Je crois que très tôt, je m’étais demandé si j’étais quelqu’un de normal. Vers quatorze-quinze ans si je m’en souviens bien et puis, j’ai continué et je faisais des constats et je les notais et je me démenais pour trouver les solutions de réparations adéquates.
Mais d’abord qu’est-ce que la normalité ? Est-elle seulement envisageable au vu des circonstances propres à chaque personne ? A moins qu’il ne s’agisse d’un format préétabli - à partir de valeurs considérées comme normatives - posé, somme toute arbitrairement, comme référent de base.
Ma conscience de moi-même a toujours été précoce. Ou peut-être mon obsession de ma personne. Les conditions premières étaient existantes : j’étais enfant unique et j’ai passé sept à huit ans dans ma chambre entre mes études, mon acné, ma découverte de mon enveloppe et mes obsessions. Et puis, j’étais exceptionnellement intelligent et je ne sais toujours pas si cela a été un avantage ou plutôt l’inverse.
C’est moi, dans toute ma splendeur et ma nudité.
Aujourd’hui, que je suis dans une très large cinquantaine, je continue à me scruter à la loupe. Et, si je suis posé presque entièrement depuis un bon moment, je continue quelquefois à m’alléger de certaines réactions, de soucis prenants, de pallier les insuffisances de la manière la moins engageante, de substituer des solutions de réparation à d’autres …
Bref, je continue à corriger des situations, à me corriger et j’estime qu’en faisant cela, je reste dynamique et pas mal intelligent sur le plan pratique. Bien que ce soit une véritable énergie à l’œuvre.
Hélas, j’ai une tendance à être seul et je déteste imaginer la quantité potentielle de cérumen dans l’oreille de l’autre, ces petites humeurs que je n’ai même pas à imaginer en réalité. Et en cela, j’ai d'étranges similitudes avec le grand détraqué de la littérature que j’admire et j’abhorre en même temps : Lautréamont et Ses Chants de Maldoror.
Et je gagne à m’en défendre.
( À suivre )