mardi 27 août 2013

Plume frêle et respiration chaotique.

Billet d'humeur 1.

J'ai rêvé ma Tunisie en étoile et ce fut un rêve.
J'ai rêvé mon pays libre et la liberté, du coup, prit des rides. Et la liberté devint interdite. Et la liberté s'offusqua et prit ses distances.
La gestation est difficile et le désir fou.

Billet 2.

Ecrire est respiratoire et l'été a été étouffant. Qu'écrire quand on est dans l'incompréhension ? Qu'écrire quand cela s'amoncelle : de tout, de rien et de n'importe quoi ? Qu'écrire quand les lignes se mêlent et que la vue s'obscurcit ? L'Histoire trépigne. Du reculons et du reculons, des embardées, des frictions, du temps qui part, du temps jeté et à ciel ouvert des immondices. La plume est frêle et le corps tremblotant, les yeux ouverts et l'esprit en bataille.

Billet 3.

Elle se trouvait dans une grande surface - parce que  la vie n'est pas que plume et que la caissière est rassurante - quand il la toisa du regard. Elle lui fit face et le transperça des yeux. Pas un mot, mais une situation inattendue et irrecevable. Il fit diversion et elle s'en trouva quelque peu soulagée. La Tunisie post-révolutionnaire où on tente de brimer, où on est prêt à en découdre. Parce que la liberté ne se rationne pas.

Billet 4.

Elle est dans l'eau, l'océan, une matrice vivifiante qui t'enveloppe de ses bras et, tout, part. Une légèreté et des odeurs indescriptibles. La mer, un univers sien et tellement de compréhension. La tête immergée, le corps en confiance et d'un coup, une drôle de connexion, l'intimité d'une vérité, d'une laideur, un saisissement de la chose et de son contraire, la vie est un point de fuite. Elle ose espérer que c'est l'oreille interne. Décidément, rien de tel que le physique pour rassurer.

Billet 5.

Les réseaux sociaux sont curieux. On connait un tas de gens mais on les connait tellement bien que c'est presque indécent quand on est un minimum pudique. SBA par exemple est un mélange de démocrate pur jus, un activiste d'une générosité sans égal, un humaniste rien qu'à son métier et un mec un brin sexiste dès qu'il baisse la garde ! La "nana", il l'appelle quand il discute entre mecs, sur la toile, et, en présence de ces Dames !!
Et puis BBC, d'accord, elle a choisi de mettre le voile, c'est son affaire, mais une psychologue qui croit au "non", qui le cautionne et l'appuie, comment va-t-elle pouvoir prêter main forte aux autres d'autant que son "moi" domine et EST visiblement inattaquable?
N. laisse couler à travers ses statuts, tout l'amour qu'elle éprouve pour celui qui semble être l'heureux élu de son coeur, sa présence, ses absences. On en vient à détourner les yeux et je me limite aux écrits.
NBS est démocrate, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, c'est un homme d'honneur c'est évident mais il commence à penser que la politique pourrait aussi vous ouvrir des portes et bien des portes...Il se frotte les mains et j'aimerais le lui dire, cela s'entend...
C'est un groupe, son nom est séduisant, du goût et un sens artistique très développé, des connaissances et de la culture et une gymnastique auto-imposée pour éviter d'être taxé d'athéisme, la Tunisie n'autorise pas tout, pas encore.

Billet 6.

