mercredi 2 juin 2021

Il y a des jours où le réparateur n’a pas de pièces de rechange

 

C. de C.psy et PNL

C., 1er juin.





-       Pourrais-je venir vous voir à 7 heures du matin ?

-       Pourquoi si tôt, y aurait-il urgence ?

-       Oui.

-       Je ne pense pas. On se voit à 9 heures.

-       Je sais que vous posez vos règles.

-       Je commence à 9 heures et vous serez le premier.

 

Il vint à 8h30. Resta devant la mer à la regarder. Monta à 9h moins 5.

Il pénétra au bureau-salon, prit place et la regarda en silence une bonne trentaine de secondes. Elle le regardait, imperturbable, en silence également. Il s’ajustait.

 

-       Je souffre.

-       De quoi ?

-       De plein choses.

-       Je vous écoute mais l’objectif est de leur trouver réparation.

-       Il y a des jours où le réparateur n’a pas de pièces de rechange.

-       Comme pour tout le monde. Donnons le change.

-       Le réparateur peut ne pas avoir envie de donner le change.

-     Alors rentrez chez vous et revenez quand vous le déciderez. Mais vous perdez un jour et du soleil. ( Elle regarda par la fenêtre )

 

Sa mâchoire se crispa, un muscle facial se tendit. Il détestait sa manière de faire mais cela fait près de quatre ans qu’il la voit. Et pourtant, il fut rabroué plus d’une fois. C’était sa seule interlocutrice. Une curieuse relation. Une psyché. De part et d’autre ? Non, pas tout à fait.

 

-       Je suis sous pression. Je vous ai déjà tout dit.

-       Vous n’avez pas à subir des pressions.

-       Facile à dire.

-       Que faites-vous de positif ?

-       Je regarde ma mer.

-       Et ?

-       Je réfléchis.

-       Vous gambergez, oui. Sortez de votre monde carcéral.

-       Ce n’est pas mieux dehors.

-       Vous êtes dehors là.

-       Non, je suis avec vous.

-       Nous sommes, en étant là, au dehors. 

-       Au dehors mais en-dedans.

-     Si en venant me voir, vous restez au-dedans, que cela cesse ! Il n’y a aucun intérêt.

-       L’intérêt est que je respire avec moins d’oppression ici.

-       C’est parce que vous vous déchargez. Enfin un peu.

-     Le dehors est laid, vulgaire et sans intérêt. Je ne le supporte pas. La mer seule m’emplit les yeux et l’esprit. Mon meilleur ami est fou depuis trois décennies. Il a donné tous ses livres. Vous vous rendez compte ! Il rêve de posséder toutes les femmes alors qu’il n’arrive pas à posséder une seule. Et moi je suis sous pression parce qu’on veut me formater. Et bien non. Vous aussi, vous voulez me formater.

-  Je n’ai rien à voir là-dedans. Parlez de vous s’il vous plaît et ne m’impliquez pas. Il s’agit de vous, strictement. La laideur, la vulgarité et le reste font partie du monde. La pression, vous vous la mettez vous-même. Dites non et passez votre route. Quand vous êtes au dehors, faites ce que vous avez à faire  calmement, avec un sourire tranquille et ferme et rentrez chez vous. Votre vie est chez vous, le dehors est un passage obligé mais rapide. C’est faisable. Ne faites pas du monde ce que vous voulez. Prenez-le comme il est pour vos besoins et allez après vers la mer.

-       Je suis seul.

-       Là, nous sommes d’accord.




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