Billets d’humeur
1.
- Oui, lui dit-elle, j’ai mis vingt ans de ma vie à les économiser. Et voilà, volatilisés ! Qu’ai-je fait à la vie pour être si peu reconnue ? Et le coup vient de ma chair, de ma propre chair ! Aïe, ça fait mal !
Je suis chez moi et, comme chaque matin, vers 9h, je nettoie l’espace de ma chienne, j’arrose mes plantes, je vérifie les cloches à cueillir tard l’après-midi, avec la fraîcheur du soir. C’est que j’ai la passion du Jasmin d’Orient que je mets partout et qui embaume mes espaces.
Malgré moi, je suis témoin de cette conversation.
Une femme âgée mais élancée et à l’allure vestimentaire assez jeune. Un homme âgé, long et maigre, portant Jean et casquette, les joues très creusées, édenté peut-être. Je ne regarde pas, je n’ose pas. Mais j’ai saisi une vie écoulée et très difficile, du dénûment certain. Le désir de vaincre sa condition. Et le temps.
Une scène marquante. J’eus mal pour elle. Pourtant c’est si facile de tendre la main vers l’autre. Impensable en réalité.
2.
Carthage,
Cabinet de Coaching psychologique
- Je lui ai appris tellement de choses qu’elle est devenue à son tour riche d’histoires et de savoir-faire. Des histoires autres. Elle joue un rôle intéressant maintenant, ce qui régule l’attitude du vis-à-vis, de tous les vis-à-vis.
Pourtant, elle vivait dans la brutalité et le manque de considération.
Et cela a toujours été ainsi : je donne de ma personne. Contre rien.
- Pourquoi le faites-vous ?
- Parce que je suis naturellement riche. Je le crois. Et authentique. Simplement.
- Vous serez toujours à part.
- Sûrement. Mais il y a tout le reste.
- Vous voulez bien m’en parler ?
- Non, ça reste intime. Et la pudeur existe. Je m’en acquitterai.
3.
Quelquefois, quand le voile est levé, l’amitié parait dans toute sa nudité, volatile.
Quelquefois, quand les yeux sont grand ouverts, l’amour n’est que ce qu’en a voulu le déterminisme.
Baissons le voile, fermons les yeux afin que vie passe.
Tantôt dans le rire truculent.
Tantôt dans le néant.
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