- Dans l’absolu, rien ne nous est imposé. Que voulez-vous que je vous dise ? Si plus rien ne vous unit, pourquoi prolongez-vous ce qui s’apparente à un calvaire ?
Le regard social existera toujours, dans tous les cas. Pourquoi en faites-vous une priorité ? Le tabou, évidemment. N'est-ce pas ?
Les vraies questions sont les suivantes : Êtes-vous indépendante financièrement ? Êtes-vous autonome ? Êtes-vous prête à vivre seule ? Un homme est-il indispensable à votre vie ? Votre psyché, votre miroir intérieur est-il suffisamment solide pour accueillir un changement radical de votre vie ?
Et puis, vous dites supporter cet « être de trahison » depuis pas moins de trois décades ? Pourquoi ? Et pourquoi est-ce lancinant aujourd’hui ?
Vous parlez de haine. Soit, vous la remplacez par l’indifférence et vous continuez une route entamée aux trois-quarts, comme vous disiez. Et vous arrêtez de vous harceler et de le harceler. Soit, vous continuez à vouloir souffrir.
Maintenant, demander à votre aide de le masser n’est pas un viol avéré ni n’est infidélité un bonjour à la voisine, aussi mielleux soit-il.
Tout en lui répondant, la psy observait ses expressions faciales, jusqu’aux moindres. Elle voyait le naufrage émotionnel, un mélange de désarroi, de peur, de colère, de haine, d’yeux interrogateurs … Un bouillon émotionnel. C’était le moment de dédramatiser.
- Et puis, franchement, tout cela est-il si grave que cela ? Considérez-le comme un étranger et ça fera baisser toutes les tensions. Focalisez sur le positif qu’il a en lui. Il doit bien y en avoir. Et puis, faites ce que vous aimez. Concentrez-vous là-dessus. Arrêtez de faire focus sur la personne, sur la vie à deux. Plus de trois décades, dites-vous ? Il y a d’autres choses dans la vie, si vous aimez vivre. Éloignez-vous de tout ce qui vous gêne.
Elle réfléchissait.
- J’aime la stabilité et je ne l’ai jamais eue.
- Votre stabilité peut se faire avec vous-même, si vous vous y mettiez ou avec une autre personne. Laquelle préférez-vous ? Choisissez. Et puis, je vous le répète, il y a bien pire dans la vie que le simple fait de vivre avec un homme glissant.
Elle quitta. Pensive. Il restait une source de revenus. Pour le reste, elle ne savait pas décider ni trancher.
En réalité, elle voulait un schéma familial qui convenait à la société, celle dans laquelle elle vivait. Un couple heureux, se tenant par la main devant tous et se déchiquetant dans l’intimité. Elle parlait mielleusement en société, lui faisait des regards langoureux et, lui, suivait docilement jusqu’à l’opportunité où, seul, il tentera de voler des instants à lui et d’être dans la malhonnêteté, joyeusement.
Des couples en mauvaise santé, où l’estime de l’autre était manquante, où la marge personnelle était inexistante, où la femme écrasait - ou inversement - et où l’homme relevait la tête une fois seul, par perversion. Ou encore des couples en franche détestation qui continuaient pour un bien en commun ou encore des désunis complets qui ont choisi des voies autres et qui croupissaient sous le même toit pour des raisons financières ... Désolation complète.
Triste institution que le mariage quand les choses, la vie, en arrivent à un tel degré de laideur et d’interdépendance pathologique. Ce n’était même pas le pire, il y avait aussi l’ennui profond, la tristesse, le dégoût de l'autre, la haine, l’incapacité d’agir afin de se libérer du joug de la bien-pensance ...
Pas si étrange que cela l'histoire de Lady Lou, celle de nombreux couples qui ont peur de la solitude, par-dessus tout. Son sourire d'antan devint un rictus malgré ses efforts de fabrication.
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