lundi 29 avril 2019

Homophobie primaire




"- Ecoute, il y a un événement le week end prochain à Milan. Je vais devoir partir sauf que je serai de retour jeudi et jeudi je donne cours.

- Ne rate pas tes cours, tes élèves t'attendent.

- C'est un événement important pour l'association et je suis membre.

- Mais qu'est-ce que cela t'apporte intellectuellement, dis-moi ?

- Question un peu stupide Mom excuse-moi. Tu sais que je suis pour les libertés individuelles et la cause des LGBT est une cause juste.

- Ecoute, je ne suis pas homophobe, mon meilleur ami était homo mais quand tu bosses, tu bosses.

- Maman c'est une homophobie primaire.

- Ecoute-moi bien, chacun est libre d'utiliser son corps comme il l'entend. Je n'ai rien contre l'homosexualité, absolument rien. J'ai signé toutes les pétitions de soutien depuis toute jeune. Je respecte toutes les libertés mais à l'heure actuelle, ce n'est pas ma priorité. "

Clash avec son ainée qui voulait juste son avis sur sa possible absence, qui trouve que cela a bifurqué à la conférence et la voilà taxée d'homophobie.

" Non je ne le suis pas, j'entretiens ma tolérance depuis toujours par respect absolu des libertés individuelles. C'est sans retour. "

Question de différence de générations ? De différence de causes ?
Non, elle a toujours trouvé insupportable le jugement et la condamnation des homosexuels. Elle avait perdu un très grand ami et elle ne l'avait jamais oublié.

C'est la conjoncture du pays, ces ouvrières parties, sacrifiées. Ces femmes rurales méprisées. Or ce sont des cheftaines de famille qui mettent leur vie en péril au quotidien.

C'est aussi tous les problèmes d'un pays qui tangue grave, qui manque de rigueur, qui n'offre aucune visibilité, qui ne donne pas de garanties, qui ne sait pas avancer, qui n'a pas de stratégie. C'est aussi elle, qui, dans tout cela, fixe les priorités de l'heure.

Oui, l'heure est sociale, politique. L'heure est ontologique. L'Etre moral, social, civil, politique est à reconstruire.

Peut-être a-t-elle tort mais dans le contexte présent, elle place la rigueur et le travail comme valeurs suprêmes.



dimanche 28 avril 2019

I.

Des ouvrières sont mortes. Gratuitement. Offertes à Thanatos. Des besogneuses. Leurs hommes sirotent leurs thés au café du village. Des enfants orphelins et des foulards en fanions à la place du national. Image émouvante, forte de douleur et de conscience politique.

La femme rurale méprisée. Elle vit et meurt comme une bête de somme.


II.

Parce que Héla Ouardi a désacralisé les Compagnons du prophète Mouhammed, elle ne fait pas l’unanimité.
La chercheuse et l’écrivain a pourtant spécifié qu’elle n’a consulté que la bibliographie de référence, les sources canonisées. 
A un journaliste français qui parla de la nécessaire traduction de La Déchirure, elle répondit que son travail était déjà une traduction de ce qu’elle trouva dans les ouvrages consultés, très nombreux par ailleurs.
Sauf que la pièce de théâtre, la tragédie même, qu’est La Déchirure, laisse voir le califat comme un vrai système politique avec tous les ingrédients classiques : violence, autoritarisme, mensonges, police répressive, argent sale, dépossession, mercenaires, clanisme …
Les califes deviennent maudits et peu saints. Fatima dépossédée de ses biens à peine son père décédé. Le Prophète enterré de nuit d’ailleurs en présence de rares proches alors que son corps avait commencé à se décomposer.



III.





« Je trouve la lecture de Lolita dérangeante. Je jette le livre et puis je le reprends. J’ai l’impression qu’il incite à la pédophilie. Oui, c’est vraiment déstabilisant comme bouquin, j’ai un profond malaise. Mais il y a une phrase qui m’a beaucoup plu : 
« Tu sais ce qu’il y a de si affreux lorsque l’on meurt c’est que l’on est complètement seul. »

Elle a 18 ans, cherche des traces de corps, d’entremêlements de corps, l’Expression corporelle par excellence. Elle ne sait pas encore et veut appréhender par la pensée.
Et puis cet aiguillon de la mort. Le géniteur est parti et le pire c’est qu’il est seul. Elle aussi. Parce qu’un père est une Montagne.

-    -  Dis P.D’A., si pour revoir Pa, on te propose de le retrouver là où il est, accepterais-tu ?
-     -   Ben non !!
-      -  Excellente réponse chérie. Moi non plus.


Rires. En parler. Dédramatiser. Inscrire dans l’amour de la Vie. Greffer le pragmatisme. Ouvrir l’œil et l’esprit. Apprendre à combattre et à rester toujours alerte et debout.


