’ascension personnelle et des feux de la rampe. La Tunisie d’abord : l’Histoire ne se répète pas souvent, pas à l’identique. Sinon ce sera dans un paquet de siècles.
dimanche 9 octobre 2011
Appel de Saloua Ayachi, enseignante et militante démocrate.
Chers concitoyens,
L'heure n'est plus à l'adversité, mais à la coalition. Le temps presse et l'échéance du 23 octobre 2011 approche à grands pas. Que cherchons-nous d'autre pour notre pays qu'un avenir radieux? N'aspirons-nous pas tous à une légitimité d'un Etat fort, à une stabilité des institutions,
à une expansion de l'économie, à une résorption maximale du chômage, à un renforcement de nos systèmes éducatif et de santé selon des normes internationales, à la répartition des richesses nationales de façon égalitaire sur toutes les régions du pays? Est-il nécessaire de rappeler que nous sommes tous convaincus de la nécessité absolue de préserver aussi bien les libertés individuelles, que la liberté d'expression et de création et la liberté de conscience, de garantir la dignité de chacun, cette dignité tant revendiquée par les tunisiens et pour laquelle le sang de nos martyrs a coulé? N'avons-nous pas un attachement indéfectible aux principes de justice et d'égalité entre tous nos compatriotes indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur couleur, de leur foi et de leur origine sociale ou régionale?L'heure n'est plus à l'adversité, mais à la coalition. Le temps presse et l'échéance du 23 octobre 2011 approche à grands pas. Que cherchons-nous d'autre pour notre pays qu'un avenir radieux? N'aspirons-nous pas tous à une légitimité d'un Etat fort, à une stabilité des institutions,
Si nous, démocrates, partageons toutes ces valeurs, quel intérêt avons-nous à continuer à nous battre séparément pour les législatives? Personne ne tirera profit de l'émiettement des voix qui nous seront accordées! Notre intérêt stratégique à tous est d'adopter ensemble une plateforme commune en vu d'une coalition? Qu'est-ce qui empêche Ettakatol, Afak Tounes, le PDP, Le PDM et d'autres formations qui oeuvrent pour la concrétisation des principes cités ci-dessus à se regrouper pour bâtir un mur solide au nom de la Tunisie de demain? Un tel front des forces démocratiques ne sera-t-il pas une garantie supplémentaire pour une Tunisie de dialogue, de tolérance, de paix, de progrès!
Pensons à l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants!
Soyons pragmatiques!
Unissons nos forces pour le triomphe des valeurs universelles.
Déprime du dimanche dites-vous ?
Et cela fut ainsi. Aucun tuteur, ni frère, ni mari et certainement pas l’épicier du coin. La liberté a en elle un dosage de responsabilité qui lui est équivalent et quand on a été portée si haut par son géniteur, on refuse de descendre : toucher les étoiles a quelque chose d’infiniment grisant.
Mia a le coup de barre du dimanche soir. Ce n’est pas la semaine qui vient qui lui fait peur, elle trouve son être et sa réalisation dans le travail et dans le don de soi. Elle donne quatre jours par semaine, de l’ordre, de l’organisation, de la méthode, du savoir et du savoir-faire, des connaissances. Un travail minutieux, de fourmi, au quotidien, à poser des strates une à une, à structurer les êtres aussi.
Persepolis, une projection d’il y a une dizaine d’années, des adolescents et des adultes étaient venus de toutes parts. Une BD adaptée au cinéma, un franc succès. La répression ça ne plaît à personne. L’endoctrinement et la pensée unique, l’horreur pour tous. L’obligation de se vêtir ainsi, de faire cela, de ne pas faire ceci : la perte de sa liberté est un trauma indépassable pour certains sauf militantisme quel qu’en soit le prix.
Mia entend dire que ce matin, des salafistes auraient tenté de porter atteinte à Nessma TV après projection du ledit film.
