mardi 28 mai 2024

L'autre moi-même

 

Vivre ensemble est "le seul combat qui vaille" ... 






Vos personnages parlent-ils français ? me demanda un des responsables de l’Alliance française de Tunisie. 

Évidemment, répondis-je, un peu étonnée par la question, vu que Sobel était un roman écrit en français et que j’étais un auteur francophone. 

 

Et vos personnages, qui sont-ils ? 

Des Tunisiens. Oui. Mais des mixtes aussi. Mon univers pose d’emblée la différence comme pilier indispensable. Et mes personnages peuvent aussi - surtout je dirais - être de cultures différentes, de confessions différentes ... 

C’est précisément, mon monde, la pluralité, la différence, la singularité, la rareté …  

 

Et aimer ? me questionna le boss de l’AF. Vous êtes purement francophone et vous avez aimé tunisien ? Comment est-ce possible ?

 

 

 

Je ne sais si j’ai bien répondu. Je ne suis pas très sûre. J’aurais dû dire ce qui en avait été. J’ai aimé une intelligence, une différence, un esprit … Dans l’amour des langues, évidemment, et d’abord, du français, du moins quand il s’agissait de littérature, de philosophie, d’intellect … Le français est aussi ma spécialité, mon rayon, disons-le.

 

La question de l’identité ne m’avait pas du tout intéressée. Nous étions dans le monde de l’échange intelligent, curieux, cultivé, artistique … le seul qui me saisissait et je crois bien que j’aimai un liseur et un intellectuel. L’identité m’importa peu et je n’en fis jamais un cas. 

 

 

 

Pourquoi ces questions me sont-elles revenues à l’esprit aujourd’hui ?

 

C’est très loin, mais je vais essayer de me frayer un chemin dans mes cogitations. Je travaille en ce moment sur le manuscrit d’un parent qui fut un grand acteur de la scène politique internationale et qui publiera sous peu ses mémoires. Un témoignage dense et saisissant sur les relations internationales, le pouvoir impérialiste, les intérêts financiers, les guerres, les mensonges politiques des pays dits démocratiques, l’aide aux pays sinistrés après leurs destructions …

 

L’honnêteté de l’auteur ne faisant aucun doute, j’assistai, entre autres, presqu’en direct à ce que je regardais aux informations dans les années 90 et des sentiments d’injustice et d’horreur me prirent à la gorge, tour à tour. 

 

Et puis, il y eut avant-hier Rafah et je sentis presque le roussi des cadavres. Effroyable. 

 

 

Il y a des moments, dans l’histoire des hommes, absolument insupportables. La condition de la femme depuis des temps immémoriaux, le traitement des handicapés par le passé, la traite des Noirs et l’esclavage, l’holocauste et le rejet du Juif, le conflit du Proche-Orient depuis 75 ans et les victimes gratuites des deux dernières nuits ...

 

Adepte résolue, farouche, presque sans aménité du vivre-ensemble de tous, avec nos différences, nos spécificités, notre liberté … je suis ébranlée par l’horreur, le laisser-faire, exactement comme par le passé, du temps des blocus, de ceux-ci ou de ceux-là … des restrictions pour acheminer l’aide humanitaire, le refus de lever les sanctions …

 

Entre un manuscrit qui passe en revue les événements les plus marquants des années soixante à nos jours, les conflits et les guerres les plus sanglants à l’échelle planétaire, les injustices perpétrées, le silence complice très souvent des puissances, leurs tractations pour sévir … et les bulletins infos des derniers jours, décrivant la situation des déplacés au sud de Gaza, je me perds, je suis désarçonnée et en franche souffrance. Des enfants calcinés, c’est bien au-dessus de ma capacité à aborder les choses sereinement. Malgré mes efforts. Et les choses laissent leurs sillons et agissent douloureusement.

 

 

Pourtant, le vivre-ensemble a été possible. Pourtant, la terre appartient à tous. J’ai tout écrit sur la question dans Sobel. Ma connaissance du monde antique, mes recherches sur le pays de Canaan, ce que je sais sur les événements majeurs du XIXème/XXème, mon enfance et mon adolescence dans le multiconfessionnalisme, mes meilleurs amis d’alors et de toujours, la dimension humaniste existante chez bon nombre de personnes, ici et là, les Justes d’entre nous, la richesse intellectuelle qui découle de la pluralité, de la diversité, de la différence … et qui ne laisse aucun doute sur les aspects positifs nombreux, de se confronter à l’autre dans l’écoute, le calme, le respect et la différence. 

