Je suis un myso dur aujourd'hui, dit-il.
Je sais, depuis déjà pas mal d’années, que la Frida droite et irréprochable d’apparence, cassée, en 2007, par un dangereux burnout intérieurement, est devenue une force constante et ce grâce à une vigilance calme et régulière tant physiquement que psychologiquement.
Entre mon atelier rédempteur, mon travail en extérieur, mes lectures et mes sculptures, j’avais fixé un way of life conscient, prudent, averti et prompt à la réactivité. C’est que je suis une hyperactive et que je ne gardai le lit que la semaine où les bras m’en tombèrent.
Mon travail en extérieur consistait à écouter. Et d’écouter m’épuisait. Surtout quand je perdais de vue la distance déontologique - à vrai dire, peu humaine et peu naturelle - et que l’empathie prenait possession de ma personne. La gymnastique entre une froide écoute et une écoute pleine était du contorsionnisme pour moi. J’allais et venais en moi-même et cela agissait dispendieusement sur ma capacité à persévérer.
Je me savais riche et forte énergiquement et dans la fougue de la jeunesse entre vingt et plus de quarante ans, je me donnai sans compter. J’écoutais, saisissais, interférais, arrêtais une stratégie, veillais à l’implication de l’autre, la contrôlais et pratiquais le grand rangement. Jusqu’à mon grand désordre personnel.
Et je me souviens entre autres de ce quadragénaire assez confus et de son grand tumulte. Peut-être que de voir les autres chanceler, tomber et ne pas savoir se tenir droit me remit sur pied, la conscience à l'affût.
« Que faisais-je là-bas en compagnie de cette femme que je ne connaissais pas en réalité ? Ou plutôt très peu et seulement par estime ? Je m’enfermai dans la salle de bain, j’étais mal. Et si elle mourrait ? Je n’avais rien à lui donner et elle attendait beaucoup de moi. Je fus lamentable. Et je fus, malgré moi, là-bas. J’attendais de l’intelligence amicale. Elle voulait de l’amour.
Elle toqua à la porte ce qui me choqua. J’étais dans mon intimité, en débâcle.
Encore aujourd’hui, je ne sais ce qui m’y poussa. L’espoir peut-être.
Elle me dit que j’étais beau et j’étais à des lieues de ce souci. Je n’aimais pas l’enfermement, la promiscuité ni ses démarches pour m’attirer vers elle. Elle trancha net mes ardeurs quand elle me dit : je t’ai pour moi.
Je voulais fuir. On ne commande pas les ardeurs et j’étais un puriste. Je mis sur elle les circonvolutions et les techniques de rapprochement. Et je vous jure que c’était elle. Elle était malintentionnée dès le départ. Et j'avais la faiblesse de la politesse.
Peut-être est-ce trop dire ? Après tout, j’étais un homme. Oublié certes et oublieux, mais un homme. En réalité, ses technicités de péripatéticienne me choquèrent et je plaçai au fond de mon être mon savoir-faire masculin.
Quel bonheur de n’avoir pas à mesurer ses performances à faire les choses et à les mener à bien ! Non, je ne suis pas un faiseur mécanique et si j’ai pu l’être et bien, j’en ai honte et je voudrais tellement le lui dire en face. Une indignité.
Ma précarité de solitaire m’eut le jour où j’ai hoché la tête en guise d’acquiescement. Malgré tout, elle devrait avoir honte, plus que moi, parce qu’elle avait tout mené à dessein.
Ah, les femmes ! Je suis un mysogyne dur aujourd’hui.
Qu’en pensez-vous ? »
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