Tout le monde parle de boycotter, tout le monde a, plus tard, commenté, tout le monde - ou beaucoup - ont regardé. J'ai regardé, je n'avais pas l'intention de boycotter. Je voulais ne rien rater des micros expressions.
"Le cheikh" était plutôt "look Monsieur", costume gris anthracite, chemise blanche. Du neuf. Un dentier tout flambant et pour les rares authentiques un détartrage énergique. Le staff de la com' a bossé, c'est visible. Des sourires en voici en voilà et même, cerise sur le gâteau, de l'humour. Oui, de l'humour. "Je vous rassure, je ne me présente pas ( et, à l'adresse du journaliste ), au cas où vous auriez envie, vous, de le faire !".
Il faut avoir suivi "le cheikh" pour y voir un humour jamais imaginé de sa part. Le monsieur vient des siècles les plus reculés. Autre nouveauté, les mains, leurs mouvements qui appuient les propos, des mains qui se veulent calmes, sages, rassurantes. Les doigts se croisent et se décroisent, les mains se joignent et se séparent. Le regard se veut bienveillant mais s'oublie quelquefois et quittant le champ des verres correcteurs, il devient inquisiteur et même, à un moment, rejetant toute contradiction. Le discours est tout en pardon, il se veut rassembleur, ouvert, dans l'invite de l'autre. Le maître-mot : la démocratie, le modèle tunisien, l'exception. Le ton se veut doux, l'homme veut garder son nom dans les belles pages. Plus d'une heure de mots et rien en réalité, à part, une reconnaissance de Nida, une décision de partage avec Nida. Deux politiques, plus de 165 ans à eux deux et une Tunisie qui a une moyenne d'âge de vingt ans. Je crois en la maturité mais je crois aussi et surtout aux idées nouvelles.
Bien que l'équipe com' ait, à coup sûr, galéré pour arriver à donner un change qui se veut "moderne", le monsieur étant dominé par le cheikh, il eut des "mon fils" à l'adresse du journaliste, des tournures longues de 4 mètres, des redites et des redites,des interruptions du journaliste avant la fin de la question, du grand-paternalisme et de l'absolution ( j'ai lu par la suite que le retrait de la plainte contre S. Bettaieb n'en est pas un puisque RG aurait perdu le procès, l'information est à vérifier. ) et d'innombrables "ceci est faux" tous pleins de sourires de bonté.
C'est RG "new look" qui regarde la caméra et lance des appels. A part la stratégie sous-jacente, le partage avec BCE, il y a quelque chose qui laisse sentir une fin prochaine de RG et pas que politiquement. Forte intuition.

Mais dans tout cela, où sont les femmes, où sont les jeunes ? Le problème de la Tunisie est-il d'ordre religieux ? Qu'est-ce qu'un cheikh devant les impératifs économiques ??

mardi 30 juillet 2013

Tunisie mon amour.

Lotfi Neguedh
Chokri Belaïd
Mohamed Brahmi
9 de nos valeureux soldats, dont 4 ( à vérifier ) égorgés et 2 ( à vérifier ) émasculés
Retrait de 70 députés
Des villes en ébullition
Sit-in continu

Sinon tout va bien, "les légitimes" contrôlent la situation et acceptent toute proposition hormis contester leur légitimité.

Pour "les légitimes", sommes-nous des Tunisiens légitimes ????

vendredi 12 juillet 2013

Obama et la logique de parti.

J'ai perdu, en route, à un virage vertigineux, un partenaire politique avisé et aguerri, pondéré et pénétrant, analyste et prévoyant. Vivant à un point où le silence d'aujourd'hui est impossible.
Parce qu'aimer est bien plus qu'aimer. Aimer c'est s'aimer.

Au final, dans la plus grande démocratie du monde, les mécanismes sont rouillés à force d'automatisme.

Obama a fait rêver. C'était épique. C'est plus plat que terre.
Au 1er mandat, on pouvait comprendre, il briguait un 2ème. Et au 2ème ?
Il faut compter sur le mi-mandat, la 2ème partie est réservée en priorité à la préparation du prochain candidat. Obama a été décevant. Rien de rien. De chez rien.
Une logique de parti, garder la main, barrer la route au camp adverse. Un président est un parti et un parti une entité. La liberté individuelle n'existe que très peu.

Entre temps, des affamés, des mal-nourris, des colonisés, des tués, des brimés, des instrumentalisés...Que sais-je encore ?
Et l'espoir ?
Sur Mars visiblement.

jeudi 4 juillet 2013

Egypte et questionnement

Quand l'Histoire nous dicte la cadence.


