Fausty, c’est moi et je suis dingue de la Mer.
J’ouvris la porte de la chambre tout doucement et je vis qu’elle dormait profondément. Elle avait sur le visage une expression indéfinissable. De paix ?
Ses joues rosies par la chaleur de la clinique, par toutes les potions palliatives supposées dominer le mal, par le timide rayon de soleil qui se laissait aller jusqu’à son lit, faisaient paraître davantage sa blancheur immaculée. Penchée sur elle, dans un silence trompeur, je regardai l’arqué de son sourcil : auburn sur une peau laiteuse et des joues empourprées.
Elle était d’une beauté lumineuse.
Elle ouvrit un œil et sourit instantanément en me voyant. Je sais que je n’oublierai jamais ce sourire.
- Je vais partir, me dit-elle, doucement.
- Tu ne peux pas partir, lui répondis-je, sur un ton chirurgical.
J’avais 20 ans, elle en avait 49. Aussi coupante dans un espace médicalisé qui sentait l’éther à pleins poumons. Bête mais tellement. Elle savait et j’étais dans la violence du jeune âge.
Plus tard, assise sur un banc dans l’immense jardin de Saint-A, je fus approchée par une religieuse. Elle vit ma rage, mon souffle court latent, mon obsession des arbres déjà.
- Êtes-vous croyante ? me dit-elle.
- Non, répondis-je, brutalement.
- Ce sera difficile alors.
J’ai toujours détesté les hommes de religion, leurs réponses toutes faites, répétées inlassablement, leur béatitude, leur crédulité. Pas cette Sœur Marie. Elle avait tellement d’humilité. Peut-être aussi qu’à 20 ans, j’étais brutale mais pas enragée comme plus tard et aujourd’hui devant les détenteurs de la Vérité. Sûrement oui, directe, un peu brutale mais pas encore en super rogne devant l’inertie réflexive.
Je savais qu’elle partait, je l’avais vu dans ses yeux mais surtout dans sa psyché profonde, son eau intérieure, question de liquide amniotique.
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