C, Cabinet de Cp et Pnl
26 nov. 2020
19°
« En réalité, j’ai besoin de votre écoute et de quelques percées dans le réel, histoire de mieux retrouver mes obsessions plus tard. C’est sûrement une belle journée mais dans ma tête, il fait 9°. Je suis sorti très en colère la fois dernière de votre bureau. Et je vous ai déjà dit que je ne vous paye pas pour m’irriter.
…
D’accord, d’accord … mais je ne suis pas un hurluberlu. Ma tête est construite, les pièces se tiennent. Je suis asocial ? Oui, forcément. Qui s’intéresse dehors au soulagement de Giacometti renversé par une voiture ? Enfin quelque chose m’arrive, dit-il.
Qui tous les jours de la semaine, si je le veux, échangera avec moi de cela ? Il faut que je cherche à la loupe. Alors voilà pourquoi c’est vous. Quand je vous parle de vos honoraires c’est plus pour vous dire que je n’aime pas toujours la psychanalyse sauvage. Mais enfin. Allons partageons la pomme.
Vous m’aviez dit que j’étais excessif la fois dernière. Non, je ne le suis pas. On ne badine pas avec la confiance, avec la loyauté à l’égard des autres.
Non, je ne veux pas que vous me répondiez selon ce que vous croyez attendu de moi. Cela fait presque deux ans que je suis en coaching avec vous et vous ne me saisissez pas. Peut-être faudra-t-il qu’on inverse les rôles ?
Vous riez ? C’est un dépassement. Ah, vous n’êtes pas psy mais juste coach, hum, hum ... Et puis même. Ah oui, j’avais oublié …
Rangez, rangez, il en restera toujours. Qu’avez-vous appris de la nature humaine depuis 30 ans ?
Ce n’est pas pour ça que je suis là, c’est vrai. Quoi que …
Non coach, désolé, le Génie n’est pas la physique quantique ou l’astrophysique. Le Génie ne se limite pas à un domaine. C’est tout d’abord un regard éclaté sur l’invisible, l’indécelable, l’indicible, l’insaisissable pour le commun des mortels. Mozart, Einstein, De Vinci, Rimbaud, Sartre, Didon sont des génies chacun dans ses obsessions. D’autres viendront. Toujours.
Oui, j’ai du génie, peut-être du petit génie. J’essaye qu’il ne prenne pas possession de mon être, j’essaye de le brider et surtout de lui donner consistance. J’arrive, pour l’heure.
Regardez la mer coach, c’est là que je voudrais finir plus tard. J’adorerais. Je trouve les nations engoncées dans leurs pseudo-vérités tellement en retard. Je ne vois même pas d’issues pour elles, pour l’instant, toujours à réagir avec leurs pulsions et leurs situations de vie tellement précaires sur l’essentiel. C’est cela, fondamentalement.
Non, mais c’est la vérité. Bien sûr que cela m’intéresse. Je m’inscris dans une dynamique réflexive moi. Que voulez-vous ! Je veux sentir mon Existence, la vivre, la prendre pleinement à bras le corps. Ontos. Je vous ai ouvert la porte de mon monde. Oui, il y a un gigantisme de la pensée. Je ne suis pas mégalo. Je me cache. Les mégalos, s’exposent eux.
Quelle idée, ce mot ! Laid, lubrique, obscène. Vous ne me saisissez pas, c’est clair. Du moins dans les choses d’Ontos. C'est différent. Et psychanalyse sauvage pour sauvage en besoin de « vos rangements », il y a chez vous un référentiel inconscient que je ne partage pas du tout.
Voilà vous rougissez, pas assez de distance, je vous laisse. Content de moi. Je ne suis pas de ce monde.
Au revoir coach. Je prends quelques jours. Mes références à moi ont été bâties dans la subversion, la douleur, la sévérité, le labeur et LA SEULE richesse de ce monde de finitude : LA Liberté ontologique.
Vous êtes trop rangée. Je l’emporterai dans ma Mer comme elle dans l'humus, seul consenti par les bridés de la tête. Le passé était chaotique mais ontologique. »