Qui a-t-on évincé dans la Grande Egypte?
Morsi ou l'islamisme politique?
Qui tiendra, dans les prochaines heures, les rennes du plus grand laboratoire de toutes les sauces du monde arabe?
A qui l'armée remettra-t-elle les clés de commande?
Les remettra-t-elle?
Comment comprendre le long souffle de cette deuxième révolution égyptienne dans le pays des prédicateurs les plus dangereusement stupides du monde arabe mais non moins les plus insidieusement influents au premier sens de l'adjectif?
Qui est le chauffeur de salle ( lapalissade! )? Qui sont les teneurs de ficelle et pour quelle nouvelle configuration?
Le monde arabe bouge-t-il pour sa liberté, son unique salut?
Cette magnifique mouvance est-elle la preuve d'une conscience politique sans retour qui est la base incontournable de toute avancée?
Ce qui se passe en Egypte est-il exportable ipso facto et manu militari en Tunisie?
Comment lire le départ de Rachid Ammar?
Comment unifier les forces démocratiques qui se dispersent à chaque coin de rue, qui n'ont pas retenu la leçon d'octobre et qui rêvent de briguer des postes et de damer le pion uniquement?
La vitesse à laquelle nous avançons ( avançons-nous? ) est-elle la bonne?
Pourquoi un gouvernement "game over" depuis octobre 2012 continue-t-il de gouverner?
Pourquoi la constitution n'est-elle pas rédigée alors que la tâche qui incombait aux heureux élus était d'écrire un destour?
Pourquoi un parti élu partiellement, talonné aujourd'hui ou devancé par Nidaa Tounès ( selon les sondages ), en perte de vitesse, pourquoi hausse-t-il le ton, se ridiculise-t-il autant ( épisode Maherzia Labidi avant hier à l'ANC, joli passage hier sur antenne d'une députée nahdhaouie entonnant l'hymne des stades et achevant son intelligente prestation d'un RIP pour le moins douteux à la mémoire des martyrs de la révolution) et n'hésite pas à être si laidement triomphaliste?
Peut-on être à ce point-là incompétent et ne pas le savoir?
A ce point-là inconscient et ne pas se rendre compte que le vent peut tourner?

Est-il possible à l'heure qu'il  est de faire autre chose que de poser des questions?
N'est-il pas urgent de s'unir aujourd'hui, là, maintenant, en tant que force démocratique nationale et de contrer tout projet obscurantiste?



samedi 29 juin 2013

L'initiative nationale pour un front démocratique, El Bedira.

Nous vivons, en ce moment, en Tunisie, dans la conscience forte du processus historique de notre pays. C’est assez rare et les enjeux sont fortement importants. Il tarde de bâtir une république nouvelle.

La révolution ou, ce qu’on appelle ainsi,  nous a exaltés, nous laisse pantois, trop pantois. Si l’expression est libre, s’il n’y eut jamais autant de débats politiques, de partis politiques, la visibilité, elle, est inexistante et l’inquiétude grande.

Nous avons commencé par assister, indignés, à l’arrivée d’ici de là de prédicateurs avec tout l’attirail saintement marketing : robe blanche immaculée, montre or-diamants, grosse cylindrée, souci du timing avant le prêche…en réalité, un vrai phénomène de société orientale et un « concept » plutôt nouveau pour la Tunisie. Un regard incisif voit tout de suite l’aspect purement commercial et bien entendu l’utilisation politicienne. La monnaie trébuchante s’entend et les oreilles averties saisissent  l’entourloupe. La Tunisie a vite fait de s’ouvrir aux commerçants de Dieu.
Après cela, il y eut la naissance grâce, entre autres, au chômage florissant,  des ligues de protection de la révolution. Il s’agira en fait de protéger la révolution d’elle-même et de ses objectifs. De la détourner. 
Les appels au travail, à la liberté, à la dignité devinrent main forte prêtée aux agents de sécurité du MI. Protéger la révolution devint donc promouvoir l’action gouvernementale et s’attaquer aux manifestants. Pour le moins paradoxal.

