mardi 9 avril 2019

Billets d'humeur sombre





I.

Dans un pays où les poils définissent l’homme, où la moustache est inattaquable, où la femme en s’unissant à l’homme quitte sa famille pour faire partie, désormais, de celle de son mari, il ne faut pas espérer des avancées grandioses et rapides.

Dans une société où il est très difficile de changer les êtres, les traditions, les conceptions, les idées où l’avenir s’inspire du passé, des mouvements puissants de progrès se feront attendre.

Si les visions politiques ne misent pas sur les jeunes, n’envisagent pas des programmes scolaires qui favorisent l’esprit critique, qui poussent à l’esprit d’initiative, qui donnent accès aux langues étrangères, qui épurent le regard de l’apprenant dès son plus jeune âge des préjugés inoculés sur les autres, le génie ne s’exprimera pas.

Notre pays est dans une impasse. Pour plusieurs raisons. La plus importante est l’absence d’une vision d’avenir sociale et politique qui rompra clairement et chirurgicalement avec tout ce qui n’est pas de nature à rendre l’être social libre dans sa pensée et dans ses entreprises. Socialement, on ne doit que construire.



II.

Un sommet arabe. Le énième. C’est bien de se réunir, de se concerter. Mais encore ?  Depuis toute jeune, j’entends parler de sommets arabes, où sont les grandes réalisations ? Ils se concertent sur quoi déjà ? Et nous, il est où notre apport ? Pourquoi n’est-on pas consulté ? Pourquoi ne pas envisager des think tank qui collecteraient des propositions, des idées, des projets ?

Tous ces pays arabes n’ont pas suffisamment d’argent pour peser sur l’échiquier mondial ? Ou n'ont pas suffisamment de conceptions ?

Est-ce toujours l’éternelle dépendance vis-à-vis de l’Occident en raison de son avancée scientifique, technologique, industrielle, numérique ?

Où sont leurs feuilles de route ? A propos de quelles questions au juste ?

Qu’en sera-t-il du Yémen où tous les jours des morts sont enregistrées ? Continuera-t-on à fermer les yeux ?

Et la Palestine ? 
Oui, cela fait 70 ans, on s’ennuierait sans cela.

Les crises semblent nécessaires, les foyers de tension allumés ça et là sont économiquement rentables, il faut bien vendre les armes, redistribuer les cartes géographiquement, préparer les descentes vers les lieux d’énergie, monter des groupes terroristes, écouler les drogues … Tout cela se prépare dynamiquement dans des bureaux feutrés par des compétences en gris anthracite.




III.

Un pays en retard dans sa pensée. Des femmes données en exemple, qui baissent les yeux. Regarder le passé est très doux. C’est aussi tellement moins engageant. Surtout. Des neurones en panne, en dysfonctionnement ou qui n’ont jamais été sollicités.

Les jeunes fréquentent l’école, ça leur fait de la route et des rires bien idiots. On continue à apprendre par cœur, quelquefois, sauf quand l’antisèche est possible, et après on oublie tout. On apprend en vrac on ne sait quoi. Le système scolaire ne change pas, c’est difficile, nous n’avons pas les moyens et puis par où faudrait-il commencer ? Bon envisageons des classes-tablette, c’est moderne.

Au XXIème siècle, on continue à croire aux miracles. Oui un bâton a transformé une rivière en terre et un enfant est venu au monde de père fantomatique. Bien sûr, il y a très longtemps. Mais aujourd’hui alors, pourquoi il n’y a plus rien de tel ? Ah c’est le temps de l’observation.

Et la pensée rationnelle ? Et la perception des choses ? C'est-à-dire que je vais focaliser sur ce que mes sens ne captent pas. C’est bien cela ? Parce que je suis insuffisant.

Et pourquoi irais-je laisser de côté ce que je peux percevoir via mon potentiel sensoriel pour me fixer sur l’invisible ? Ou les relations d’antan ? Les mythes d’antan. Pourquoi ?

Ma seule vérité est ma personne, mes sens, ma conscience, mon inconscience, mes captations visuelles, auditives, spirituelles, ici et maintenant. J’ai aussi les possibilités diverses d’étirer mon potentiel réflexif, intellectuel, de le développer, de l’amplifier et de le rendre concret en d’infinies réalisations. Au lieu de cela, je regarderai derrière.

Ma pensée, mon évolution, ma correction de ma personne et de ce qui en découle relèvent de mes capacités physiques et surtout intellectuelles, au lieu de cela, je sacralise mes trisaïeux.

Je peux gérer, pour peu que je l’apprenne ou que je le possède en moi de par ma sensibilité aux choses, jusqu’à mes émotions. Non « l’âge d’or » est au passé mais aussi tous les mythes qui continuent aujourd’hui à gonfler dans la tête des moins libres et des moins futés d’entre nous.

Aujourd’hui, les Chinois construisent en Afrique et ailleurs, des échangeurs, des ponts gigantesques là où le citoyen lambda n’a pas su tirer profit de son cerveau ni de ses dix doigts. Ils construisent sans le bâton magique. Ils construisent chez eux depuis des milliers d’années dans des conditions impossibles devenues possibles par le Génie de l’Humain.

Les Textes ont servi, servent à faire taire le grand nombre parce que le monde appartient toujours à une poignée. Peut-être que l’espoir serait d’élargir la poignée.



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