Crédit photo Sam Sehili Z
"Je savais qu’il n’avait plus le contrôle de sa personne. Peut-être ne l’a t-il jamais eu. Je ne sais plus. Je me demande si j’y suis pour quelque chose parce que mourir si jeune est insupportable. Mettre fin à ses jours parce qu’on ne se comprend plus, parce qu’on n’est plus écouté. Comment écouter les bouffées délirantes ? J’aurais dû essayer, j’avais essayé. Nous ne pouvions plus avancer, nous ne pouvions même plus être. Il était déjà mort les quatre cinq derniers jours. Il ne parlait plus, regardait au dehors sans regarder, ne se sentait plus. C’est la fin d’une existence, une fin inattendue. Il faut laisser à l’autre sa liberté. Vivre à deux est une invention utile mais elle mutile. Enest est un mutilé de son père, de moi et de lui-même. Je ne culpabilise pas. Je resterai calme, je suis une femme insupportable de stature. Toujours debout, toujours réfléchie, toujours en besogne. Je porte cette tragédie en moi et j’avancerai plus, j’avancerai parce que je n’ai pas le choix et que je préfère de toute façon m’inscrire dans le dynamisme. C’est trop tôt pour dire tout cela ?
Non, je suis vraie et je refuse de mentir.
L’Existence, l’existence, c’est aimer et construire. J’ai aimé et j’ai construit. Toi aussi Drus."
Claire
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