dimanche 19 mars 2023

Les ondes de la mer ont été corrompues

 





Un couperet. Le silence tombe quelquefois parce qu’il y a l’ignominie, la honte. Et d’abord Machiavel. J’ai une détestation des démarches biaisées. Une détestation pure et radicale.

 

 

 


 

I.

 

 

Je m’étais engagée à ne plus m’occuper des affaires de la cité. 

D’abord parce que cela agit négativement sur moi. 

Parce que j’ai un temps précieux à 50 ans. ( Et que j’aurai 50 ans jusqu’à la fin de mes jours, une fin à la cloche pernicieuse, fantasque, capricieuse. Cela pour dit. ) 

Parce que la cité a la tête d’un névrosé aux quatre vents. Peut-être même d’un psychotique, c’est-à-dire, un cran au-dessus.

 

Non, je suis parcimonieuse de mon temps aujourd’hui. Et puis, j’ai donné. Jusqu’à une chute vertigineuse en 2007 que j’ai réussi à contrer, malgré sa violence inouïe. J’ai donné du savoir, des méthodes de décryptage, de la pertinence, de la sensibilité, de l’attention, de la valeur de soi aux autres, du savoir-faire et du savoir-être, du culturel ici et là … 

 

Oui, j’ai donné simplement, par amour de l’autre, par solidarité et surtout pour faire avancer le vis-à-vis ou mieux le faire luire. Par humanisme, je pense. Parce que vivre n’a d’intérêt que si l’autre est nous. Aussi.

 

Et cela me rendait heureuse. 

 

Et ce qui m’emplissait la poitrine de joie franche, c’était aussi d’apprendre à l’autre à se libérer du faux et de l’inutile. Parce que je vis dans une contrée, où on affuble l’autre de boulets et de piaillements. 

 

Ici, l’ignorance sévit encore, même sous des airs pseudo-savants, quelquefois, ou même souvent. 

 

Je dois ma différence aux miens, aux leurs, à mes lectures précoces, à mon parcours, à mon feu compagnon, un libre et un rebelle pur, seul déjà à l’âge où d’autres s’exerçaient à devenir des hommes. A 16 ans.

 

Qu’est-ce qu’être un homme ou une femme ? C’est être libre, fort, fier et maître de sa vie, de son œuvre autant dire. Mes valeurs ne sont ni la matière ni l’arrière-grand-père ministre de son temps. Mais l’être d’exception spirituelle et intellectuelle, humaine aussi, sociale et philosophique. 

 

-       Tu es riche, me dit l’autre.

 

De quelle richesse parlait-il ? De la mienne propre ? Alors, oui.

 

Les hommes m’insupportent. Je veux dire, les hommes et les femmes. Les fats, les creux, les hypocrites, les calculateurs, les triviaux, les ineptes, les gonflés à l’air … Mais je veux bien de tous les autres. Ce sont mes amis de cœur et de pensée.

 

 



















 

II.

 

 

Vivais-je dans un pays démocratique au sens grec ? Je crois bien. Depuis douze ans. 

Du pire, au hâbleur, à l’actuel, un juste que nous regardons agir légalement, à la tête du pays. La vigilance est toujours en alerte. Cela va des soi. 

Pourtant, nous sommes nombreux à être en retrait, mais pas vraiment. 

 

Dans mon pays, depuis que le jeu politique est ouvert, il y a beaucoup d’indécence. Les ennemis d’hier, décriés à cor et à cri, deviennent les leurs parce qu’il faut renforcer les rangs et hurler.

 

Dans mon pays, si la Justice vous interpelle pour répondre de votre implication dans des affaires douteuses et pour peu que vous soyez, un tel ou neveu d’un tel ou fils d’un tel, les petites voix mielleuses des réseaux sociaux crient à l’intolérable et au scandale. Insupportable. 

 

Dans mon pays, quand un café d’un coin de villégiature ferme, un café fort agréable par ailleurs, les mêmes voix hurlent qu’on ferme là une institution. 

Peut-être faudrait-il se pencher sur la définition du mot institution. 

Quelle mission, cette dite institution remplit-elle, chers vous ? 

Quelle frivolité ! 

Il y a une honte de vous. Bien réelle.

 

 

Dans mon pays, de l’intérieur comme de l’extérieur, on crie à la dictature en marche, alors que tous, savons qu’il n’y a aucun moyen de retourner vers l’époque des grottes d’avant 2011. Où nous fûmes si déconsidérés.

 

Dans mon pays, devant le parlement de la honte d’une décennie ignoble, où on vit un vendeur d’eau bénite officier ici et là, un parlementaire danser au parlement, un autre claquant des billets à la tête de sa collègue considérée comme une péripatéticienne par son mental de véreux profond, son ami la frapper au visage, où on vit une députée flattant le sourire maléfique d’un vieillard revanchard obsédé de pouvoir et de théocratie juteuse … dans mon pays, aujourd’hui, on hurle au coup d’État, tous pêle-mêle, ceux d’hier et d’avant-hier, ennemis jurés alors, devenus, par la grâce d’un appétit vorace de pouvoir, amis de combat.

 

Geler et puis mettre la clé sous le paillasson, selon la Constitution, une assemblée chaotique où le tourisme parlementaire était légion, où les obscurantistes ignares officiaient, où le copinage primait, où le pays et sa jeunesse ne comptaient pas, n’avaient jamais compté, avaient été salués au départ, décriés aujourd’hui. 


La démocratie a ses exigences, soit.

 

Mais il y a aussi un faire déontologique qui devrait se mettre en place ; en tout cas, moins d’obscénité. 

Peut-être aussi que certains octogénaires devraient opter pour plus de pudeur au vu de l’éclat gourmand de leurs ambitions démesurés.

 

Il y a aujourd’hui dans mon pays, comme dans l’autre, de la laideur. Une cité en pagaille. Un faire politique indécent chez ceux qui se nomment opposants.


De la lenteur dans le faire officiel, certes. 

Une communication qui bat de l’aile, un manque d’expérience, bien visible. 


Mais la qualité profonde reste l’intégrité solide, certaine, infaillible, m’est avis. Le choix est vite fait et le regard reste acéré.

 

L’actuel n’est pas loin d’être en fin de mandat. Le pays est gangrené par la corruption depuis 2011. 

Le marché parallèle fait rage et contourne évidemment les banques. 

Les manœuvres de déstabilisation sont multiples. 

Les bévues officielles nombreuses aussi. 

Les réparations ont colmaté la brèche. Quelque peu.



 

Il y a un foisonnement tel qu’à réfléchir, rationnellement, le plus aisé est d’écrire. Écrire dans la langue que je maîtrise, la mienne première, la seconde du pays normalement où aucune langue n’est vraiment maîtrisée au vu de la dégradation de l’école qui sera toujours l’adresse première, la mère nourricière, la forge des forces vives d’aujourd’hui et de demain. 

 

Peu de forces en réalité ou en dehors de Tunès, de Carthage. Ailleurs. À officier pour vivre et respirer un air nouveau, à officier pour les autres. 

 

La politique a le temps long et les êtres l’ont court. 

 

Ceci est une incartade par besoin de dire les choses, dans un pays que je vénère, mais où il fait si mal être, évoluer, vivre et surtout exister avec des horizons de signifiances diverses.






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