 

Et pourtant au moment où j’écris, on largue des bombes et on tue. Hommes, femmes et enfants dans une insolence et une surenchère atroces. Sept mois de crimes divers de part et d’autre, d’exactions, de destruction et de cruauté … Je pense au jour où des comptes seront exigés. Comme hier. Comme il y a peu, quand nous étions abasourdis par les nombreuses horreurs de l’histoire des hommes. L’éternel recommencement.

 

Voilà pourquoi la langue la plus pacifique est celle du rationalisme, de l’intelligence, du respect de l’autre, de la richesse de sa différence … Aujourd’hui est un jour de cruauté et de meurtres, dans la barbarie des hommes, la complicité des puissants et leurs atermoiements.


Dans le crime organisé. Le prix en sera fort lourd, pour tous.

 

 

 

 

 

 

 

dimanche 26 mai 2024

Hédi

 






Et puis un jour, il se raidit plus puissamment qu’un bâton, se mit au garde-à-vous, dit être un Colonel de l’armée de la terre et de l’air, se mit au travers de la chaussée, stoppa net de gigantesques bus et se lança dans un délire verbal décousu de toutes pièces. C’était une sorte d’ivresse mentale chaotique, puissante et haletante, une déferlante pathologique, une bouffée schizophrénique, une crise. Elle fut totalement aigüe.


 

Sa maigreur faisait peine à voir. Ses rires qui intervenaient en totale inadéquation avec son propos étaient des rictus défigurants. Son amabilité excessive, en des moments de quotidien vis-à-vis de tous, était appuyée, théâtrale et gênante. Très rapidement, il devint intenable. Il avait comme un bâton de fer à l’intérieur de lui-même. Il ne pouvait ni s’arrêter ni même dormir et encore moins cesser sa surproduction verbale insensée. Ses sens étaient en alerte maximale submergés par des émotions multiples et contradictoires. Il fut craint, abandonné et un cercle infernal commença et dura plus de cinq ans.


 

Comment pouvait-on atteindre un tel degré de crise ?


Pourquoi les membres proches n’avaient-ils pas détecté les signes annonciateurs ?


Qu’avait-on fait subir à ce jeune homme de trente ans pour qu’il implose aussi extraordinairement ?


De quelles manières lui-même s’était-il flagellé ?


A-t-on le droit de laisser faire d’un côté comme de l’autre ?


Qu’en était-il de son enfance ? De sa scolarité ? De son adolescence ? De son rapport à son propre corps ? 


S‘aimait-il ? Lui avait-on appris à le faire ?


Que lui avait-on appris déjà ?


A-t-il pu profiter d’un socle éducationnel réfléchi et conséquent ? 


Jusqu’où sa conscience de lui-même, de son potentiel, de son existence, de ses impératifs de vie avait-elle été pensée, pesée et sous-pesée ? 


 

Parce que tout enfant a besoin d’éducation réfléchie, parce que les parents ne sont que des apprentis de l’éducation, parce que sur terrain, les choses peuvent être fort différentes et bien plus compliquées, parce que tous les êtres humains ne sont pas tous lotis de la même manière ni n’ont eu eux-mêmes le même parcours, il faudra à toutes les étapes de la vie de l’enfant-adolescent un accompagnement continu, sérieux et réactif. Cela devrait-être institutionnalisé.

 

À suivre







mercredi 22 mai 2024

J'ai trente-trois ans de vie devant moi, 3

 








- Chère Madame, chère oreille expéditive, cette existence plate dont vous me faites la promotion ne me conviendra pas. Ad vitam aeternam. Merci de vous limiter à m’écouter.


 

- Vous venez bien chez moi parce que vous en sortez moins lourd ?


 

- Peut-être. Mais pas plus éclairé.


 

- Je ne suis pas une source de lumière, plutôt d’intelligence pratique et je vous montre la   difficulté et les soucis d’une cogitation du monde H24. Voilà. 


 

- Vous n’avez pas complètement tort. Je vous le concède. 