Naissance également à tour de bras de partis politiques, d’ambitions carriéristes, d’égo  surdimensionné…
La Tunisie est bien trop petite pour pouvoir tout digérer d’autant que le temps d’assimilation ne lui fut pas donné.
Un trouble réel existe aujourd’hui et une vraie anxiété : les lendemains seront-ils meilleurs ?
Car pour l’heure tout va à vau l’eau. Le chômage s’amplifie à vue d’œil, le tourisme est au point mort, la violence augmente, les régions de l’intérieur et les campagnes sont dans un  état d’abandon accentué.
On est même arrivés à l’assassinat politique sans parler de ce que l’on tait parce que plutôt particulier, l’impact grandement nocif du stress lié aux événements politiques sur la psychologie et l’équilibre du Tunisien.
Où va-t-on ?
Que sera l’avenir de nos enfants ?
Les objectifs de la révolution seront-ils atteints ?
Travail, liberté, dignité seront-ils le lot des Tunisiens ?
L’alternance dans l’exercice du pouvoir prendra-t-elle racine et deviendra-t-elle effective ?
Parviendra-t-on à étouffer dans l’œuf ce que nous connaissons depuis 50 ans : le Parti-Etat aux mœurs louches, aux méthodes pour le moins déloyales et peu orthodoxes ?

El Bedira ou l’initiative nationale pour un front uni des forces démocratiques paraît être aujourd’hui l’alternative louable pour contrecarrer un projet potentiellement dictatorial et théocratique.

Qu’est-ce que El Bedira ?

Une initiative citoyenne qui a pour objectif de rassembler toutes les forces démocratiques du pays, tous ceux qui partagent le même projet politique : démocratie, état républicain, respect des libertés, état de droit, parité, citoyenneté…
Il s’agit donc d’asseoir les bases réelles et incontournables de l’Etat civil.
Les participants viennent de plusieurs régions : Bizerte, Sousse, Sfax, Nabeul…
Rassembler ne signifie en aucun cas perdre sa couleur, le timbre de sa mouvance, il ne s’agit pas de se fondre ni de perdre son identité partisane, politique. Il s’agit tout d’abord d’être lié par le même objectif : l’Etat civil républicain et démocratique.
Ce rassemblement doit pouvoir prendre de l'ampleur, il doit être la preuve concrète que la leçon a été retenue. La Tunisie de l'heure n'autorise pas l'égotisme ni l'ambition personnelle. La Tunisie du moment a vitalement besoin d'inscrire définitivement dans ses pratiques politiques l'alternance dans l'exercice du pouvoir, de garantir le respect des libertés. La 1ère pierre est à poser et à poser durablement.

L'initiative nationale pour un front uni, El Bedira donc, regroupe et regroupera un composé cosmopolite de partisans, de syndicalistes, d'indépendants, de militants associatifs...car la différence ne pose pas problème quand la ligne directrice première est commune.

La famille démocratique est grande, très grande et c'est tant mieux mais l'heure historique tunisienne n'admettra pas l'ambition personnelle.
Il  s'agit de mettre sur pied une Tunisie nouvelle, réellement démocratique qui barrera la route aux débordements passionnés, aux délires paranoïaques et aux ambitions hégémoniques nourries de programmes extérieurs gravement nuisibles à la souveraineté nationale.

Aujourd'hui, le recul dans tous les secteurs, la violence, l'anxiété sociale, l'incompétences de certains politiques aux commandes, la pieuvre partisane qui déploie ses tentacules et tente d'assiéger le mental des gens simples, tout ceci devra nous pousser à regarder du côté d'El Bedira, à prêter l'oreille à une idée au final très simple : s'unir pour garantir démocratie et libertés.

Nabil Ben Azouz, coordonnateur de l'INFU, militant, agitateur d'idées, historien ne cesse de  marteler une attitude politique moderne qui lui tient à coeur et qui  consiste à agir par le bas sur les dirigeants de partis.
Une idée phare : nous devons, toutes particularités confondues, et en tant que force vive agir sur les décideurs de notre famille politique. Tant la verticalité est désuète, abrutissante et dangereuse.

Un dirigeant est exposé à la mégalomanie, voilà pourquoi il faut se faire entendre quand on est adhérent à  un parti. Les lignes déterminantes exigent la participation de tous, elles doivent émaner des bases, des partisans qui constituent une force de par leur nombre, l'essence même d'un parti et son bon sens.