Cela s’appelle aimer.


vendredi 19 avril 2019

Plus jamais les choses ne seront comme avant. Eva XXI


Eva, Enest est fou de toi. Ton univers chaud de sueur, de semence et de crasse l'obsède. Le voilà assis dans l'ombre dans ta piteuse chambre sur les toits à attendre que tu reviennes de tes pérégrinations de chair.

Enest fixe le lampadaire, il se trouve des points communs avec lui. Ils sont là tous les deux dans la plus grande incongruité. Il ne le sait pas mais c'est le seul objet qui l'allie à Claire. Il y a une beauté singulière dans cet abat-jour.

« Eva, je te veux, viens. Je te donnerai ma vie parce qu'être avec toi est d'un mordant rare.
Eva, tout mon être tend vers ta chair, tes jambes, ton Toi. Tu es le désir même. Ton parfum atroce, chaud et écoeurant me monte à la tête, je te veux, viens. Que m'importent tous les autres, je deviens fou de ta peau tannée par les hommes.»

Enest était là, depuis un temps déjà, il n'en savait rien. Il attendait. Rien n'avait plus d'importance qu'elle, sa bouche, son corps.

Le prix du désir intense est souvent très cher. Il était comme ensorcelé. Eva était d'une beauté insolente et criarde. Son corps nu était irrésistible. Il n'avait qu'une chose en tête le prendre et le faire sien, humer toutes ces odeurs nauséabondes qu'il haïssait mais qui l'enivraient.

Enest était loin, très loin et plus jamais les choses ne seront comme avant.

jeudi 18 avril 2019

Aux Enfants agonisants, des larmes de sang ...






Brandir le Beau en arrogance au laid,
Marteler la Vie pour narguer la Faucheuse,
Hurler à la face des tueurs d'enfants leur infamie
Revendiquer la primauté des Êtres à l'homo sapiens,
Esclave de ses égarements.

Que valent les Édifices sans les bras constructeurs ?

Certes les Pyramides nous toisent.
Mais le coeur reste l'Homme.
Lui seul de son Génie nanti peut édifier et encore édifier et toujours planter plus haut la flèche du Faire,
Du grandiose, de l'ingénieux.


Mais l'Homme fait mal aujourd'hui,
Avec son indifférence des Enfants Sacrifiés,
Des Enfants Affamés,
Des Enfants enterrés tous les jours gris du Savoir.

J'ai mal aux Enfants égarés sans savoir pourquoi. Les Enfants aux yeux écarquillés.

Que valent vos édifices de siècles dressés ?
Oeuvrez pour ceux-là dont la brève vie est destinée aux cendres,
Vous qui travaillez pour l'Histoire.

Exécrable époque où le passé honni ne marque plus au fer brûlant les esprits rapides.

Des Enfants sont offerts tous les jours aux vers de la mort.

Que m'importent vos vestiges
Votre entendement sourd brûle tous les jours.

mercredi 17 avril 2019

La Marchande à la pagaie

Parce que les lys ne meurent pas
Parce que les roses ne fanent pas
Le coeur bat et rebat.

Venez, venez, je suis la Marchande du bonheur !
N'abandonnez pas, il n'y a qu'à insuffler de vie ce qui flétrit.
Un peu plus loin, c'est vert et rayonnant
Je vous garantis.

Je suis la Marchande de vie.
Tous les matins passe le flambeur
Il a les secrets et moi aussi
A deux, le souffle est fort
Et tout rejaillit.

Il est en moi et n'est jamais parti
Triste ou gai, il sait raviver ce qui ternit
Venez, venez, je suis adepte d'avancées
Et jamais, jamais, je ne quitterai ma pagaie.



jeudi 11 avril 2019

Drus à l'encre du coeur



Drus des jours et des nuits, grand est le portail du rêve, du possible même.

De nouveau dans l’ignorance de ce qui ronge, dans ce passé lointain des nuits étoilées. Et je les vois ces êtres vifs d’alors, je les entends, vivre pour moi, pour mon architecture et mon obsession du Beau.

Drus du cœur et de la pensée, ma plume peine à trouver l'encre juste pour tracer ce don de soi si prompt et si humain.
Des perles, un sourire et le bleu intense de cette île de coton complice d’un amour hésitant, battant et inquiet.

Pourquoi faut-il que le temps soit si court, que les minutes s’éteignent dès après les flots, que cette quête si forte de l’Autre soit entravée ?
Quel bonheur, ce calme de la mer après l’intempérie,
Quelle douceur ces silences prolongés d’accords tissés,
Et puis ces rires légers des battements tranquilles et sains.

La passion répond à plusieurs noms
Et le tien est le plus doux.

mardi 9 avril 2019

Billets d'humeur sombre





I.

Dans un pays où les poils définissent l’homme, où la moustache est inattaquable, où la femme en s’unissant à l’homme quitte sa famille pour faire partie, désormais, de celle de son mari, il ne faut pas espérer des avancées grandioses et rapides.

Dans une société où il est très difficile de changer les êtres, les traditions, les conceptions, les idées où l’avenir s’inspire du passé, des mouvements puissants de progrès se feront attendre.

