Huit jours au lit et pas un de plus et chose folle, je bannis tout médicament et focalisai sur les vitamines. Je repris le travail en extérieur dans des conditions épouvantables minée par un trouble anxieux généralisé : des attaques de panique récurrentes et imprévisibles.
La perfidie de l’attaque de panique est dans sa ressemblance à l'identique avec le malaise cardiaque et je mourrai quatre à cinq fois par jour. Évidemment, mon corps réfractaire à mon dirigisme absolu décida de faire jouer ma tension artérielle et ce fut des variations fantasques. C’était le plus dangereux.
Qui dans un contexte aussi rose, pouvait faire entendre raison aux dieux ? Je décidai de vivre, mon burnout ou ma dépression, in vivo.
Aujourd’hui avec du recul, je me demande comment j’avais fait pour livrer cette guerre sans merci à un corps grippé par une maltraitance quotidienne, un rythme effréné, une résolution obstinée à en découdre avec tout et d’abord avec un bonheur glissant. C’est que je suis une addicte absolue du bonheur. C’est-à-dire du Beau. Dans l’air, le soleil, la réverbération, dans mon antre de couleurs, chez moi, avec les miens et tout ce qui m’entoure. Un absolutisme à la Louis XIV ou à la présidence à vie de Bourguiba. Je me levai tous les matins avec l’objectif premier, final et ontologique de créer du Beau. Et il en fut ainsi jusqu’au refus de continuer le jeu de l'autre-soi-même. La légende du coeur unique. Le jeu admis au départ, consenti pleinement, adulé et suivi lui devint un handicap, pire un must de nantis.
- La vraie vie est une tomate en salade.
- Mais la vraie vie, nous n’en avions cure ! C’est de la trivialité. C’est le Et mon bureau ? des Réparties de Nina !
- Un peu de Nina dans la vie, c’est bien aussi.
- C’est un abandon de notre pacte.
- On peut aussi changer dans la vie.
- En régressant ? L’intérêt ?
- Du repos.
- Le repos final ne nous ratera pas.
- Pourquoi faut-il tout ramener à la métaphysique, à l’esthétisme, à tes obsessions ontologiques ?
- Peut-être parce que ce sont les fondements de notre coexistence.
- Dans la rue, je ne croise pas des Salvador Dali tous les jours, ni des Spinoza, encore moins des Paul Éluard.
Ce fut le début d’un cassage minutieux, régulier, laborieux, déterminé, pervers, vengeur d’une vie de Beau bâtie, conçue à deux, imaginée et consentie.
- Je suis d'abord un être de banalités.
- Mon opposé complet, alors.
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