… J’ai préféré ne pas sortir : j’avais peur de faire de la tension. Ce sont des bûcherons, aucun moyen de me faire comprendre d’eux. Et puis, le souvenir de la fois dernière est toujours vivace. Ils cassent, ils arrachent, ils tirent … Je mis mes oreillettes et leur déclenchai l’alarme pour les faire déguerpir. Et cela marcha ! Je les suivais depuis mon téléphone.
Comment peut-on être autant violent à l’égard de la nature ? Ils avancent l’argument que nous sommes en ville et que des passants pourraient en pâtir. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas faire appel à de calmes paysagistes ?
J’ai perdu à 40 ans le seul véritable ami que j’avais. En même temps, cet ami si cher à ma tête est complètement à l’ouest. Sur tous les plans : psyché profonde, inconscient dominant, conscient biaisé, subconscient à l’acquis insaisi … Et tout ce chaos intérieur tient le personnage à sa merci. Il y a de ces gens qui vous interdisent d’accéder à la maturité afin qu’ils siègent ou qu’elles règnent sans partage. Très peu de considération d’un côté, trop de mollesse de l’autre.
Auguste Lepetit regarda tous les détails de la pièce. Tout le monde était suspendu à ses lèvres. Qu’allait-il dire ? Il y avait du sang partout mais pas de corps. Un couteau luisant, tout droit sorti de l’atelier d’un excellent coutelier, se trouvait au milieu de la pièce. Taiku ? La transcription était peu lisible et le couteau tout propre. Une perruque rousse, flamboyante, trainait sur une table basse. A.L regardait ses coéquipiers, un index au travers de sa bouche alors que le silence était total. Son regard allait des rideaux aux couleurs passées, aux cendriers jonchés de mégots, à la mare de sang, au sofa élimé, à l’étrange reproduction du Confession of Love de Frederick Bacon.
- Hum, hum … Il me faut le corps, le meurtrier et le mobile, pas moins, dit-il savamment.
Il sortit un étui de la poche de son gilet, en extirpa un cigarillos, le mit au coin de sa bouche, ajusta son melon, fit deux pas en arrière et sortit à reculons suivis de ses deux Sancho.
Vous rappelez-vous de Drus ? Non. Et bien moi, si. Forcément. Nous étions en bord de mer et Sissi était avec nous. Il m’expliquait son 4-4-6-6 et moi, je lui relatais la triste histoire de La Veuve au Noir. Son histoire à lui me rappelle ce groupe d’hommes debout à considérer le décuple échangeur en chantier. Chacun avait sa vision de la construction et aucun n’était ingénieur. Mais c’est affaire d’homme.
Mon histoire à moi est autrement plus compliquée. Elle mêle la psychologie à l’éducation, l’amour à l’union, l’élégance du noir à l’insolence du fuschia, la douleur à l’intensité de la vie, l’émotionnel au suprasensible. Et il fallait développer chaque point et faire d’innombrables digressions. Drus écoutait en homme extrêmement bien élevé mais il pensait à l’échangeur.
C’était la même chose avec Clarck. Lui voulait essayer les nouvelles routes et moi, je faisais jouer le personnage de Jacky qui se dupliquait en, au moins huit déclinaisons, jusqu’à Kawai que Tête brûlée détestait alors qu'Yeux de Biche exigeait la présence de Jacky juste pour voir dans quel état il était, rien à voir avec une quelconque tendresse …
- Oyez, oyez, braves gens, gens de bien, je vous annonce les épousailles de Mamzelle Sara et de Jacky l’extraterreste …
Elle partait se cacher. « Je ne me marierai JAMAIS ! »
Même chose aujourd’hui. L’instant présent est la religion de Drus. Mon délire à moi est to built. Mais built quoi bon sang ! Plutôt un échangeur à dix voies que La Veuve macabre !
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