Au-delà de ce que tu vois, l’exposition de Sélima Triaa*, à Fahrenheit 451
Carthage, 24 février 2024, 17h30
Un hiver doux, un ciel tout en nuages. Une longue file d’attente devant Mad’Art, la salle de cinéma. Et puis l’espace Fahrenreit 451, dédié aux livres et à l’art.
Ni dystopie ni autodafé, mais une exposition, Au-delà de ce que tu vois, de Sélima Triaa.
La culture semble bien se porter aujourd’hui alors que je me plaignais hier de la vacuité de l’espace culturel ou plutôt de son absence de teneur intellectuelle et artistique.
Happée par les couleurs, le dessin fin, la figure de la femme, la figure animale, les poissons, les chats, le bleu de la Méditerranée … j’avais du mal à tout saisir. Je pris des photos pour décrypter, plus tard chez moi, dans l’intimité de mon bureau de scribe, le discours artistique silencieux mais ô combien en mouvements et en teintes.
Du monde.
Sélima Triaa à l’accueil. Gentiment et simplement.
Elle avait l’air sereine, pourtant elle arriva aux portes de l’enfer et cette exposition semblait être une résurrection ontologique. La sienne, et celle de son travail artistique.
L’art catharsis, l’art résurrection et vie. Re-vie.
D’avoir approché la Faucheuse et d’être revenue au manuel, au pinceau, au feutre d’encrage ( ? ) ou à la plume, à la photo, à l’illustration, à la peinture … est un regain de vie et d’énergie, une célébration de l’existence et du triomphe, un partage heureux et riche d’enseignements de ce qu’est la Vie, le mal, la Force, la détermination et la Résilience, l’Œuvre.
J’aime.
Par l’Œuvre, le travail, la réflexion, l’acharnement … nous existons et, je crois bien, méritons du genre humain.
Le travail de ST est très animé : figures et figurines, animations et BD, enfants et fillettes, femmes et bêtes … Il y a aussi comme une architecture industrielle, un bruitage touffu entre tous les personnages - un grouillement de vie ?
Il y a la mer, bleue et large, purifiante et mère nourricière, foyer premier et giron maternel.
Beaucoup d’enfants, aussi bien sur les œuvres que dans la galerie. C’est que Sélima Triaa anime des ateliers de dessin et de peinture et que les enfants sont des composantes quotidiennes de sa vie de plasticienne.
Thanatos attendra et l’heure est au travail, à l’art et aux réalisations artistiques, au don de soi aux enfants, prémices de vie et de continuité. Commencement ou plutôt recommencement.
Peintures, illustrations, personnages de BD, Méditerranée, tout ce foisonnement maîtrise la langue du renouveau, de la renaissance, d’Ontos. Sélima Triaa s’exprime, écrit la vie avec des couleurs, du dessin, des formes et des figures et ça chante ! Réellement !
Et c’est résolument moderne. Riche d’une modernité polyphonique, d’un pêle-mêle d’une large variété où tout vous incite à saisir des signifiances, à prêter l’oreille à une confession, à comprendre une peur avortée - fort heureusement - et à y voir un courage fort, en interrogeant formes et couleurs.
L’exposition de Sélima Triaa est un chant de Vocables et de Vie.
Parce que seule la Vie compte. Parce que cette richesse-là n’a pas de prix. Et que l’art en découle.
Sélima Triaa : Artiste peintre, dessinatrice, photographe.
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