Démocrates de tous bords, votre salut est dans l'union, dans la participation à  la prise de décisions qu'il faut savoir insuffler, dans votre détermination à être des adhérents agissants afin de doter la Tunisie de traditions démocratiques qui, elles, seules, sauveront nos enfants de la laideur et du danger de l'embrigadement et de la perte de leur tunisianité. 



Votre existence VOUS appartient, soyez libres C’EST précisément
votre humanité. Sam SZ  

samedi 1 juin 2013



La coupe est pleine...Mona Belhadj...Fièvre du 14...


I
Elle a un peu plus de quarante ans, une fraîcheur générale certaine et une vie belle. 
Récemment, elle publie une photographie d'elle où on peut aisément voir le comble du comblement par botox. Une Créature. La fragilité est humaine, le réflexe du faux aussi, chez les autres surtout. Les réseaux de communication relayant tout et n'importe quoi, des commentaires à tour de bras :  des exclamatives en exclusif : beauté et naturel.
Comment peut-on être hypocrites à ce point-là ! Incitation au suicide lent et au terrorisme plutôt. 
L'amitié est une denrée rare.

II
Je me souviens de toi, partie trop tôt, en deux, trois semaines. Incompréhensible décampement. Je me souviens quand pré-adolescente, tu disais de ton géniteur anesthésiste qu'il  était au-dessus de l'infirmier et en-dessous du médecin avec un air explicatif on ne peut plus sérieux. Nous en sommes encore là aujourd'hui avec l'innocence de la grande enfance en moins. Modernes mais pas tant que ça, croyants mais pas comme il faut, pratiquants mais pas ainsi, incroyants pas question. Surveiller oui mais corriger en violentant surtout. Enfin, tout et n'importe quoi. Un délire national qui remonte à loin, une société multiple où tout un chacun est un petit chef. Où tout un chacun entend corriger l'autre sans penser à commencer par soi. 
Une dame,dans la fleur de l'âge, 77 ans, intelligente et attentive, près d'un siècle de chance comme elle sourit à le dire, courte école et lectures, de ces temps-là, elle retient de la vie la nécessité de prêter l'oreille aux autres. Dans la déroute, elle s'inquiète de l'avenir de la Tunisie :  la dépression durera longtemps, n'est-ce pas? ça remonte à la colonisation, frustrations, et collage culturel, pauvreté et apprentissage artificiel? Un impérieux besoin de se faire entendre et toutes les couleurs sont bonnes à prendre?
Oui, que des couleurs et ça brouille la vue : religion(s), variantes, sabres et sang, sacrifices, bouc émissaire et femmes, sexe et tabous, misère et argent, appât et détournement...Seule force salvatrice : la raison. En perte de vitesse.
Prendre exemple et poser les bonnes questions et sans tomber le moins du monde dans le cheikhisme, prendre la graine de chez les seniors intelligents.

III
Mona Belhadj est artisane. Une jeune femme curieuse et patiente. Elle a pour elle, la discrétion et l'humilité de ceux qui aiment renaître à chaque fois avec des atours différents. Femme de plume, de radio, de menuiserie artisanale, de sculpture-peinture, elle aime se multiplier presque dans le silence et la détermination. Et elle y arrive. A force de demander à apprendre, à force de regarder les autres faire, de s'en imprégner et de s'y mettre, sans rien promettre dans un premier temps. 
C'est une Palice : l'art est mimesis avant de se confirmer art personnel. La dernière exposition de M.Belhadj est une confirmation de la sensibilité de l'artisane, de son désir de faire. Des peintures hautes en couleurs sur du bois frotté, buriné, sculpté, marqué. Des points de tapis en pichenette y faisant figure de notes amusées, un air mi-kairouan, mi-afrique sur une toile de fond résolument moderne. Un rouge ancestral obstiné, tout en stries et un bleu libre, mêlé à un vieux doré dans une sorte de cercle de signes à décrypter à sa guise.

Mona Belhadj a travaillé minutieusement, a reculé, a observé, est retournée, a retouché, a placé la couleur, a essuyé le surplus de couleur, s'est beaucoup impliquée. Un travail d'artisane qui laisse transparaître une force tranquille, une intelligence certaine, une belle simplicité humaine et une détermination sans faille.