Salafistes ? Des barbus, enturbannés, portant djellabas et babouches, sacs tissu en bandoulière. Non, ce n’est pas une mode quelconque, ce sont des adeptes d’un modèle de vie d’il y a quatorze siècles, des nerveux de surcroît, qui cherchent des noises à ceux qui voient le monde différemment. Ils ont vu Persepolis ? Mais comment cela se fait-il ? Ils ont la télé, les cables, la parabole, les routers, internet et ça rêve d’antan, du 1er siècle de l’Hégire ? Quelle schizophrénie !
Et puis, Mia se demanda comment ils faisaient avec leur accoutrement sur leurs lieux de travail. A moins que le chômage batte son plein et là, selon elle, c’est à l’économique de s’assumer et d’inscrire les oisifs dans le créneau professionnel. Elle se dit que Bouddha, le Temple du soleil et d’autres recrutent à tour de bras chez les inoccupés.
Je soutiens Nessma, se dit Mia, non que la chaîne lui plaise particulièrement mais par conviction intime : NON à la censure.
Qu’arrive-t-il à mon pays ? s’interrogea Mia. On attaque une salle de cinéma suite à une projection, on squatte l’avenue H.Bourguiba pour une prière collective à même le sol, au milieu de la chaussée, les mosquées sont prises d’assaut par des propagandistes sur le modèle des Rcédéistes, un « Emir » des croyants s’installe dans le Sud et s’entoure d’acolytes, on viole l’inviolabilité des universités à Sousse, des « choses » circulent en burqa dans les centres commerciaux – burqa est-ce un mot arabe déjà ? -, on s’apprête à attaquer une TV, dans le Sud, des barbus donnent la bonne parole et assurent que les voleurs décrochent dès qu’ils leur parlent…Bref, on n’est pas loin de baiser la bague épiscopale, d’être bénis par la baraka de ces proches de Dieu.
Qu’est-ce que cette ignorance, cette barbarie, ce délire de frustrés ? Qu’est-ce que ce retour en arrière, cette atemporalité, cette bouffée schizophrénique ?
Bourguiba né en 1903 a poursuivi des études en France, plus tard il sera avocat et libérateur de la Tunisie avec d’autres, Tawhida Ben Cheikh fut première femme médecin au début XXème, Messaadi écrivain émérite et philosophe camusien et d’autres et d’autres et d’autres. La Tunisie a un-je-ne-sais-quoi qui la fait briller au firmament, nos hommes politiques – en tout cas certains – ont de l’envergure, notre théâtre est de qualité, notre cinéma n’a rien de comparable avec Bollywood ou le cinéma arabe à l’eau de rose. De grands noms tunisiens brillent à travers le monde de par leurs compétences. Nous avons des agents municipaux, des manœuvriers, des journaliers qui triment honnêtement, qui se mouillent la chemise dans la dignité pour gagner leur vie. Admirable Tunisie et ce n’est pas de la vaine autosatisfaction. Il est vrai que Mia est une positive mais il est vrai aussi que son pays ne manque pas de femmes et d’hommes au large potentiel. La révolution du 14 a été belle, rapide, ciblée, efficace. Mia rêve de liberté comme nombre de ses compatriotes, de construction, de modernité et de place de choix sur l’échiquier du monde. Il faudra à l’économique qu’il retrousse ses manches, qu’il se charge de ces égarés oisifs, qu’il en assume la responsabilité, qu’il les enrôle dans le processus économique et le créneau horaire 8h-12h, 14h-18h, qu’il leur garantisse pain, dignité et expression libre et respectueuse d’autrui. Les récalcitrants auront à payer de leurs actes. Les cas pathologiques reconstitueront leur monde dans l’intimité de leurs demeures privées et banniront la télé. A un moment, il faut savoir être conséquent. Car ce qui prime c’est d’abord le respect de l’autre et de sa différence. Car ce qui urge, c’est une solution au chômage. Car ce qui prévaut aujourd’hui, c’est la réussite de la transition. Car l’important dans les prochains jours, c’est le choix d’un bulletin de vote honnête, respectueux de tous, donc démocratique, qui sera tenu de respecter son programme et d’assurer la liberté de chacun. Mia le sait et le dit tout haut, le criera le cas échéant, le 24 si notre liberté est bradée et bien ce sera la responsabilité des pseudo-démocrates qui jouent leur nom, visent le pouvoir et le couronnement, particulièrement Ettakatol et le PDP. Pour Mia, la déprime du dimanche est déjà derrière et jeudi prochain après le travail, elle ira vers ses concitoyens, femmes, hommes et jeunes de tous bords, couverts ou découverts leur expliquer avec des mots de tous les jours que la liberté ne se brade pas.
