Belle Didon
La Faucheuse est détestable. Elle est fourbe, sournoise et injuste.
Et puis, les jeunes qui désertent sans crier gare, quel gâchis ! Qu’ils soient proches ou pas. Qu’ils soient justes ou pas. Qu’ils soient souriants ou pas. Qu’ils soient nourris de tendresse ou pas.
Nous sommes le creuset de plein de déboires.
De tout plein d’incompréhension et de maux endurcis, indécrottables.
Nous portons tous en nous, dans la pudeur, ou dans la honte, un enfant heurté, ou fort heurté, ou malmené, ou carencé de mille manières, ou marqué au fer rouge ... Et quand la résilience fait des siennes, s’y empilent les laideurs de tous les jours, les vides, les carences, les psychés à l’étain rapiécé …
Pourquoi cette sourde rage devant l’inéluctable ?
Pourquoi ce sentiment d’injustice ?
Pourquoi ces abysses thymiques ?
Le goût de l’insuccès, de l’impossibilité de structurer. Les êtres cassés. Sous les couches, il y a les fines couches et puis, il y a l’infime, emmuré. Respect.
Les êtres à la psyché chaotique ferment, referment, tournent à triple tour, se barricadent. « Ma forteresse lacérée est mon bastion, ma citadelle, mon retranchement. Mon lieu de pleurs fiers et dignes. Et je me remets debout et j’avance dans la vie avec mes cris d’enfant balloté, mes cris intra-muros. »
Quelle puissance !
Quelle fragilité saisissante !
Explosif.
Voilà.
Les écorchés-vifs sont sublimes, beaux, élégants, majestueux et profondément ancrés dans la douleur. Les écorchés-vifs : des enfants heurtés puissamment, aux yeux interrogateurs.
Non, on n’a pas le droit de faire mal à l’Enfant.
Il faudra des tribunaux intransigeants.
Afin de dessiner des sourires et d’adoucir les maux d’hier.
On se croit seul au monde. Pourtant, il y a bien plus de peine que de rires. Sauf que la force des rires est exponentielle.
J’écris une hyper-sensibilité héritée, à l’encre des émotions. Piètre héritage, bien que le praticien flatte en posant le terme intelligence émotionnelle. Et faire mine de découvrir et d’y croire.
À l’autre bout du monde, une petite voix très très chère ordonna de mettre le holà.
- Tu vantes la résilience depuis 20 ans. Elle est où la tienne ?
( Rires humides )
Philosophie de vie, en réalité. L’existentialisme est un humanisme. L’humanisme, une main ouverte, tendue vers l’autre, en peine, ou dans l’excès, ou en morceaux, ou encore à terre …
Autrement, quelle signification donner à cette étrange traversée ?
Quelle en est l’utilité ? La finalité ?
Où serait sa beauté ?
Où puiser la passion ontologique ? Élixir des êtres de don de soi.
Une petite beauté ébouriffée, toutes griffes dehors, insolente et rebelle, aux dimensions de sa sensibilité exacerbée. Des portes fermées, des silences imposés, des êtres-majeurs fantasques, fourbes, tantôt ici, tantôt absents … à s’amuser à creuser l’autre.
Érigeons des Tribunaux afin de récolter les larmes d’enfants en douleur, parce que l’incompréhension a des dimensions démesurées et les épaules sont frêles.
Des Tribunaux pour dessiner des sourires exponentiels sur les visages d’enfants.
Afin qu’ils puissent courir et rire, les cheveux au vent, le genou en avant, dans le tourbillon de l’Être, dans le rêve de l’Existence.
Une étoile au firmament, gris aujourd’hui.
Partie aux quatre vents.
Dans l’oubli du temps long restant.
Son dû pourtant.
5 septembre 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire