Juillet 24
Cabinet de Coaching psychologique
Si les murs pouvaient parler, nous saurions toute la fragilité humaine, les douleurs, le désarroi … Mais les murs ont suffisamment de dignité pour savoir rester discrets et c’est préférable.
Nous sommes en face de la Bleue, les murs du cabinet sont ornés d’aquarelles douces et fines, les tons de la mer et des filaments argentés, un bureau rectangulaire presque nu, des sièges transparents, un décor minimaliste, des roses fraîches dans un coin, peut-être une quinzaine, rose pâle … Et la Méditerranée à perte de vue, aux trois-quarts du cabinet.
Il choisit de s’installer sur le deux-places en velours bleu canard et de regarder la Bleue.
- Alors cher Monsieur, toujours cette symbiose avec la mer ?
- Toujours. À défaut d’en avoir avec les hommes.
- N’est-ce pas préférable ?
- Sûrement. Mais ils sont bien là et quelquefois, c’est assez pénible.
- Nous sommes tous sur le même bateau. Je vous écoute. Avec elle, fit-elle, dans un sourire en regardant la Méditerranée.
- La douleur m’amène.
- On essayera de la juguler à deux, si vous êtes d’accord.
- Je ne sais pas si j’ai la force aujourd’hui.
- Que s’est-il passé de si difficile ?
- Vous savez que je n’aime pas dire les choses littéralement … Mais ce qui me convient avec vous, c’est notre vieille relation, votre écoute et puis les démarches de réparation à deux. Mais aujourd’hui, c’est assez dur pour moi. La masculinité me pousse au silence, je la brave un peu, sauf que l’éducation a la vie dure. Même quand on est aux aguets …
- Essayez toujours d’être moins dans l’imagé et plus dans l’explicite afin qu’on avise ensemble.
- Peut-être que de mettre des mots attisera les choses …
( Il porta la main à sa poitrine. Elle comprit que c’était aussi physique. Ils se turent assez longtemps. Il fallait qu’il mène la séance. )
- Le désamour vous creuse.
( Elle se taisait et le regardait avec patience. Elle le connaissait depuis des années et s’il décelait le moindre ennui, la moindre lassitude, il se fermerait comme une huître et lui en voudrait. L’avantage avec lui, c’était son intelligence et sa perspicacité exceptionnelles, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir besoin d’être écouté. Par elle. Il ne la changerait pas, il était de ceux qui avaient besoin de repères fixes et de relation d’écoute durable. Ce Monsieur lui apprit beaucoup de choses avec sa sensibilité exacerbée et son côté caractériel fort. )
- Le désamour est dur, celui de ceux qui comptent à vos yeux, plus que n’importe qui d’autre. Mais s’il faut que je m’abandonne, je ne serai plus moi et moi je suis une conséquence logique d’un ensemble de facteurs et de situations de vie ...
( Il se tut, l’air de réfléchir à des expressions exactes. La coach n’avait rien compris, mais c’était le même processus à chaque fois. Après l’abscons et le métaphorique, le sens naîtra, avec peu de mots littéraux, mais il viendra. )
- J’adorais mon père, mais ma mère c’était quelque chose d’originel, d’ombilical, de fort … Je l’ai toujours en tête …
- Que pourrions-nous entreprendre ensemble et sur quelle question précisément ? finit-elle par dire, après l’avoir laissé près de 7mn interroger son passé ou peut-être son présent.
- Je veux appréhender les choses rationnellement et non plus émotionnellement, à l’avenir. Je veux dédramatiser les évènements d’ordinaire fort heurtants pour moi. Et je veux apprendre à vivre ici en zappant les multiples dysfonctionnements. Autrement, cela m’accompagnera jusqu’à la tombe.
- Nous le ferons, dit-elle, avec douceur, fermeté et bienveillance juste. Nous le ferons.
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