mardi 4 octobre 2011
Ghan-Mou, ou le choix de la politique du look.
Ceci est une satire.
Il apparaît que dans les partis de Dieu, on pratique la discrimination. Jugez de vous-même.
Ghannouchi qui ignore que les dentistes existent, qui n’aime pas se faire beau même si, récemment, et communication oblige, il opta pour un costard blanc et une chemise noire assez larges sur lui et qui lui donnèrent un petit air Gaddafi, Ghannouchi donc n’a aucune chance de plaire aux beaux et encore moins aux belles. Oui, les belles qui regardent et vous jaugent un homme. Ghannouchi est très vieux jeu, ses années en Angleterre ne lui ont aucunement servi sur le plan vestimentaire, sur d’autres sûrement. Il n’a aucune élégance et quand il vous fait un sourire, aussi pieux soit-il, et bien, Rien, le monsieur est laid d’où le problème dont je m’en vais vous faire part dans un petit instant. Mourou, lui, est beau, élégant, soucieux de sa personne et de sa ligne, aimant la soie du vêtement traditionnel mais aussi le costard-cravate gris anthracite typique des grands ministres, maniant le verbe, osant la boutade, damant le pion à ses interlocuteurs à coup de vannes. Le monsieur a de l’humour, du charme et il sait en user. Autant le premier est fruste dans ses manières, autant le deuxième la ramène classe et bourgeoisie religieuse. Un mariage entre ces deux là ? Autant unir Mère Térésa et Pic de la Mirandole. Mourou la ramène aristo, Ghannou homme du peuple, le divorce est inéluctable. Ghannouchi ne cessera de vouloir ramener son pote à la base. Mourou continuera à parler de leur amitié. Il s’agit de divorcer dans la piété. En réalité, ce n’est même pas un divorce, c’est juste un éloignement dicté par deux looks différents, des sympathisants de conditions différentes, deux parlers incomparables, de futurs adeptes aux goûts aux antipodes. Il est même question d’un nouveau statu quo géographique de la Tunisie. Ghannouchi aura la main haute sur les quartiers pauvres de Tunis, les bidonvilles, les zones défavorisées. Mourou, la banlieue chic, le vieux Tunis, les grandes villes. Le cheikh, le professeur. L’un croise ses bras sur son ventre, traîne un accent provincial, est mal fagoté. L’autre enveloppé de « stekrouda » ( soie sauvage utilisée dans la confection artisanale des djellabas ), la voix tonitruante prêche et racole à tout venant avec son arme de toujours, l’humour. A la Maaarsa ( il faut tirer un peu sur le « a » ), c’est clair, beaucoup de visages positifs soutiennent le professeur, il répond aux critères de base : la jebba de soie, la « bed’iya »…Le professeur sait porter le vêtement traditionnel, c’est important politiquement. Le cheikh est pauvre, humble, il n’a jamais été chez le dentiste, c’est important économiquement.
Sachez que vous aurez deux publics pieux. Un pieux riche et un pieux pauvre. Voilà, pour ceux qui hésitent, on a voulu apporter de l’aide. C’est important les fringues, le look, le charme, c’est tout l’avenir de la Tunisie. Bonne chance pour le positionnement.
La soie ou le dentiste ? Les femmes, elles, n’auront pas besoin de sourire. Elles ferment leur clapet de toute façon. Le voile ou la burqa. C’est décisif, citoyens.
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