 

- J’ai raison. Et c’est pour répondre à votre demande, précisément. 


 

- En réalité, je casse ma routine.


 

- Vous arrêtez la machine plutôt. Parce que vous êtes fatigué.


 

- C’est vrai. À trop vouloir que ça change par ici, que la réflexion prenne des habitudes, que le rationnel devienne prioritaire, que l’on accorde du crédit à l’autre en dehors des moules pluriséculaires, des mythes dangereux … Pourquoi les livres ne sont-ils pas ouverts par ici ? Pourquoi le désir de connaissance est-il si faible ? Pourquoi ? Pourquoi s’arrête-t-on à la forme sans prêter l’oreille au fond ? Pourquoi le fond a si peu d’adeptes par ici ? Il arrive que je sois mal, très mal …


 

- Le monde n’est pas fait de philosophie tous les matins. Il faut accepter cela, être léger et ne pas se prendre pour un oracle au sommet du mont Parnasse. Vous n’avez pas en charge le devenir du pays. 




- Mais je vous parle d’un mal-être vrai et profond  (Très en colère ) ! Je vous parle d’ignorance ! D’un peuple qui avale ou du mythe ou de l’insignifiance ou du rire idiot ou des images bêtifiantes. D’un peuple réduit à ses besoins vitaux. Qui ignore l’Intelligible.



 

- Vous parlez de la masse. Toutes les masses se valent ici et à Athènes et ce depuis des lustres. Voilà pourquoi on créa peur eux, il y a fort longtemps, arène et stadium … Pour les occuper pratiquement. 

Vous, vous voulez une Agora pour haranguer la foule et dispenser des cours sauf que vous n'êtes pas Socrate et que nous ne sommes plus dans la Grèce Antique. Accommodez-vous de ce qui est. Et si vous n’étiez pas si solitaire, vous auriez votre monde. Avec des levers de pied réguliers.


 

- Je viens chez vous pour m’alléger.


 

- D’accord. Mais en sortant de chez moi, continuer à le faire. Pour éviter les crises. La vie est faite de 98% de besoins vitaux.


 

-  L’horreur ! 


 

- La paix surtout. Et vous en avez besoin. Vous êtes en auto-harcèlement. Reposez-vous un peu. Et notez que je ne suis pas une oreille expéditive.


















lundi 20 mai 2024

J'ai trente-trois ans de vie devant moi, 2

Carthage, 

Cabinet de Coaching psychologique et PNL











- Qu’est-ce qui vous fait venir ?




- Comme toujours l’ici-maintenant. Le même depuis un moment déjà. À croire que mes compatriotes ne s’intéressent qu’au monde sensible. 



 
- Procédons par maïeutique. Que voulez-vous dire par « ne s’intéressent qu’au monde sensible » ?


 
- Ce que cela signifie. Leur motivation première est ce que leurs sens saisissent. 



 
- N’est-ce pas cela la vie ?



 
- Il y a aussi l’intelligibilité et l’utilisation de la raison.



 
- Mais au quotidien, pour vaquer à ses occupations, les sens sont primordiaux !



 
- Soit. Mais il n’y a pas que vaquer à ses occupations. Il y a surtout réfléchir et tenter d’atteindre la vérité.



 
- Écoutez, cultivez votre jardin. 



 
- Vous savez sûrement que le sens de cultiver est double. Son jardin, oui. Mais son esprit en premier chef. 



 
- Faites les deux chez vous, pour vous-même !



 
- Je souffre de la bêtise environnante. Du peu d’esprit. De l’inexistence de la justice et de la justesse chez mes compatriotes. De leur désintérêt de la vérité. C’est justement cela l’Intelligible, le rationnel, le réflexif et l’espoir d’approcher ce qui est …



 
- Ce n’est pas possible au quotidien et vous n’êtes pas responsable du devenir du monde !



 
- Vous me demandez de vivre comme un ver de terre, comme un être rampant  !


 

- Oui, ce sera mieux pour vous. De la bonne santé.



 
- Non, du végétatif, oui.




- Vive le végétatif ! Vous vous creusez profondément et gravement la cervelle autrement.



-  Je suis un être tourmenté. Et je continuerai à éprouver mon existence et d'abord mon esprit.