Si les visions politiques ne misent pas sur les jeunes, n’envisagent pas des programmes scolaires qui favorisent l’esprit critique, qui poussent à l’esprit d’initiative, qui donnent accès aux langues étrangères, qui épurent le regard de l’apprenant dès son plus jeune âge des préjugés inoculés sur les autres, le génie ne s’exprimera pas.

Notre pays est dans une impasse. Pour plusieurs raisons. La plus importante est l’absence d’une vision d’avenir sociale et politique qui rompra clairement et chirurgicalement avec tout ce qui n’est pas de nature à rendre l’être social libre dans sa pensée et dans ses entreprises. Socialement, on ne doit que construire.



II.

Un sommet arabe. Le énième. C’est bien de se réunir, de se concerter. Mais encore ?  Depuis toute jeune, j’entends parler de sommets arabes, où sont les grandes réalisations ? Ils se concertent sur quoi déjà ? Et nous, il est où notre apport ? Pourquoi n’est-on pas consulté ? Pourquoi ne pas envisager des think tank qui collecteraient des propositions, des idées, des projets ?

Tous ces pays arabes n’ont pas suffisamment d’argent pour peser sur l’échiquier mondial ? Ou n'ont pas suffisamment de conceptions ?

Est-ce toujours l’éternelle dépendance vis-à-vis de l’Occident en raison de son avancée scientifique, technologique, industrielle, numérique ?

Où sont leurs feuilles de route ? A propos de quelles questions au juste ?

Qu’en sera-t-il du Yémen où tous les jours des morts sont enregistrées ? Continuera-t-on à fermer les yeux ?

Et la Palestine ? 
Oui, cela fait 70 ans, on s’ennuierait sans cela.

Les crises semblent nécessaires, les foyers de tension allumés ça et là sont économiquement rentables, il faut bien vendre les armes, redistribuer les cartes géographiquement, préparer les descentes vers les lieux d’énergie, monter des groupes terroristes, écouler les drogues … Tout cela se prépare dynamiquement dans des bureaux feutrés par des compétences en gris anthracite.




III.

Un pays en retard dans sa pensée. Des femmes données en exemple, qui baissent les yeux. Regarder le passé est très doux. C’est aussi tellement moins engageant. Surtout. Des neurones en panne, en dysfonctionnement ou qui n’ont jamais été sollicités.

Les jeunes fréquentent l’école, ça leur fait de la route et des rires bien idiots. On continue à apprendre par cœur, quelquefois, sauf quand l’antisèche est possible, et après on oublie tout. On apprend en vrac on ne sait quoi. Le système scolaire ne change pas, c’est difficile, nous n’avons pas les moyens et puis par où faudrait-il commencer ? Bon envisageons des classes-tablette, c’est moderne.

Au XXIème siècle, on continue à croire aux miracles. Oui un bâton a transformé une rivière en terre et un enfant est venu au monde de père fantomatique. Bien sûr, il y a très longtemps. Mais aujourd’hui alors, pourquoi il n’y a plus rien de tel ? Ah c’est le temps de l’observation.

Et la pensée rationnelle ? Et la perception des choses ? C'est-à-dire que je vais focaliser sur ce que mes sens ne captent pas. C’est bien cela ? Parce que je suis insuffisant.

Et pourquoi irais-je laisser de côté ce que je peux percevoir via mon potentiel sensoriel pour me fixer sur l’invisible ? Ou les relations d’antan ? Les mythes d’antan. Pourquoi ?

Ma seule vérité est ma personne, mes sens, ma conscience, mon inconscience, mes captations visuelles, auditives, spirituelles, ici et maintenant. J’ai aussi les possibilités diverses d’étirer mon potentiel réflexif, intellectuel, de le développer, de l’amplifier et de le rendre concret en d’infinies réalisations. Au lieu de cela, je regarderai derrière.

Ma pensée, mon évolution, ma correction de ma personne et de ce qui en découle relèvent de mes capacités physiques et surtout intellectuelles, au lieu de cela, je sacralise mes trisaïeux.

Je peux gérer, pour peu que je l’apprenne ou que je le possède en moi de par ma sensibilité aux choses, jusqu’à mes émotions. Non « l’âge d’or » est au passé mais aussi tous les mythes qui continuent aujourd’hui à gonfler dans la tête des moins libres et des moins futés d’entre nous.

Aujourd’hui, les Chinois construisent en Afrique et ailleurs, des échangeurs, des ponts gigantesques là où le citoyen lambda n’a pas su tirer profit de son cerveau ni de ses dix doigts. Ils construisent sans le bâton magique. Ils construisent chez eux depuis des milliers d’années dans des conditions impossibles devenues possibles par le Génie de l’Humain.

Les Textes ont servi, servent à faire taire le grand nombre parce que le monde appartient toujours à une poignée. Peut-être que l’espoir serait d’élargir la poignée.