Galerie Mille feuilles, La Marsa, finissage le 8 juin.
Mona Belhaj, "Libre Parcours", Samedi 18 Mai.

IV
La grande solitude, puis l'enfermement dans les murailles difficilement franchissables de l'esprit malade, la névrose est largement partagée mais la psychose, c'est quand même bien des crans au-dessus.

Le Tunisien va mal depuis deux ans, depuis ce qu'on ose appeler "révolution", depuis l'explosion de la boîte de Pandore. Toutes les odeurs ne sont pas des fragrances et les puanteurs sont multiples. Oui, ça a rudement bougé depuis, oui les langues se sont déliées, oui nous roulons à la vitesse grand V dans certains coups de gueules médiatiques très discutables : femen...Modèles d'actions-réactions d'importation, anachroniques qui ouvrent grandes les portes de l'illégal et qui font primer la morale sur le droit ( on détient une jeune fille avec un motif d'inculpation pour le moins irrecevable )...Le Tunisien est pris d'assaut par 36000 dysfonctionnements, ses neurones emboîtent difficilement le pas, il est assiégé par les soucis, l'insuffisance financière, il est sans bride (imposée puis devenue machinale et déresponsabilisante à souhait) d'un coup et bien d'instincts bestiaux ne demandent qu'à s'exprimer, l'administration roule à 10 à l'heure, les factures s'amoncellent, le chômage s'est durablement enraciné, l'avenir est sans visibilité, on entend pour la 1ère fois parler d'ambitions nouvelles : mourir en Syrie, s'y prostituer par militantisme religieux, c'est selon. Récemment, vitesse grand V donc, militer et faire admettre l'homosexuel "islamiste" ( sur le modèle américain de l'homosexuel protestant ) et, cerise sur le gâteau, la psychose évoquée tout au début, trancher son organe  - d'un geste mille fois répété -et le donner en offrande aux forces de l'ordre pour contribuer à l'urgent essor économique.
Même avec cela, pauvre homme, ce sacrifice, avec cette générosité fortement et gravement pathologique, la boîte n'est pas près de se refermer.

Nous mourrons dans les remous de ce qui suit un bouleversement, de ce qui précède, et je reste positive malgré tout, l'inscription d'une régularité, d'un équilibre.
Pour l'heure, le corps réagit, s'enfièvre, s'infecte, hurle, tente de rejeter, se mêle les pinceaux...



mardi 23 avril 2013

Tant va à la cruche...

Il y a mentir et puis il y a mentir et les politiques sont de ceux-là.

La Tunisie va mal, les jeunes s'abrutissent de jour en jour, la religion est devenue un fond de commerce qui permet de racoler large : les démunis, les chômeurs, les écorchés-vifs, les aigris, les frustrés, les en-souffrance de tous types...

L'argent est le maître des hommes politiques actuels, des hommes politiques de toujours, le refrain religieux, les hauts-parleurs mis au max, les défenseurs d'une révolution usurpée, l'infiltration de l'appareil de l'Etat par des exécutants partisans...tout cela est une stratégie de longévité, tenir la barre, s'accrocher à tous prix...

Le Qatar un carré schizophrène ressemble à un court en souffrance qui ne peut se rallonger bien que brassant des billions. Que faire? Acheter le monde, ici, ailleurs, ce ne sont pas les hétaïres qui manquent. Crise oblige et argent mordant.

La Tunisie est belle, trop moderne. La posséder d'abord, l'aplanir ensuite. Tel est le caprice de Cheïkha Mozza. Ce sera le cadeau de madame par monsieur tiroir-caisse, rien que pour faire se retourner Bourguiba dans sa tombe. Incompréhensible celui-là pour les chameliers déambulant aujourd'hui en kamiss et savates dans leurs palaces marbrés. Donc mécréant.

La Tunisie gronde tandis qu'elle se fait dessiner les toilettes qu'elle portera pour faire taire Carthage.
J-PGaultier ? J-C Jitrois ? Jaune poussin ? Vert gazon ? Jaune poussin, vert gazon, mauve aubergine, bleu violacé...et toutes les déclinaisons qui vont avec. Et madame Silicone Bistouri donne des leçons à un peuple trimillénaire, à des hommes vaillants et des femmes libres - parmi lesquels il y a certes des égarés - du haut de ses billions.