À suivre







lundi 13 mai 2024

J'ai trente-trois ans de vie devant moi

 



                                             Flou artistique 








 






                                                                                                       Crédit photo Sophie Granier



Ma décision est prise.  

 

Je consens avec mon être profond un deal existentiel : j’ai trente-trois ans de vie devant moi. 

 

Ce qui a l’immense avantage de repousser mes angoisses diurnes, nocturnes et ma phobie de la mort. Je suis thanatophobe et quelquefois, c’est assez compliqué. 

 

Et puis, j’aime la vie, j’aime la mer, la nature, les coccinelles et l’amour. J’aime le Beau.

 

Une merveille.

 

 

 

I.

 

 

Ils marchaient le long de la mer, main dans la main. Une légère brise salée les décoiffait et elle adorait ces mèches qui lui barraient la vue par intermittences. Elle n’avait pas besoin de maîtriser la marche, ni les vagues, ni le rivage, ni la voie … Il regardait pour deux. Il était fort solide, protecteur et rigoureux. Elle s’abandonnait au moment. 

 

Du bonheur tout simple avec son compagnon, à aimer la nature, ensuite l’intelligence émotionnelle, puis, toutes les autres et enfin s’aimer langoureusement. Elle haïssait le corps cru et n’y allait pas.

 

L’amour a un temps spécifique, tantôt fugace, tantôt lent, souvent paroxystique. Un temps rare et de le vivre est puissant. 

 

La lune bien ronde dispensait une blancheur immaculée, calme et apaisante. Et le clapotis de l’eau, la brise iodée, le faisceau lunaire, les grains de sable aux pieds, leurs doigts entrelacés, la chaleur de leurs cœurs s’aimant dans la paix et la durée, le silence alentour … tout ceci, les emplissait de quelque chose d’indéfinissable, concrètement : un chaud au cœur, un emballement heureux. La vie était à son acmé. 

 

Ils s’arrêtèrent, regardèrent la Méditerranée, se regardèrent dans les yeux, rieurs, et s’embrassèrent tendrement. 

 

Il ne sentit pas tout de suite la morsure. Il crut qu’il marcha sur un débris de verre et parce que le moment était intense, il refusa de le suspendre. Deux heures plus tard, il mourut du venin de la bête. Une mort sournoise, silencieuse et brève. Il avait quatre décennies à vivre encore. Mais il vécut des intensités, dysphoriques et euphoriques, sur un temps relativement court.

 

 

 

 

 

II.

 

 

Il ne put jamais vivre chez lui comme il voulait. Jamais. Il était très différent du commun des mortels. Et ils lui en voulurent. En quoi était-ce leur affaire ?

 

 

 

 

 

 

 

III.

 

 

L’assistance était largement mature. C’était un public avisé à la chose, doté d’attention auditive certaine, d’intelligibilité évidente et de longue vie. Je dis mon être, mon parcours, mes obsessions, ma forge, l’impératif cathartique, mon travail, mes projets à venir …

 

Après la communication, les interactions fusèrent et j’en fus ravie. 

 

Il y avait toute l’assistance et puis elle. Sa canne, son rouge à lèvres écarlate, ses grands yeux, ses cheveux blancs … Elle vint vers moi, s’étonna de mon prénom d’homme, me demanda d’une voix lente de lui dédicacer les deux ouvrages.

 

-   C’est un diminutif assez fréquent chez moi, répondis-je, avec un sourire.

 

Je voulais l’écouter, elle avait un timbre de voix qui me rappela celui de la grand-mère de mes enfants et j’étais fort nostalgique.

 

-       Le grand âge n’intéresse plus que les créateurs, fit-elle, espiègle.

 

Elle avait quatre-vingt-quatorze ans, était sculptrice et la distorsion de ses doigts donna quelque chose de saisissant à son travail, quelque chose de nouveau et de signifiant. Elle aimait beaucoup l’empreinte de sa longévité sur ses créations.

 

-     C’est la marque de la vie sur l’art, il y a de l’authenticité et j’aime le rendu. C’est moi, ici et maintenant. Mon travail, c’est moi.

 

Elle parla de livres, d’accents de vérité, de paroles justes, d’être profond … C’était ma sœur helvétique, je ne la connaissais pas et les mots nous réunirent, sa curiosité toujours renouvelée des choses de l’esprit … Je l’écoutais religieusement.

