- L’existence est drôle quand même.
- Peut-être.
- Oui, elle est très inattendue.
- Si on se laisse traîner. Après, il y a toujours une part d’imprévu et il faut savoir l’appréhender. Ce n’est pas le plus facile.
- J’ai marché assez droit.
- Assez est à quantifier. Et puis, on marche droit ou on fait semblant.
- J’ai toujours voulu réparer.
- Réparer quoi au juste ?
- La vie.
- La vie, c’est eux, nous et le reste.
- Réparer les dysfonctionnements, les déséquilibres, les crises.
- Vaste entreprise, mais dynamique et prometteuse.
- Prometteuse, je ne sais pas.
- A moins que vos réparations ne soient pas exhaustives et efficaces. Il y a colmater et réparer.
- Quelquefois je bricolais. J’avoue ne pas toujours savoir faire ni même comprendre.
- Vous faisiez semblant alors.
- Oui, peut-être ( pensif ). J’étais dedans.
- Vous ne l’êtes plus ?
- Je crois que non.
- L’intérêt n’y est plus, peut-être.
- Ce n’était pas de l’intérêt.
- C’est toujours de l’intérêt. Inconscient certaines fois. Mais il y a un déterminisme qui nous pousse vers ce qui nous sied. Ou ce que nous croyons comme tel.
- Vous êtes glaciale.
- Non, je suis réaliste, assez froidement. Et fort consciente. Aujourd’hui.
- Pourrais-je compter sur vous ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que vous cherchez votre intérêt et vous voulez flatter vos nœuds gordiens. C’est laid.
- Non, je suis sous emprise.
- Non, vous ne l’êtes pas. Pas plus que moi. Vous êtes pris au filet du temps qui court et qui vous diminue. Contrez.
- Vous ne pensez pas aux lendemains ?
- Je pense à vivre aujourd’hui. C’est tout ce que je possède rationnellement. Enfin, presque. Je pense à réaliser et à ouvrir des voies à la connaissance qui seule permet la marche claire ou à peu près.
- Comme si vous n’aviez jamais été prudente !
- Je l’ai été. Et Fourvoyée. Mais quelques instants sur une vie entière, ce n’est pas dramatique non plus. Mais vous avez raison, quelle imbécillité !
- Peut-être que c’était au contraire, une belle …
- Allez réparer les dysfonctionnements, les déséquilibres, les crises. Reprenez-vous. On ne peut vouloir vivre plus d’une fois. Reprenez prudemment votre déguisement, il vous allait si bien. Faites semblant de marcher droit. Quant à moi, je l’ai toujours fait et je m’occupe assez bien de mon existence. Allez, allez, vous avez du pain sur la planche.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire