jeudi 11 mars 2021

Maman, dis, n’est-ce pas que tu sais tout ?

 




-       Maman, dis, n’est-ce pas que tu sais tout ?

 

-       Non, je sais pas mal de choses mais je suis loin de tout savoir.

 

-       Mais maman, tu as toujours dit qu’il y a des solutions à tout voyons !

 

-   Oui, il faut le croire. Il faut agir aussi. Maintenant se dire, je dépasserai cette situation critique, c’est-à-dire difficile, est en soi une très bonne chose.

 

-      Maman s’il te plaît ( très irritée ), à mon âge, j’apprends tous les jours. N’est-ce pas ce que tu me dis tous les matins ? Alors, réponds-moi et que je comprenne. Je ne suis pas vieille moi pour savoir autant que toi.

 

-      Je ne suis pas vieille chérie.

 

-      Maman, tous les grands sont des vieux. Et moi je veux savoir comment je peux faire pour que papa ne vieillisse plus et que moi je grandisse quand même encore. Parce que je veux vivre avec lui toute ma vie. Comment faire maman, c’est simple, non ?

 

-       … ( La mère se tut, désarçonnée ) …

 

-       Maman ? Tu me réponds s’il te plait ?

 

 

La maman prit la décision intérieure de s’arrêter de vaquer à ses occupations au vu des yeux interrogateurs grands ouverts de la petite. En même temps, elle voulait gagner du temps et réfléchir à cette quête existentialiste et anxieuse.

 

 

-      Tu sais, quand j’étais petite, je posais des tas de questions à mes parents, surtout à mon père d’ailleurs. Et un jour, il me dit : tout coûte de l’argent dans la vie, absolument tout. Et j’étais très embêtée parce que je ne comprenais pas comment cela pouvait être possible. Et je le lui fis remarquer : papa, quand on marche dans la rue, on ne paye pas ! Et il me dit cette phrase qui me travailla pendant longtemps : évidemment qu’on paye quand on marche dans la rue.

 

Je ne sais pas trop si cette réponse va te convenir mais je veux t’expliquer que les adultes oublient très souvent que les enfants ont besoin de réponses concrètes, claires, sans mystère dans le sens. Et là, je n’en ai pas vraiment une.

 

Papa va avancer dans l’âge et toi aussi. C’est logique. Et heureusement ! 

Elle se mordit la langue ) 

Je veux dire si l’un de nous s’arrête d’avancer dans la vie, dans l’âge je veux dire, cela signifie qu’il n’est plus de ce monde, qu’il n’existe plus. Donc papa grandit, tu grandis, vous vivez ensemble et en même temps chacun de son côté fait tout son possible pour beaucoup vieillir donc beaucoup vivre en faisant du sport, en mangeant des choses saines et en riant c’est-à-dire en étant souvent heureux. Et tout cela fait que tu vis avec papa, que nous vivons ensemble et que nous sommes en vie.

 

-      Donc, papa fera beaucoup de sport et rira beaucoup et moi aussi. Et il doit manger des choses bien propres. Et maman, dis-moi, qu’est-ce qui n’est pas bien dans la nourriture ?

 

-      Ça papa le sait, tu n’as pas à t’en faire. Ce n’est pas à toi de lui dire ces choses-là. Et puis, tu sais, je ne vis pas avec mon père, moi, ni ton père avec les siens. Il faut avoir des amis aussi, parce qu’ils peuvent eux aussi être de très grands proches. Et vivre, c’est cela, avoir beaucoup de personnes autour de nous, les parents et les amis. Mais pourquoi tu me poses cette question toi, dis-moi ?

 

-       Mais maman, tu n’as pas entendu ce que disait papa à mamie ?

 

-       Non, que lui disait-il ?

 

-       Ben, que tout le monde vieillit et que personne, personne ne sait quel jour il mourra. 

 

 

 

 


 

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