 

-          Qu’est-ce que la maturité ? finis-je par demander.


-          La vieillesse, vous voulez dire ? Bel euphémisme.


-     La maturité, vraiment. Cette capacité à dire les choses clairement, à passer du temps dans votre forge à vous, à assister aux choses de la culture …


-       L’âge est pour moi l’à-venir. L’à-ve-nir ! C’est simple. La vie est tous les jours devant moi, qui plus est la vie d’artiste. J’en oublie la mort. Et si elle est là et bien, ce n’est pas plus mal : c’est l’ultime connaissance et le repos ! 


Mais j’avoue aimer ma lenteur depuis quelques années, c’est une sorte de paix et puis j’ai conscience de tout ce que j’accomplis. De mon café, à mes entrainements de mises en marche de mes membres, de mes lectures loupe à la main, à mes réalisations tordues … 

Je vis si pleinement que j’ai enterré toutes mes peurs. C’est la réponse cinglante aux angoisses paralysantes de quand j’étais jeune.

 

 

 

À suivre 

 

lundi 6 mai 2024

Sobel, un roman

 













Sobel est un roman qui met en scène une multitude de personnages entre tunisianité authentique et modernisme incontournable et fort heureux. C’est une fiction qui couvre plus d’un siècle, qui s’étend de 1898, la naissance de Si M’hamed, à l’orée du XXIème siècle et à l’activisme des Néos, des jeunes, instruits, curieux et à la vision pragmatique. 


 

Il s’agit d’un patriarche, de sa descendance, du vieux Tunis éclairé, de Khereddine-Mer, de La Goletta, du multiconfessionnalisme et de sa richesse indubitable, du vivre-ensemble, du bel édifice à entretenir ou à reconstruire, des Néos, des jeunes instruits et investis qui veulent saisir d’eux-mêmes le conflit fratricide du PO, sans boire aux canaux médiatiques habituels, en allant d’eux-mêmes interroger l’histoire, la pierre et le Néguev. 


 

Un roman qui s’est inspiré de nombreux personnages d’antan, d’une réalité socio-culturelle, celle de la 2ème moitié du XIXème siècle, jusqu’aux années 80, afin de recréer l’atmosphère d’alors, de mettre au cœur de la fiction la valeur tolérance, le nécessaire vivre-ensemble.


 

Sobel est un roman qui pose, en son cœur battant, l’impérieuse nécessité de regarder le conflit du PO de plusieurs angles de vue et d’une manière pragmatique afin d’optimiser les chances d’une résolution pacifique et réfléchie à cette guerre sanglante et ce, loin des slogans vieux de plusieurs décennies qui ont prouvé leurs limites et leur inefficacité.


 

Il y a aussi dans cette fiction la ferme volonté d’affirmer encore et toujours la valeur école, la valeur instruction qui seront des fenêtres ouvertes sur le monde, qui façonneront un mental alerte et vif, qui doteront l’être humain d’une perception des choses, des êtres et des situations vive et intelligente loin des facilités et du fatalisme. 


 

Dans Sobel, il y a la forte intention d’exprimer le danger des paysages monochromatiques, la platitude de l’unicité en tout, dans les paysages sociaux, les convictions, les positions, la réflexion d’une manière générale. Il y a l’impérieux désir de montrer la richesse des multiples manières d’exprimer la liberté telle que chacun la perçoit et entend la vivre.


 

Cette fiction est une ode aux femmes déterminées d’alors, besogneuses, fortes, insoumises, les premières du siècle précédent à refuser la soumission à l’homme, la dépendance financière et les diktats masculins. Si elles respectaient le patriarcat par tendresse et par respect de leurs pères, elles ne voulaient d’aucune manière en faire les frais. 



Sobel est un roman qui casse quelque peu les codes classiques du genre dans le sens où sa progression narrative a été voulue par à-coups, sans linéarité aucune et ce pour plusieurs raisons dont les plus saillantes sont l’immersion dans les différents temps et la perception de la teneur des moments historiques des uns et des autres, tous liés d’une manière ou d’une autre au patriarche et à ses principes fondamentaux de justice et de justesse, à sa placidité et à son sens de l’observation et de la réflexion mesurée.