Les braves 217 en stressent plus d'un, j'en connais qui s'est éteint de stress politique, de dégoût de la scène tunisienne. La realpolitik est laide à voir, la dictature de la majorité - somme toute bien relative - est insupportable d'autant qu'il s'agit d'une majorité inconsciente des enjeux, manipulée, crédule, opportuniste, partisane quel que soit le parti pourvu qu'il soit le plus fort en tactiques de racolage.

Sous Bourguiba, l'école fut obligatoire pour tous. Le loup politique en comprit l'urgence et l'impérieuse nécessité. Les sortir de l'ignorance, les mettre sur la route des nations éclairées, les impliquer par la suite dans l'Administration. Plus de cinquante ans d'école,  une percée des femmes, une avancée certaine. L'épanouissement n'eut pas lieu car Ben Ali misa sur l'abêtissement, l'école fastfood, rapide, creuse, insipide, indigeste. Un prestigieux établissement - de par son histoire du moins - vue imprenable sur mer, beau quartier, héritage colonial, possédant un immense espace autrefois réservé à l'étude, porte d'antan en bois noble, 25 cm d'épaisseur, une bibliothèque comme il n'y en a plus. Pas un seul livre, aucun entretien, un établissement sans bibliothèque, un bien consenti par les colons pour eux-mêmes certes, récupéré par les autochtones libres et comme tant d'autres inexploité, désaffecté par manque d'initiative.
La période Ben Ali brilla par la superficialité, bannir toute réflexion approfondie, tout esprit critique. Apprendre à se taire ou continuer à se taire - c'était le cas sous Bourguiba - mieux : exceller dans l'art du lèche-bottisme.
Un enseignement sans envolée, sans conclusion, inachevé d'une certaine façon, ce qui explique l'édifiante vacuité de l'heure et l'antagonisme total entre ceux qui ont cultivé une curiosité personnelle parallèlement aux connaissances reçues sur les pupitres et ceux qui ont été sacrifiés sur l'autel de la politique politicienne et qui, bien que souvent diplômés, souffrent d'insuffisances réflexives et de recul.

Elle est passée où ma Tunisie ? 
Son ciel bleu et sa luminosité, ce je-ne-sais-quoi d'ici et de nulle part ailleurs qui fait que ta poitrine gonfle à l'approche de l'été. Rien qu'aux senteurs. Le muguet s'infiltre dans les narines, l'odeur de la méditerranée à même le flanc de la terre, aspergeant sa tête, son cou, son ventre, ses jambes. Pays unique que je n'échangerai pour rien au monde.
Elle est où ma Tunisie quand madame la députée entre rires étouffés et arabe littéraire du XIIème siècle lit son texte vide de toute suggestion intelligente, qu'elle ponctue de phrases assassines, circonvolutions comprises d'elle-seule et de sa bande ? 
Quand madame la présidente tance l'opposition, la rabroue, la coupe, la foudroie du regard comme un enfant maladroit, qui se trompe, qui parle et qui doit se taire, bienséance oblige ?
Elle est où ma Tunisie quand dans l'arène de la "légitimité", on traite de chien un homme de bien, un technocrate qui s'insurge contre des primes en temps de misère ?
Elle est où ma Tunisie que je ne lâcherai jamais aux mains des sangsues ? 




dimanche 21 avril 2013

Il y a vivre et mourir et, à choisir, je préfère vivre parce que mourir ne veut rien dire.
Mourir est indigne d'impuissance et d'incapacité.
On vit son instant se croyant éternel et puis on vit son instant se sachant sur la liste et puis on vit tout court dans le questionnement de son heure.
L'esprit est la grandeur de l'Homme et son plus grand ennemi.

