- Chère Madame, chère oreille expéditive, cette existence plate dont vous me faites la promotion ne me conviendra pas. Ad vitam aeternam. Merci de vous limiter à m’écouter.
- Vous venez bien chez moi parce que vous en sortez moins lourd ?
- Peut-être. Mais pas plus éclairé.
- Je ne suis pas une source de lumière, plutôt d’intelligence pratique et je vous montre la difficulté et les soucis d’une cogitation du monde H24. Voilà.
- Vous n’avez pas complètement tort. Je vous le concède.
- J’ai raison. Et c’est pour répondre à votre demande, précisément.
- En réalité, je casse ma routine.
- Vous arrêtez la machine plutôt. Parce que vous êtes fatigué.
- C’est vrai. À trop vouloir que ça change par ici, que la réflexion prenne des habitudes, que le rationnel devienne prioritaire, que l’on accorde du crédit à l’autre en dehors des moules pluriséculaires, des mythes dangereux … Pourquoi les livres ne sont-ils pas ouverts par ici ? Pourquoi le désir de connaissance est-il si faible ? Pourquoi ? Pourquoi s’arrête-t-on à la forme sans prêter l’oreille au fond ? Pourquoi le fond a si peu d’adeptes par ici ? Il arrive que je sois mal, très mal …
- Le monde n’est pas fait de philosophie tous les matins. Il faut accepter cela, être léger et ne pas se prendre pour un oracle au sommet du mont Parnasse. Vous n’avez pas en charge le devenir du pays.
- Mais je vous parle d’un mal-être vrai et profond (Très en colère ) ! Je vous parle d’ignorance ! D’un peuple qui avale ou du mythe ou de l’insignifiance ou du rire idiot ou des images bêtifiantes. D’un peuple réduit à ses besoins vitaux. Qui ignore l’Intelligible.
- Vous parlez de la masse. Toutes les masses se valent ici et à Athènes et ce depuis des lustres. Voilà pourquoi on créa peur eux, il y a fort longtemps, arène et stadium … Pour les occuper pratiquement.
Vous, vous voulez une Agora pour haranguer la foule et dispenser des cours sauf que vous n'êtes pas Socrate et que nous ne sommes plus dans la Grèce Antique. Accommodez-vous de ce qui est. Et si vous n’étiez pas si solitaire, vous auriez votre monde. Avec des levers de pied réguliers.
- Je viens chez vous pour m’alléger.
- D’accord. Mais en sortant de chez moi, continuer à le faire. Pour éviter les crises. La vie est faite de 98% de besoins vitaux.
- L’horreur !
- La paix surtout. Et vous en avez besoin. Vous êtes en auto-harcèlement. Reposez-vous un peu. Et notez que je ne suis pas une oreille expéditive.
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