« L’écriture est une respiration et je veux respirer longtemps jusqu’à sentir, découvrir, regarder, saisir mon dernier souffle. Écrire le tronçon, la beauté, les choses, le silence et la gratuité. En ce moment, je respire mal mais ce n’est pas le C19.
L’épouse de Bill et celle de Mark m’inquiètent un peu, beaucoup en réalité. Pour peu qu’elles soient des ultras de l’écologie Et le tour est joué. Ultra c’est ultra, ce n’est pas philosophique. Quoi que …
L’une ou l’autre appelle son mari à 9h00 du matin : « Chéri, il y a trop d’hommes sur Terre. »
Et un protocole est mis en œuvre. Ce n’est pas plus compliqué. Nous avons les soucis de couple qui nous siéent. Diminuer les pas lourds sur la Bleue - ou l’orange – organiser le reste, repurifier l’air, la terre et les mers. Bill et Mark acquiescent. Je vous le dis.
Cette femme de mon passé resplendissante et donneuse, immense et aimante, heureuse et impliquée … Nous avions des connexions ontologiques, existentielles, philosophiques, esthétiques d’une rare intensité, des envolées … Ça finissait en vrais duels vers la fin. Sanglants. Je n’avais pas toujours conscience et le regard des autres ne m’interpellait pas. Elle, si, beaucoup même. Le confort des neurones est affaire de bon nombre de choses, il faut dire les choses. Les liens du passé ne peuvent se liquéfier, jamais. Non, ce n’était pas un âge d’or, c’est trop mythologique pour moi. C’étaient des connexions mentales introuvables aujourd’hui. Du génie, du Beau, de l’Art, des Mots et du Corps. Se fondre. Les yeux rieurs. Ontos.
Une page de mon journal intime, l’encre est fraîche, agile mais point d’altérité. Une amie. Dans mon imaginaire aux mille pages, il y a un être de calme et d’équilibres, de simplicité et d’élégance. Elle tire sa vie de sa foi, sage et inébranlable. Alors que moi j'ai tué le Père et la progéniture. Une femme de clarté, rangée dans ses entreprises de vie, patiente et animée. A l’image de mes 14 ans avec la rébellion en moins, la puissance destructrice-constructrice, l’esthétisme fou, la violence ontologique en moins. Un être aérien que Cassandre, elle traverse le temps à pas feutrés, déterminée et sereine.
Je me suis abreuvé aux êtres de ruptures, très tôt, voilà pourquoi. Peut-être. Ou, possible, les chaos dissimulés agissent comme un aimant. Voilà d’où je tiens mon obsession de l’ordre. Pourtant la modération est un gage de "douilletude".
Faudra interroger les prémices. Non ?
- Il faut créer un nouvel ordre mondial, cela fait plus d’une décennie que l’on travaille dessus, lui dit-elle.
Peut-être qu’il est temps de frapper la mer et de quitter les Lotophages, terre de l’oubli.
« Dès qu’ils eurent goûté le lotos doux comme le miel, mes compagnons ne songèrent plus ni au retour ni à donner des nouvelles. »
Rembarquer exige de ne pas trop durer. Peu aisé.
( Long silence )
Ne croyez point que je divague, tout se rejoint. Mes connexions synaptiques sont en parfaite osmose. Autrement j’aurais été voir un praticien. On va ranger tout cela ? Pourtant c’est très bien accommodé. La valeur des mots. L’essentialité des mots. Voilà pourquoi ces pays-là coulent. Les mots, simplement. Et de les capter, de les décrypter et de les archiver. »
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