mardi 12 février 2013


L’étranger

Je vois
Je suis l’étranger
Peut être
Un étranger sans ailleurs
Je sais
Je ne porte aucun visage
Aucun nom
J’ai tout abandonné
Un visage, un nom
Et mes livres aussi
Dans les tavernes sombres de la ville
Je te donne la liberté
De me donner
Le visage que tu veux
Le nom de ton chien
Ou celui d’un roman
Je te parlerai
De mon corps meurtri
De l’hiver et des amandiers fleuris
Des mimosas bordant la plage
Du ciel d’été
Et du seul nuage
Naviguant sans voile vers le nord
Je sais
Ma vie n’est pas un jardin
Je suis l’étranger
Ne détourne pas ton regard
Tes yeux sont mon miroir

Med Zéramdini
Journal d'un aveugle voyant
Auteur de: "Les miroirs intérieurs"

mercredi 6 février 2013


Enchevêtrements


Les yeux en berne et le regard dépossédé. Le coeur froid et l'enveloppe machinale. Il suinte du vide alentour.
Et puis des serrements et des serrements, de la bêtise et de la bêtise, une main crapuleuse et même plus de route.
De la déroute à en hurler et un essaim de choses sans harmonie aucune. L'espace s'est tu, le pays se meurt. L'écoute n'est plus et le vis à vis se perd.
Comment y voir, comment évoluer, comment apaiser tant de discordances?
Des voix et des voix et tant de paysages. Du laid, du fort, de l'altéré et du ruminé. Du beau et du beau à en faire envie, à en faire rêver, à en espérer. Mais le ciel est lourd et les nuages trop bas, le parterre gluant et l'Homme inconscient. La lumière est bien loin et le laps sûrement court.
Et pourtant. La voix est là, le battement rythmé, le sourire ne veut que dire des pages et des feuillets. Tant il  est vrai qu'on égrène ses instants, qu'on feuillette son ouvrage avec des rires et de l'oubli.

Est-il encore temps d'espérer la paix, d'entrevoir la promesse d'une liberté vraie, d'arracher des mains creuses les armes déposées et d'y planter les perles d'un à-venir éclairé ? 

A toi, si loin et nulle part, à toi scellé, sombre et rebelle. A toi éteint et bizarrement si lumineux, année après l'autre. Car elle fut pour toi propulseuse de vie et de folies.

lundi 28 janvier 2013


Ainsi toujours poussés...


Une traduction du Lac de Lamartine, en arabe, une résonance si particulière notamment pour ceux qui ne maîtrisent pas l'arabe littéraire. Une gravité, une pichenette à l'arrogance de la langue, sonner le glas du machisme stupide : impressions personnelles. Toujours est-il que Lamartine en arabe a une saveur propre.


  أهكذا أبداً تمضي أمانينا
نطوي الحياة وليل الموت يطوينا
تجري بنا سفن الأعمار ماخرة

بحر الوجود ولا نلقي مراسينا؟         

Confrontée à elle, le regard survole les choses. Désabusée. Pourquoi les Hommes en font des pelles? Comment vivre le temps sans l'obsession du froid, du vide, de l'extinction. Glacial retrait de la vie de l'enveloppe corporelle. Voir cela de si  près et tout est vitreux, les Hommes, les choses et la vérité.
Quelle vérité?
Que du vent, du semblant, l'oubli d'une horreur en pièces, disséminée çà et là  pour précisément n'y rien voir car voir fige et suspend.

dimanche 20 janvier 2013

Partir c'est beaucoup mourir


S'il y avait moyen d'adhérer aux vérités des Hommes, tout serait plus simple. Un au-revoir.
Le rationnel est une dure affaire,  il prend racine et vous l'entretenez. Rien à faire.

Peut-on disparaître d'amour, dans la quiétude du sommeil parce que dans les bras de l'être aimé, il y a une paix?
Peut-on s'éteindre, sous l'emprise de Morphée sans même en émerger pour la voir venir et la regarder dans les yeux?
Se peut-il que l'on parte tout contre elle, mêlant vie et fin, à en faire hurler les sages?
Partir sans mot, sans signe, dans la discrétion de ceux qui parlent peu, étreignant une fêlure, depuis longtemps, de rupture obsédée.
Encore une de si près, qu'elle vous arrache vos yeux. A 20 ans et à 40. Sans bruit, elle vous ôte un pivot et vous laisse pantois.

Le rationnel vous raidit à force de semence et vous remarchez droit dans l'aveuglement.